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les méritait. C’était elle qui avait introduit le doute dans son esprit, elle qui avait fait que des yeux qui<br />

voyaient jusque-là le monde en noir et blanc per<strong>ce</strong>vaient soudain des nuan<strong>ce</strong>s de gris. Elle avait fait <strong>ce</strong>la<br />

en agissant sur des sentiments <strong>au</strong>xquels elle n’<strong>au</strong>rait jamais dû faire appel, et sa pitié envers lui n’avait<br />

fait que détruire sa vie et l’image qu’il avait de lui-même. Elle se sentit comme un enfant qui <strong>au</strong>rait cassé<br />

son jouet par<strong>ce</strong> qu’il ne connaît pas sa for<strong>ce</strong>. Elle se serait montrée plus miséricordieuse si elle l’avait<br />

tué dès leur première rencontre.<br />

Elle se leva soudain, son visage avait retrouvé la dureté de la pierre.<br />

—Reposez-vous, lui dit-elle. Je dois aller la retrouver.<br />

Puis elle sortit de la chambre sans même lui laisser l’opportunité de répondre.<br />

Le salon était désert lorsqu’Ulrika y retourna. Les ride<strong>au</strong>x avaient été tirés sur les fenêtres brisées, mais<br />

le soleil y entrait tout de même et la piè<strong>ce</strong> était bien trop lumineuse pour qu’un vampire puisse y rester.<br />

Elle suivit le bruit d’une conversation étouffée dans une piè<strong>ce</strong> voisine, laquelle était bien plus sombre. Il<br />

s’agissait d’un salon de musique, avec un clavecin dans un coin, une harpe dans un <strong>au</strong>tre.<br />

Mathilda était revenue et s’était même trouvé de quoi se vêtir, Gabriella, Hermione et elle-même se<br />

tenaient chacune à un coin de la piè<strong>ce</strong>, semblant sur le point de reprendre les hostilités à tout moment,<br />

Famke s’était réfugiée dans un f<strong>au</strong>teuil, recroquevillée et posant sur la scène un regard nerveux.<br />

—Vous avez voulu nous tuer ! cria Mathilda à Hermione. Vous avez ordonné ma mort !<br />

—J’ai été trompée ! répliqua Hermione. Cette vile conspiratri<strong>ce</strong> d’Otilia n’a fait que chuchoter ses<br />

paroles empoisonnées à mes oreilles !<br />

—Et vous avez écouté !<br />

—Mes sœurs, je vous en supplie ! tenta Gabriella en levant les mains. Le passé est le passé. Nous<br />

savons maintenant qui était le vrai meurtrier et nous avons pu constater que son plan était de nous tourner<br />

les unes contre les <strong>au</strong>tres et de faire en sorte que soyons démasquées. Il nous reste à découvrir pourquoi il<br />

a fait <strong>ce</strong>la et qui était derrière tout ça. Je refuse de croire que <strong>ce</strong>tte monstruosité imbécile était <strong>au</strong>tre chose<br />

qu’un p<strong>au</strong>vre dupe. Il a été manipulé tout <strong>au</strong>tant que nous. Une prétendue voix lui <strong>au</strong>rait dit que notre sang<br />

lui permettrait de se reconstituer.<br />

Elle leva un sourcil.<br />

—Qui était donc <strong>ce</strong>tte voix ? Ajouta-t-elle. Qui pourrait bien trouver intérêt à notre destruction ?<br />

—Je crains qu’il y ait des questions bien plus pressantes, ma sœur, dit Hermione en allant s’asseoir<br />

dans un f<strong>au</strong>teuil.<br />

—Ah oui ? demanda la comtesse.<br />

—Schenk ! poursuivit Hermione. Il est possible que vous ayez temporairement étouffé ses soupçons,<br />

mais <strong>ce</strong>la ne durera pas. Même s’il ne nous attaque pas de front, il gardera sans <strong>ce</strong>sse un œil sur nous.<br />

Nous n’allons pas pouvoir nous en débarrasser.<br />

Gabriella hocha la tête et fronça les sourcils.<br />

—Vous avez raison, ma sœur. J’ai peur qu’il soit temps pour nous de dire <strong>au</strong> revoir à nos couvertures<br />

et de trouver d’<strong>au</strong>tres déguisements sous lesquels poursuivre nos existen<strong>ce</strong>s. Elle regarda <strong>au</strong>tour d’elle.<br />

Peut-être devrions-nous toutes mourir des mains des goules, proposa-t-elle enfin.<br />

Les trois Lahmianes commencèrent à discuter des modalités et des mérites d’un tel plan. Ulrika sentit<br />

une main sur son bras et elle se retourna. Famke était là, l’air un peu inquiet.<br />

—Tu sembles préoccupée, ma sœur, souffla-t-elle. Cet homme t’a fait du mal ?<br />

Ulrika détourna le visage pour lui cacher la douleur qui s’alluma dans ses yeux en entendant <strong>ce</strong>s mots.<br />

—Non, ma sœur. Au contraire, c’est moi qui lui ai fait du mal.<br />

Famke posa une main sur son ép<strong>au</strong>le.

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