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—Nous sommes parfaitement capables de gérer ces difficultés nous-mêmes, répondit Hermione
froidement.
—Ma sœur, soupira Gabriella. Je ne serais pas venue ici si je n’en avais pas reçu l’ordre. Je ne fais
qu’exécuter les souhaits de la reine. Je peux vous assurer que je partirai une fois la situation redevenue
normale. Je n’ai aucune ambition concernant cette cité. Maintenant, s’il vous plaît, plus tôt nous
commencerons, plus tôt je serai partie.
Hermione plongea son regard dans le feu durant de longues secondes, puis elle hocha la tête.
—Très bien, je vais vous raconter. Tout a commencé il y a un mois. Dame Rosamund était allée au
théâtre en compagnie de son amant, un pourvoyeur, le général Steffan von Odintaal, l’un des conseillers
militaires de la comtesse von Liebwitz et, par l’entremise de Rosamund, l’un des nôtres aussi. Ils se sont
séparés à la fin de la représentation, lui pour se rendre à son club, elle pour regagner sa demeure.
Hermione serra ses mains l’une dans l’autre avant de poursuivre.
—Sur le chemin du retour, elle fut agressée, je n’ai pas la moindre idée par qui, mais cet être était
assez puissant pour la vaincre et mutiler son corps d’une manière horrible.
—Il n’y a pas eu de témoins ? demanda Gabriella.
—Aucun que nous n’ayons pu découvrir, répondit von Zechlin depuis l’autre bout de la pièce.
Gabriella hocha la tête, mais son expression laissait deviner qu’elle doutait que le champion
d’Hermione ait cherché du mieux qu’il le pouvait.
—Ensuite ? demanda-t-elle.
—Rosamund a été retrouvée pendue au Deutz Elm sur la Reik Platz quelques heures avant l’aube,
poursuivit Hermione. Ses crocs et ses griffes étaient sortis, comme si elle avait succombé en pleine
frénésie sanguinaire. Malheureusement, elle fut retrouvée avant les premiers rayons du matin et son corps
fut descendu dans une cellule du Donjon de Fer, à l’abri du soleil. Son visage était parfaitement
reconnaissable et elle a été identifiée.
—Et ensuite ?
—Tout le monde la connaissait, c’était l’une des personnes les plus en vue à la cour de la comtesse von
Liebwitz. Le scandale fut immédiat. Les chasseurs de sorcières allèrent arrêter son amant, le général.
—A-t-il parlé ?
Hermione secoua la tête.
—Nous avons un contact parmi les gardiens. Il a pu l’empoisonner avant qu’il ne soit soumis à la
question.
Gabriella sembla soulagée.
—Que s’est-il passé ensuite ?
—Une véritable panique, répondit Hermione. Les crieurs de rue se sont emparés de l’affaire. Tout le
monde à la cour a commencé à suspecter les autres d’être des vampires. Les dames prirent l’habitude
d’emporter des petits miroirs avec elles et décidèrent de se réunir en plein jour. Et comme si cela ne
suffisait pas, des gens se sont mis à disparaître à travers toute la ville. Riches, pauvres, de toute
provenance. Bien entendu, les vampires furent suspectés.
—Et était-ce fondé ? demanda Gabriella. Les victimes avaient-elles été saignées à blanc ?
—Aucune n’a été retrouvée, laissa tomber Hermione. Les chasseurs de sorcières ont retourné la ville
de fond en comble. Cette affaire était devenue tellement ingérable que je me suis retirée à la campagne, à
Mondthaus, en prétextant la maladie.
—Avez-vous informé la reine ?
—Karlotta l’a fait, répondit Hermione.
Pour Ulrika, elle avait un peu perdu de ses airs de grande dame, elle ressemblait plus à une créature