Télécharger ce livre au format PDF

faire des compliments acides et à inspirer la confiance à autrui sans donner la tienne à qui que ce soit. En
un mot, tu dois apprendre à être une femme.
Ulrika fronça les sourcils.
—Quel comportement détestable.
Gabriella accueillit cette remarque avec un petit sourire.
—Malheureusement, ce comportement détestable est la manière dont agissent les Lahmianes. Notre
force réside dans le fait que nous paraissons faibles. Nous nous frayons notre chemin en faisant semblant
d’acquiescer et gagnons avec un sourire ce qui ne pourra jamais l’être avec une épée.
—Alors, dans ce cas, je ne suis peut-être pas une Lahmiane, répondit Ulrika en soupirant et en
détournant le regard.
La comtesse resta silencieuse durant de longues secondes et Ulrika eut peur de l’avoir mise en colère,
mais quand elle la regarda à nouveau, les yeux de Gabriella étaient perdus dans le vague.
—En effet, tu ne l’es pas, répondit-elle finalement. Pas entièrement. Aucune de nous ne l’est réellement,
hormis la toute première.
Ulrika plissa le front.
—Je ne comprends pas. Le livre que vous m’avez donné décrivait les cinq lignées des vampires qui
descendent de la cour de Neferata et…
—Cet ouvrage est très utile en tant que livre d’histoire, la coupa la comtesse, mais de nombreuses
choses qui y sont écrites au sujet des lignées et de leur signification… Eh bien, disons simplement que le
vampire qui a écrit ces lignes avait ses propres raisons de vouloir que les autres croient que son propre
sang était pur et qu’il revendiquait à juste titre de pouvoir régner sur nous tous. La vérité est un peu
plus… sombre. Tout comme notre sang.
—Que voulez-vous dire, maîtresse ?
Gabriella s’appuya contre le panneau de bois et croisa les bras sur sa poitrine.
—D’après ce que l’on pourrait appeler la croyance populaire, partagée également par les nôtres, les
fondateurs des cinq lignées ont laissé leur marque sur leurs descendants et quiconque reçoit leur sang
partagera leurs personnalités et leurs prédilections. Ceux du sang d’Abhorash deviendront de grands
guerriers, les filles de Neferata utiliseront plutôt la séduction, les descendants de W’soran seront de
grands sorciers et ceux d’Ushoran se transformeront en des bêtes féroces, tandis que les fils de Vashanesh
brûleront d’une ambition sans borne. Dans une certaine mesure, c’est la réalité, mais ce n’est pas aussi
simple.
—Comment cela ? insista Ulrika.
—Les mystères du sang de nos anciens et de l’élixir qui leur donna leur puissance ne peuvent pas se
résumer à une sorte de formule d’alchimie. On ne peut pas dire qu’en additionnant tel élément à tel autre
on obtiendra tel résultat. Le sang affecte celui qui le reçoit d’une manière différente et l’être qu’il était
dans sa vie antérieure a tout autant d’influence sur celui qu’il est devenu.
Elle leva un doigt ganté.
—De plus, très peu de vampires existant aujourd’hui pourraient prétendre être issus d’une seule et
unique lignée.
Ulrika était de plus en plus perplexe. Voilà qui semblait aller à l’encontre de ce qu’elle avait lu dans
La Diaspora Néhékharienne.
—Mais comment est-ce possible ? Les vampires ne se reproduisent pas, leurs enfants ne sont pas le
résultat de l’accouplement de deux parents, et ils ne sont issus que d’un seul. Comment le sang pourrait-il
se mélanger ?
Gabriella sourit.