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CHAPITRE QUATRE<br />

DAME HERMIONE<br />

Le reste du voyage se déroula sans le moindre incident. En fait, <strong>ce</strong> fut tellement calme qu’Ulrika crut<br />

devenir folle. Jamais elle n’avait voyagé ainsi. Ils traversèrent une partie du Moot pour rejoindre<br />

Eicheshatten, où Gabriella, Rodrik, Lotte et elle embarquèrent à bord de la Reine de l’Aver, pendant que<br />

le reste des chevaliers et les cochers faisaient demi-tour pour retourner à Nachthafen. Puis Ulrika et la<br />

comtesse restèrent dans leur cabine durant six jours et six nuits, le temps que le bate<strong>au</strong> des<strong>ce</strong>nde le fleuve<br />

jusqu’à Nuln. Ils avaient parcouru presque deux <strong>ce</strong>nts lieues et Ulrika n’en avait rien vu !<br />

Il se produisit bien quelques événements à l’extérieur, elle entendait les chevaliers et les cochers<br />

s’affairer <strong>au</strong>tour du carrosse, per<strong>ce</strong>vait parfois les lointains hurlements des loups, et d’<strong>au</strong>tres plus<br />

étranges, mais depuis l’intérieur, avec les lourds ride<strong>au</strong>x tirés, elle n’avait rien pu voir durant le jour, et<br />

la nuit, il n’y avait rien à regarder hormis la neige et les arbres sombres. La cabine qui leur avait été<br />

attribuée à bord du bate<strong>au</strong> n’avait pas de hublots et, à plusieurs occasions, elle se demanda s’ils ne<br />

tournaient pas en rond et s’ils ne se rendraient pas compte en sortant qu’ils étaient toujours à leur point de<br />

départ. Elle ne pouvait s’appuyer sur <strong>au</strong>cun indi<strong>ce</strong> pour se persuader du contraire.<br />

Comment pouvait-on ac<strong>ce</strong>pter de voyager dans <strong>ce</strong>s conditions ? Enfermé dans une boîte, sans le<br />

moindre souffle de vent sur le visage et pas la moindre idée de <strong>ce</strong> qui se passait dans le monde <strong>au</strong>-delà de<br />

<strong>ce</strong>s quatre cloisons de bois. Elle avait grandi en chev<strong>au</strong>chant à travers les immenses étendues s<strong>au</strong>vages<br />

du nord et avait passé la quasi totalité de son existen<strong>ce</strong> à voyager. Elle aimait voir changer le paysage et<br />

regarder courir les nuages dans le ciel. Elle adorait sentir les parfums de la terre, de l’air et de l’e<strong>au</strong>.<br />

Elle aimait la pluie et la neige. Se retrouver ainsi, privée de toutes <strong>ce</strong>s sensations, lui semblait presque un<br />

blasphème.<br />

Grand fut son soulagement quand ils accostèrent enfin <strong>au</strong>x docks de Nuln et purent poser le pied sur<br />

l’appontement en bois, alors que le soleil venait juste de disparaître derrière les épais panaches de fumée<br />

qui s’échappaient des forges impériales <strong>au</strong> sud du fleuve.<br />

Ulrika connaissait la réputation de <strong>ce</strong>tte cité, on la considérait comme le cœur d’acier de l’Empire et<br />

elle avait pu à de nombreuses reprises rendre hommage <strong>au</strong>x fabricants de canons et <strong>au</strong>x artisans qui<br />

œuvraient dans ses forges, notamment lorsque les magnifiques piè<strong>ce</strong>s d’artillerie réalisées là avaient aidé<br />

à la défense de Praag ou de Kislev, et même des domaines de son propre père, mais elle n’avait jamais<br />

eu l’occasion de visiter <strong>ce</strong>t endroit. Alors qu’elle attendait en compagnie de Gabriella que Rodrik<br />

revienne avec un chariot et un carrosse de location qui devaient les transporter jusqu’à leur destination<br />

finale, sa première impression fut qu’il s’agissait d’une cité sombre, laide et poussiéreuse et qui<br />

empestait trop fortement le fer fondu, le charbon et la popula<strong>ce</strong> négligée. Même la neige était noire !<br />

Pourtant, c’était toujours mieux que de rester enfermée dans une cabine. Elle apprécia donc l’expérien<strong>ce</strong><br />

et se tourna fa<strong>ce</strong> à la brise qui remontait le large fleuve, puis contempla la foule de dockers, de marins et<br />

de poissonnières qui arpentait les débarcadères. Elle réalisa seulement alors que les bruissements de la

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