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Elle entreprit donc un dépla<strong>ce</strong>ment latéral, une chose bien plus ardue que l’escalade elle-même par<strong>ce</strong><br />
qu’elle ne disposait plus de l’angle droit pour s’aider, jusqu’à <strong>ce</strong> qu’elle pense se trouver sous l’une des<br />
ouvertures. Elle tordit à nouve<strong>au</strong> le cou, ses griffes avaient du mal à rester accrochées. Oui ! Il y avait<br />
bien une ouverture, mais la difficulté était qu’elle était trop h<strong>au</strong>te pour qu’elle puisse l’atteindre sans<br />
lâcher les deux mains, <strong>ce</strong> qui ne manquerait pas de l’envoyer choir tout en bas.<br />
Elle regarda entre ses jambes. Sa nouvelle robustesse lui permettrait peut-être de survivre à la chute,<br />
mais pas d’échapper à une grave blessure qui l’empêcherait alors de s’abriter du soleil. Aucune<br />
importan<strong>ce</strong>. Elle devait prendre le risque. Elle n’avait plus le temps d’établir un nouve<strong>au</strong> plan.<br />
Elle se plaqua <strong>au</strong>tant qu’elle put contre le mur et chercha les appuis les plus solides pour ses pieds,<br />
puis elle se tassa comme une araignée et se jeta en arrière et vers le h<strong>au</strong>t.<br />
Elle jaillit de sous l’ombre des créne<strong>au</strong>x et chercha l’ouverture qu’elle avait vue. Elle était là. Elle<br />
lança un bras et put s’y agripper. Les bords étaient rendus glissants par de la mousse et l’e<strong>au</strong> résultant de<br />
la fonte de la neige, ses doigts glissèrent, mais ses griffes lui permirent de s’accrocher. Elle se retrouva<br />
pendue dans le vide, son corps se balançant légèrement, les pieds battant l’air.<br />
Suspendue par une seule main, elle s’émerveilla elle-même de <strong>ce</strong>s nouvelles capacités apportées par le<br />
baiser de Krieger. Elle ressentait bien son propre poids tirer sur son bras, mais elle se sentait<br />
parfaitement capable de tenir et n’éprouvait pas la moindre peur de tomber. Elle était en fait presque<br />
<strong>au</strong>ssi à l’aise que si ses pieds avaient touché le sol.<br />
Elle écouta <strong>au</strong> cas où des gardes approcheraient. Il y avait des bruits de voix et de pas un peu plus loin<br />
sur sa droite, mais personne directement <strong>au</strong>-dessus d’elle. Elle ne ressentait pas non plus la proximité<br />
d’un cœur battant. C’était maintenant.<br />
Elle se tira vers le h<strong>au</strong>t d’une seule main et tendit l’<strong>au</strong>tre pour attraper le rebord des créne<strong>au</strong>x, puis se<br />
souleva ensuite avec facilité sur le mur, puis sur le chemin de ronde où elle s’accroupit dans l’ombre<br />
pour écouter et regarder. Les voix sur sa droite se rapprochaient et elle aperçut les silhouettes de deux<br />
lanciers en uniformes noirs de la garnison de Nuln marcher lentement dans sa direction sur le chemin de<br />
ronde.<br />
Elle se pencha <strong>au</strong>-dessus de la partie intérieure du mur et se rendit compte que les préc<strong>au</strong>tions prises à<br />
l’extérieur n’avaient pas été suivies de <strong>ce</strong> côté-ci. Les bâtiments du district K<strong>au</strong>fmann, avec leurs<br />
élégantes colonnes et arcades, avaient été bâtis tout près du mur, seulement séparés de lui par une étroite<br />
allée et leurs toits recouverts de neige montaient presque jusqu’à mi-h<strong>au</strong>teur de l’en<strong>ce</strong>inte.<br />
Ulrika sourit. Voilà qui lui convenait parfaitement. Elle se détendit comme une grenouille, bondit du<br />
chemin de ronde pour atterrir de la manière la plus discrète possible sur les tuiles enneigées.<br />
Elle ne fut pas totalement silencieuse et les voix des gardes lui parvinrent.<br />
—C’était quoi ?<br />
—Un chat, peut-être ?<br />
Ulrika remonta la pente glissante et se cacha derrière une cheminée de grosses briques, puis elle resta<br />
là alors que s’approchaient les pas.<br />
—Ça devait être un gros chat, alors, reprit le premier garde. T’as entendu le bruit qu’il a fait ? Et<br />
regarde la neige ! Quelque chose a grimpé par là !<br />
—Peut-être, mais c’est passé où ? demanda le second. Je vois rien du tout.<br />
—Moi non plus, mais on ferait mieux de signaler ça. On passera pour des rigolos si c’est rien, mais on<br />
passera pour bien pire dans le cas contraire.<br />
—Ouais. Allons-y.<br />
Ils repartirent vers la g<strong>au</strong>che et Ulrika put soupirer.<br />
—Vous passerez pour des rigolos dans les deux cas, dit-elle pour elle-même.