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Hermione se tourna vers Gabriella et leva le menton.
—Bien, puisque vous êtes là, j’imagine que je dois vous présenter ma maisonnée. Elle tendit un bras
vers le groupe de dandys. Le seigneur von Zechlin, mon champion, et ses hommes. Les plus fines lames
de l’Empire.
—Pour vous servir, madame, répondit von Zechlin avec une courbette.
Rodrik marmonna une remarque sur le fait qu’ils n’étaient probablement pas les meilleures lames
présentes dans la pièce, mais Ulrika se dit que les hommes ne devaient pas l’avoir entendu.
Hermione se tourna ensuite vers Otilia.
—Ma gouvernante, Otilia Krohner, que vous connaissez déjà et… Elle posa une main sur l’épaule de la
jeune fille blonde et l’invita à s’approcher d’un pas. Et voici la demoiselle Famke Leibrandt, ma…
protégée.
La fille adressa à Gabriella et Ulrika un petit sourire timide, puis elle prit ses robes à deux mains et fit
une révérence.
—Je suis à vos services, maîtresses, dit-elle. Soyez les bienvenues dans notre humble demeure.
Ulrika fronça les sourcils. Dame Hermione se comportait avec cette fille comme avec un animal
domestique. S’agissait-il d’une sorte de pourvoyeuse de sang favorite ? Non, elle l’avait appelée sa
protégée. Elle était une vampire ! Elle était pour Hermione ce qu’elle-même était pour Gabriella. Mais
pourquoi se montrer aussi suffisante ? Hermione voulait-elle se mesurer à Gabriella en matière de
pupilles ? Cette pensée arracha un léger grognement à Ulrika.
Gabriella répondit par une même révérence et fit un geste en direction de Rodrik et Ulrika.
—Et permettez-moi de vous présenter Rodrik von Waldenhof, héritier du Waldenschlosse, mon
champion et chevalier hors pair, et la boyarina Ulrika Magdova Straghov de Kislev, ma protégée.
Rodrik exécuta une courbette et fit claquer ses talons d’une manière bien militaire, mais Ulrika, vexée
de se trouver l’objet d’une sorte de démonstration, et confuse par autant de saluts et autres civilités, tenta
d’abord de s’incliner, puis de faire une révérence, pour finalement rater l’une et l’autre et manquer de se
retrouver à quatre pattes sur le tapis.
Elle parvint tout juste à se rattraper et aperçut le sourire d’Hermione se transformer en une grimace
condescendante, attitude qu’elle faillit lui renvoyer avant de capter le regard de Gabriella sur elle, puis
elle accepta de baisser la tête en signe de soumission, laissant les longues tresses et la frange de sa
perruque dissimuler sa frustration.
—Vos amis sont à l’évidence épuisés par leur voyage, dit Hermione d’une voix de circonstance.
Retirons-nous donc vers le salon de musique où ils pourront se reposer un peu plus confortablement.
Gabriella sembla ne pas relever la moindre ironie dans cette invitation.
—Bien entendu, chère sœur.
Tout le monde fit mouvement à la suite des deux maîtresses et Ulrika remarqua le regard de Famke posé
sur elle. La fille tenta un sourire poli, mais n’y parvint pas et son regard ne put que trahir une hilarité
interne. Ulrika aurait aimé lui apprendre qu’on ne se moquait pas impunément d’elle, mais elle se surprit
elle-même à lui renvoyer son sourire alors qu’elles franchissaient épaule contre épaule la porte menant au
second salon, comme deux amies d’enfance.
Les lampes furent rallumées et le feu dans la cheminée ravivé, la comtesse Gabriella et Dame Hermione
prirent place près de l’âtre dans de luxueux fauteuils, Ulrika et Famke restèrent en arrière, Rodrik et les
gens d’Hermione se contentèrent de se fusiller du regard depuis des coins opposés de la pièce.
—Très bien, commença Gabriella. Racontez-moi tout. Comment tout ceci a-t-il commencé et quelle est
la situation actuelle ?