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dans la société, mais je ne l’ai pas. Par conséquent, je te demanderai, ou même je te supplierai, de ne pas<br />
me mettre dans l’embarras. En particulier devant Dame Hermione qui, comme je l’ai mentionné, n’a que<br />
peu d’estime pour moi et utilisera n’importe quel prétexte pour me mettre en difficulté.<br />
Ulrika arbora une mine contrariée.<br />
—Je suis peut-être nouvelle dans <strong>ce</strong>tte société, maîtresse, mais je ne suis pas une paysanne. Je…<br />
Gabriella la fit taire d’un geste.<br />
—Oui, oui, je sais. Tu es la fille d’un boyard, née dans la noblesse… Mais comme tu l’as montré<br />
dernièrement, la différen<strong>ce</strong> est grande entre être une dame et se comporter comme telle.<br />
Ulrika inclina sa tête désormais coiffée de sa perruque, avec la raideur d’une rapière.<br />
—Je vais faire en sorte de ne pas vous dé<strong>ce</strong>voir, maîtresse.<br />
Dame Hermione vivait dans une grande bâtisse à trois étages du quartier Aldig, le secteur le plus huppé<br />
de la cité, dans lequel habitaient les nobles qui fréquentaient la cour de la comtesse Emmanuelle von<br />
Liebwitz. La demeure avait été construite dans un style tiléen, avec des colonnes torsadées encadrant la<br />
porte principale et des frontons de plâtre <strong>au</strong>-dessus de chaque fenêtre, chacun d’eux surmonté d’un<br />
chape<strong>au</strong> de neige. Un valet de pied en grande tenue trottina pour venir ouvrir la porte du carrosse pour la<br />
comtesse Gabriella et Ulrika, un <strong>au</strong>tre arriva pour rempla<strong>ce</strong>r Rodrik sur le siège du chariot. Ulrika<br />
remarqua alors qu’un <strong>au</strong>tre carrosse stationnait dans la cour. Il était rangé près de la double porte, ses<br />
cochers jetaient dans leur direction des regards appuyés.<br />
Gabriella ne leur porta pas la moindre attention et s’engagea sur les marches du large escalier. Ulrika<br />
et Rodrik la suivirent, les lourdes portes sculptées s’ouvrirent, une superbe femme portant une robe noire<br />
apparut et fit la révéren<strong>ce</strong>. Ses cheveux noirs avaient été tirés en arrière en un chignon serré et ses<br />
manières étaient <strong>au</strong>ssi rigides que sa tenue.<br />
—Soyez la bienvenue, madame la comtesse, dit la femme avec un ton poli. Nous attendions votre<br />
arrivée. Vos chambres sont prêtes, entrez, je vous prie.<br />
—Merci, Otilia, répondit Gabriella en franchissant le pas de la porte et en tendant son mante<strong>au</strong> à une<br />
servante qui attendait là. C’est bon d’être de retour à Nuln. Dame Hermione reçoit ?<br />
Otilia, qui d’après Ulrika devait être une sorte de gouvernante, fit une petite grima<strong>ce</strong> et regarda pardessus<br />
son ép<strong>au</strong>le, vers les portes du salon principal.<br />
—Vous arrivez <strong>au</strong> plus m<strong>au</strong>vais moment, madame, répondit-elle. Dame Hermione est en plein entretien<br />
avec le capitaine Meinhart Schenk des chasseurs de sorcières.<br />
Gabriella s’arrêta en entendant <strong>ce</strong>s mots et regarda les portes du salon, visiblement troublée. Ulrika<br />
pouvait comprendre <strong>ce</strong> qui la gênait. Même à Kislev parvenaient des rumeurs sur le fanatisme des<br />
chasseurs de sorcières impéri<strong>au</strong>x. On disait qu’ils brûlaient des villages entiers pour neutraliser une<br />
seule sorcière et faisaient pendre des gens <strong>au</strong> moindre soupçon de conniven<strong>ce</strong> avec les puissan<strong>ce</strong>s<br />
obscures. Ils étaient <strong>au</strong>-dessus de la loi et agissaient en toute impunité. Malgré la violen<strong>ce</strong> des mesures<br />
qu’ils pouvaient prendre, personne n’osait élever la voix pour s’en plaindre, principalement par peur<br />
d’être les prochains sur la liste. Si les chasseurs de sorcières étaient là, Dame Hermione pouvait avoir de<br />
sérieux problèmes. Les voix qui parvenaient de derrière les portes semblaient confirmer <strong>ce</strong>tte impression,<br />
car <strong>ce</strong> qui filtrait ne ressemblait pas be<strong>au</strong>coup à une conversation courtoise.<br />
—Je vois, dit Gabriella. Peut-être pourrions-nous dans <strong>ce</strong> cas passer par le salon de dessin en attendant<br />
qu’elle ait terminé. Il existe une porte entre les deux, n’est-<strong>ce</strong> pas ?<br />
—Tout à fait, madame, répondit Otilia en prenant une chandelle. Par ici, je vous prie.<br />
La servante ramassa les mante<strong>au</strong>x d’Ulrika et de Rodrik et tout le monde suivit Otilia qui les conduisit<br />
à travers le hall d’entrée vers une double porte un peu plus loin. Lorsqu’Ulrika passa devant <strong>ce</strong>lles