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Elle baissa les yeux pour s’assurer qu’ils suivaient toujours les traces, puis s’arrêta soudain. Elles
n’étaient plus là ! Elle se retourna, ils venaient juste de passer devant une échelle.
—Attendez ! dit-elle avant de repartir en arrière.
—Que se passe-t-il ? demanda Holmann.
Elle examina les échelons. Oui, quelqu’un avait grimpé par là tout récemment, et elle pouvait même
sentir l’odeur de girofle. Elle leva les yeux vers le conduit circulaire, la plaque avait été poussée de côté,
tout comme celle par laquelle elle était entrée. Elle fut sur le point d’avertir le templier que leur proie
avait regagné la surface quand elle aperçut la teinte grise du ciel. Elle se crispa, terrorisée. L’aube
approchait. Que devait-elle faire ?
Elle ne pouvait pas suivre la piste de l’inconnu en plein jour, cela l’enflammerait comme une allumette.
Pourtant, si elle s’éternisait dans les égouts, il lui faudrait attendre là toute la journée suivante avant de
pouvoir retourner auprès de Gabriella dans la demeure du maître de guilde. Elle ne pouvait attendre
autant. Il lui fallait y retourner immédiatement et raconter à la comtesse ce qu’elle avait découvert. Mais
quelle excuse allait-elle donner à Holmann sans éveiller ses soupçons ? Elle ne pouvait pas paraître
abandonner une poursuite alors qu’elle lui avait annoncé être elle-même une chasseuse de vampires. Bon,
bien sûr, elle pouvait simplement le tuer, mais elle avait promis qu’elle ne le ferait pas. Il lui fallait
trouver une raison crédible pour qu’ils se séparent.
Elle en avait une.
—Il semble qu’il soit monté par cette échelle, dit-elle en se tournant vers Holmann. Mais je pense que
c’est peut-être une feinte pour nous entraîner sur une fausse piste. Regardez là.
Elle le dépassa en désignant un endroit plus loin dans le tunnel. Il n’y avait aucune empreinte hormis les
leurs, mais Holmann n’y voyait pas assez pour le savoir.
—Vous voyez, il semble que ses pas continuent de suivre ce tunnel eux aussi.
Holmann hocha la tête, comme s’il voyait réellement ce que lui montrait Ulrika.
—Très intelligent. Donc, il poursuit bel et bien dans le tunnel ?
—Je n’en suis pas certaine, répondit Ulrika.
Elle revint à sa hauteur, frissonnant presque à cause d’une telle proximité. D’aussi près, elle pouvait
sentir le sang qui courait dans ses veines et entendre les battements de son cœur, et la faim se rappela à
elle comme un feu dans son ventre. Elle repoussa tout cela avec difficulté. Il leur fallait se séparer le plus
rapidement possible.
—Bien, je suppose que nous allons devoir nous séparer. Puisque vous avez une lanterne, vous allez
suivre le tunnel, je vais passer par les rues.
Holmann approuva d’un signe de tête.
—Très bien. Mais comment allons-nous nous retrouver ?
J’espère que nous ne nous retrouverons pas, se dit Ulrika. Je ne sais pas si je pourrai me contenir, la
prochaine fois.
—Convenons d’un lieu de rendez-vous, proposa-t-elle. Je vous attendrai là-bas.
Le chasseur de sorcières se frotta le menton.
—L’Arsenal, dans l’Halbinsel. C’est une taverne. Vous la connaissez ?
—Je trouverai, répondit Ulrika en posant un pied sur le premier échelon. Bonne chasse, templier
Holmann.
Et elle grimpa à l’échelle pour se retrouver sous le ciel gris annonçant l’arrivée de l’aube et se mit à
courir, tentant d’échapper au soleil et fuyant sa faim.
Ulrika se maudit elle-même alors qu’elle courait dans les rues de la cité en plein éveil. Pourquoi avait-