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donnant sur le salon, elle perçut distinctement les voix à l’intérieur.<br />

—Prétendez-vous que vous ne connaissiez pas Dame von Andress et sœur Karlotta ? demanda une voix<br />

masculine.<br />

—Vous me faites dire <strong>ce</strong> que je n’ai pas dit, capitaine, répondit une femme. J’ai dit que je les<br />

connaissais <strong>au</strong>tant que d’<strong>au</strong>tres les connaissaient à Nuln. Elles avaient leurs entrées <strong>au</strong>près de la comtesse<br />

von Liebwitz, tout comme moi. Il <strong>au</strong>rait été impossible pour moi de ne pas les rencontrer, mais si vous me<br />

demandez s’il s’agissait d’amies intimes, ma réponse est non ! Je…<br />

La suite se perdit lorsqu’ils s’engagèrent dans le couloir, puis <strong>ce</strong>la revint lorsqu’Otilia les fit entrer<br />

dans une grande et élégante piè<strong>ce</strong> dont l’un des coins était occupé par un clavecin, un délicat<br />

ameublement bretonnien avait été déployé avec goût sur un large tapis d’Arabie <strong>au</strong>x reflets bleus, j<strong>au</strong>nes<br />

et blancs. Les murs et le plafond reprenaient les mêmes couleurs. Le décor était complété par quelques<br />

paravents bleu ciel bordés d’or et par un lustre de cristal suspendu <strong>au</strong> milieu. Faire le choix des couleurs<br />

du jour semblait bien incongru pour Ulrika, mais peut-être était-<strong>ce</strong> volontaire. C’était sans doute pour<br />

faire taire les suspicions. Dans <strong>ce</strong> cas, <strong>ce</strong> but ne semblait pas avoir été atteint, du moins à en juger par la<br />

discussion animée qui leur parvenait par les doubles portes de la piè<strong>ce</strong> attenante.<br />

La gouvernante se dirigea vers le premier chandelier, mais Gabriella l’arrêta d’une main.<br />

—Laissez-nous dans l’obscurité, souffla-t-elle avant de s’approcher des portes.<br />

Otilia répondit par une révéren<strong>ce</strong>, puis elle se retira, emportant sa chandelle avec elle.<br />

Ulrika rejoignit la comtesse près des portes, Rodrik resta en retrait. Les voix de l’<strong>au</strong>tre côté gardaient<br />

la même émotion.<br />

—Je trouve vos dénégations bien troublantes, madame, reprit l’homme. Je sais de plusieurs femmes de<br />

la cour que Dame Rosamund et vous étiez plutôt intimes et que vous lui rendiez visite régulièrement chez<br />

elle. Toutes <strong>ce</strong>s femmes mentent-elles ?<br />

—Elles font une montagne de rien du tout, lui fut-il répondu. Nuln n’est pas <strong>au</strong>ssi grande qu’Altdorf, les<br />

<strong>ce</strong>rcles soci<strong>au</strong>x sont bien plus restreints. Nous nous rendons sans <strong>ce</strong>sse chez les unes ou chez les <strong>au</strong>tres et<br />

je suis moi-même allée chez Dame Rosamund ni plus ni moins souvent que n’importe quelle <strong>au</strong>tre !<br />

—Ah… Mais vous êtes donc allée chez elle, et assez souvent, à <strong>ce</strong> qu’il semble.<br />

—Eh bien…<br />

—Vous avez dit « sans <strong>ce</strong>sse », n’est-<strong>ce</strong> pas ?<br />

—Oui, mais…<br />

Ulrika se rendit compte que Gabriella serrait les poings.<br />

L’homme poursuivit.<br />

—Vous prétendez <strong>ce</strong>pendant qu’à <strong>au</strong>cun moment durant toutes <strong>ce</strong>s visites vous ne vous êtes aperçue<br />

qu’elle n’avait pas de reflet ? Ni qu’elle ne se nourrissait ou ne buvait jamais ? Allons, je trouve <strong>ce</strong>la<br />

incroyable.<br />

—Mais il ne s’agissait pas d’une connaissan<strong>ce</strong> intime ! N’est-<strong>ce</strong> pas <strong>ce</strong> que j’ai dit ?<br />

—Vous niez et confirmez tout à la fois, madame. Je ne sais trop que penser. Je remarque <strong>au</strong>ssi qu’il n’y<br />

a <strong>au</strong>cun miroir dans <strong>ce</strong>tte piè<strong>ce</strong>.<br />

Il y eut une courte p<strong>au</strong>se, puis la voix de la femme revint, glacée.<br />

—Je ne suis pas si frivole, capitaine, <strong>au</strong> point de devoir me regarder chaque minute dans une gla<strong>ce</strong>. J’ai<br />

un miroir dans mon cabinet de toilette, <strong>ce</strong>la me suffit.<br />

—Ah ? Dans <strong>ce</strong> cas, peut-être pourriez-vous me le montrer…<br />

—Pardon ? s’offusqua la femme. Je n’ai pas pour habitude d’inviter des étrangers dans mon boudoir.<br />

Que je sois obligée de vous laisser entrer dans <strong>ce</strong> salon est déjà fort insultant. Si vous avez une<br />

accusation à porter, allez-y ! Dans le cas contraire, je vous prierais de prendre congé. Vous avez épuisé

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