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pu soulever <strong>ce</strong>tte lourde plaque tout seul. Des compli<strong>ce</strong>s devaient l’avoir attendu. Elle huma l’air.<br />

L’odeur de mort était plus forte, mais <strong>ce</strong>lle de l’homme était claire, avec sa sueur et <strong>ce</strong> parfum de girofle.<br />

Une sorte de monstre mort-vivant s’était-il occupé de pousser <strong>ce</strong>tte plaque ? Était-il toujours en bas ?<br />

Elle regarda dans le trou et n’y vit rien d’<strong>au</strong>tre que des parois de briques et une échelle de fer, ainsi<br />

que le miroitement graisseux du canal des égouts en dessous. D’éventuels assaillants <strong>au</strong>raient pu s’y<br />

dissimuler, juste hors de vue. Peut-être allait-elle se fourrer elle-même dans la gueule du loup.<br />

Elle ricana. Parfait ! Elle était bouillonnante ! Après <strong>ce</strong>s journées à rester assise et à discuter, elle<br />

voulait un peu d’action. Une fois qu’elle leur <strong>au</strong>rait réglé leur compte, elle traînerait la mystérieuse souris<br />

jusqu’à Gabriella et <strong>ce</strong>lle-ci s<strong>au</strong>rait quoi en faire.<br />

Elle se laissa littéralement tomber dans le trou, ses pieds et ses mains touchèrent tout juste les échelons<br />

et elle atterrit l’épée déjà en garde sur l’étroit et glissant passage qui longeait le petit canal. Aucune<br />

embuscade ne l’y attendait. Elle s’y retrouva seule et la puanteur des égouts était si forte qu’elle masquait<br />

totalement l’odeur de l’homme. Elle regarda à droite et à g<strong>au</strong>che. Le tunnel faisait une légère courbe et<br />

<strong>ce</strong>la l’empêchait de voir très loin, mais elle perçut sur sa g<strong>au</strong>che des bruits de pas précipités qui<br />

s’éloignaient. Elle se tourna dans <strong>ce</strong>tte direction et s’élança de sa démarche silencieuse.<br />

Elle franchit la légère courbe et ses yeux de chat lui permirent de retrouver la silhouette rondouillarde<br />

qui s’enfuyait plus loin. Il semblait boiter bas, comme s’il avait un point de côté, et elle entendait sa<br />

respiration oppressée. Elle grimaça, montrant ses crocs. Petite souris, se dit-elle, tu t’es jetée toi-même<br />

dans <strong>ce</strong> labyrinthe.<br />

Il franchit une étroite passerelle enjambant le canal et se dirigea vers une salle hexagonale entourant un<br />

bassin de décantation large d’<strong>au</strong> moins vingt pas, chaque paroi de la salle donnant dans un nouve<strong>au</strong><br />

tunnel. Elle gagnait du terrain. Le petit homme regarda par-dessus son ép<strong>au</strong>le et se mit à agiter les bras<br />

avant de trébucher. Ulrika se demanda s’il n’avait pas été victime d’une sorte de malaise et elle accéléra<br />

sa course en espérant qu’il n’était pas en train de succomber, ou pire, qu’il n’était pas tombé dans le<br />

bassin. Il fallait le questionner et elle ne voulait pas avoir à le tirer de l’immonde bouillasse.<br />

Elle le retrouva en train de se relever à l’entrée d’un tunnel à dix pas d’elle, puis, <strong>au</strong> lieu de chercher à<br />

s’y engouffrer dans une vaine tentative de lui échapper, il se retourna, inspira bien à fond, et cria<br />

d’étranges paroles.<br />

Ulrika se masqua les yeux lorsqu’une explosion de lumière rouge aveuglante entoura soudain l’inconnu.<br />

Elle s’arrêta net près du bord et se mit immédiatement en garde, <strong>au</strong> cas où il s’agirait d’une attaque, mais<br />

rien ne se produisit. Elle ne per<strong>ce</strong>vait <strong>au</strong>cune odeur de magie, pas plus que son corps ou son âme en train<br />

d’être déchiré.<br />

Elle cligna des yeux lorsque la lumière s’évanouit et regarda <strong>au</strong>tour d’elle. Malédiction, la souris<br />

s’était échappée. Mais où ? Elle se redressa et regarda vers le bassin, craignant que l’homme s’y soit<br />

jeté, mais elle ne vit ni bulles ni remous. Elle s’approcha de l’entrée des tunnels en tentant de per<strong>ce</strong>voir<br />

une piste olfactive.<br />

Une fois de plus, les odeurs des égouts masquaient toutes les <strong>au</strong>tres, mais elle crut entendre des bruits<br />

dans l’un des tunnels sur sa g<strong>au</strong>che. Elle se dirigea vers l’entrée et écouta à nouve<strong>au</strong>. Elle avait eu raison,<br />

il y avait en effet les échos d’une démarche déséquilibrée, mais elle ne parvenait pas à aper<strong>ce</strong>voir<br />

l’homme. Elle hésita pourtant. Ce n’était pas l’obscurité qui l’empêchait de le distinguer. Elle pouvait<br />

voir à une bonne <strong>ce</strong>ntaine de pas à l’intérieur de <strong>ce</strong> tunnel et il semblait vide, alors que les pas lui<br />

semblaient venir de plus près. L’homme s’était-il rendu invisible ? Il semblait bien que <strong>ce</strong> soit<br />

l’explication. Elle grogna. L’affaire se compliquait. Aucune importan<strong>ce</strong>, il lui restait ses oreilles et elles<br />

étaient bien plus fines que <strong>ce</strong>lles d’un humain ordinaire.<br />

Un bruit dans son dos la fit se retourner, le raclement d’un talon sur la brique. La lueur d’une lanterne

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