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dans le hall et Gabriella put refermer la porte. Elle soupira de soulagement. Ulrika put se détendre elle
aussi, elle s’était tenue prête à combattre dès qu’elle avait posé un pied dans cette maison.
Dame Hermione, cependant, ne semblait pas partager leur état d’esprit. Elle se tourna vers Gabriella.
—Espèce de sorcière ! lui lança-t-elle. Comment osez-vous prétendre venir à mon aide ?
—Prétendre ? interrogea Gabriella en levant un sourcil.
—J’avais la situation bien en main ! s’écria Hermione. J’aurais moi-même fini par accepter son test et
j’aurais utilisé le même stratagème, mais il fallait que je joue mon rôle de noble et que je proteste contre
les manières de ce rustre !
—Oh, bien sûr ! répondit Gabriella. Je comprends tout ! Je suis désolée, ma chère sœur. La prochaine
fois, je réfléchirai avant de venir à votre aide.
Hermione renifla, toujours aussi énervée.
—Vous n’entamez pas votre visite du meilleur pied, Gabriella. J’espère que vous me servirez mieux à
partir de maintenant.
—Je suis ici au service de notre reine, dit Gabriella. Si vous servir permet de la servir aussi, alors je
ferai au mieux.
Avant qu’Hermione ait pu répondre, Otilia entra dans le salon.
—Leur carrosse est parti, madame, annonça-t-elle avec une révérence. J’ai demandé à Gustaf de
s’assurer qu’ils n’avaient laissé aucun espion.
—Merci, Otilia, répondit Hermione. Vous avez très bien fait.
Otilia fit mine de se retirer, mais elle hésita, la main sur la poignée de la porte.
—Madame, êtes-vous certaine de ne pas vouloir vous retirer à la campagne jusqu’à ce que cette
histoire se calme ? Nous serons plus à l’abri des regards indiscrets à Mondthaus.
Hermione soupira.
—J’en serais ravie, Otilia, mais c’est impossible, répondit-elle. La reine verrait cela comme un
abandon de poste, mais je vous remercie.
—Bien sûr, madame.
La gouvernante se retira, mais avant qu’elle ait pu refermer la porte, un groupe de dandys la rouvrit et
pénétra dans le salon. Il s’agissait de jeunes hommes vêtus à la dernière mode de la cour, avec des
barbichettes et des moustaches parfaitement taillées. Leur chef était bronzé comme un Tiléen, mais ses
yeux étaient d’un bleu perçant.
—Ils n’auraient pas quitté cette maison vivants s’ils vous avaient menacée, madame, annonça-t-il avec
une main sur la garde de sa rapière.
Ulrika entendit Rodrik renifler depuis le pas de la pièce voisine.
—Quelle bande de rigolos, murmura-t-il.
Une troisième porte s’ouvrit, il s’agissait d’un panneau judicieusement dissimulé dans le mur de
gauche. Une jeune fille blonde au regard timide passa la tête.
—Ils sont partis ?
—Mon enfant !
Hermione changea d’expression en se dirigeant vers la porte secrète et elle tendit la main pour faire
entrer une personne de la beauté la plus exquise qu’Ulrika ait pu voir. Elle n’avait pas cette splendeur
sombre de la comtesse Gabriella, et n’avait pas la fraîcheur séduisante de Dame Hermione. Elle était
grande et mince, avec une peau claire et des cheveux blonds qui tombaient en cascades sur les manches
bouffantes de sa robe vert sombre. Elle avait la beauté d’une reine. Ce ne fut que lorsque Hermione
l’amena au centre de la pièce que le charme fut rompu, car elle se déplaçait avec une démarche gauche et
maladroite et un regard bas qui fit s’interroger Ulrika sur son âge réel.