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CHAPITRE SEPT
CHASSEURS DANS LA NUIT
Ulrika se plaqua contre la paroi. L’homme se tenait de l’autre côté du bassin, tenant bien haut sa lanterne
et pointant son pistolet dans sa direction. Un frisson de peur lui traversa l’échine. Un chasseur de
sorcières ! Et il savait qui elle était !
—Reste où tu es, monstre !
Ses premiers instincts la poussèrent à s’enfuir, car elle ne voulait pas laisser s’échapper sa mystérieuse
proie, mais la perspective de prendre une balle d’argent dans le dos n’était pas plus engageante. Elle
envisagea ensuite de tuer l’importun et de le jeter dans le bassin. Ou mieux, de le saigner à blanc, le tuer,
puis le jeter ensuite dans le bassin. Cette chasse avait titillé son appétit et elle brûlait de se nourrir.
Elle se souvint de l’ordre de la comtesse Gabriella de ne tuer personne à moins d’être dans le plus
grand danger et de ne pas se nourrir avant d’être rentrée. Il ne serait de plus pas très malin de saigner à
blanc un chasseur de sorcières alors que la cité était au bord de la panique. Même si son corps n’était pas
retrouvé, il serait porté manquant et la suspicion ne ferait qu’enfler. Non. Elle ne pouvait pas le tuer, pas
plus qu’elle ne pouvait fuir. Quelle autre option lui restait-il ? Si l’homme savait déjà qu’elle était une
vampire, elle ne pouvait pas le laisser vivre. Mais était-ce vraiment le cas ?
L’inconnu faisait doucement le tour du bassin en empruntant les différentes passerelles qui enjambaient
les canaux, levant bien haut sa lanterne pour assurer chacun de ses pas. S’il y voyait aussi peu, comment
était-il parvenu à l’identifier avec autant de facilité ? Peut-être n’avait-il fait que bluffer.
Elle força au prix d’un grand effort ses instincts animaux à refluer et ses crocs et ses griffes à se
rétracter. Peut-être se trouvait-elle dans l’une de ces situations dans lesquelles ces tactiques prônées par
la comtesse fonctionnaient mieux, dans lesquelles il lui fallait faire les choses à la manière des
Lahmianes. Elle fronça les sourcils, s’imaginant mal jouer à la jeune fille en détresse ou montrer ses
cuisses comme une fille de joie. Jamais elle n’avait séduit un homme de la sorte, ce n’était pas dans sa
nature. N’avait-elle pas courtisé Félix dans des duels à l’épée et des joutes verbales ?
Le chasseur de sorcières traversa la dernière passerelle et il leva sa lanterne pour l’examiner, sans que
jamais son pistolet ne se détourne de son cœur.
—Une femme ! s’écria-t-il avant de lui jeter un coup d’œil suspicieux. Montre-moi tes dents, monstre !
—Messire, je vous assure que… commença Ulrika.
—Tes dents ! la coupa-t-il, le pistolet dévia vers son front.
Après un soupir, Ulrika lui fit un sourire aussi large qu’elle put, lui montrant ses canines rétractées.
—Aaaaah ! Êtes… êtes-vous un chasseur de vampires, messire ? parvint-elle à lui demander en gardant
la bouche grande ouverte.
—C’est moi qui pose les questions ! riposta-t-il en se penchant pour regarder l’intérieur de sa bouche.
Ulrika constata alors la jeunesse de l’homme, à peine plus de vingt ans, d’une tenue impeccable et
sévère, avec un regard gris et féroce et une mâchoire carrée. Une large ceinture à boucle de cuivre portait