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—Vous étiez trop préoccupé. Je vous avais mis dans une situation impossible. Vous…
—Non, dit-il en élevant la voix. Vous ne comprenez pas. J’ai fait cette promesse sans la moindre
intention de la tenir ! Je voulais vous trahir !
Ulrika le regarda, stupéfaite. Elle ne s’était absolument pas attendue à cela.
—Une promesse faite à un monstre n’engage en rien, reprit-il. Il n’y aucun déshonneur à tromper un
monstre. En fait, c’est même une tactique encouragée.
—Mais… vous ne m’avez pas trahie, fit remarquer Ulrika, toujours autant surprise.
Holmann baissa la tête. Quand il parla à nouveau, sa voix était brisée.
—Parce que… vous n’avez rien d’un monstre.
L’émotion serrait la gorge d’Ulrika.
—Friedrich…
—Même alors que nous combattions ce strige, j’avais l’intention d’achever ensuite votre maîtresse et
les autres, poursuivit-il. Et vous aussi. Votre sale coup sur la route m’en avait donné la force, mais… Il
avala sa salive avant de reprendre. Mais vous m’avez rendu mon épée.
—Je ne comprends pas.
—Après que vous ayez décapité ce monstre. J’ai lu dans vos yeux que vous hésitiez à me tuer moi
aussi, mais vous ne l’avez pas fait alors que j’étais incapable de vous en empêcher. Vous m’avez dit de
partir tout en sachant qu’il vous faudrait affronter la colère de vos sœurs. Un monstre ne se serait jamais
comporté ainsi, et donc…
—Donc, vous avez décidé de tenir cette promesse malgré tout.
Il hocha la tête.
—Et j’ai brisé celles que je croyais éternelles.
Il ferma les yeux.
—Et à cause de cela, je ne peux plus revenir en arrière. Je ne peux plus être un chasseur de sorcières.
Je… je vais devoir m’exiler ailleurs, quelque part hors de l’Empire.
Ulrika se trouva submergée par la tristesse.
—Herr Holmann, ne dites pas ça ! l’implora-t-elle. Vous avez accompli de grandes choses, cette nuit,
des choses dont un templier peut être fier. Vous avez aidé à abattre une horreur qui s’était rendue
responsable du meurtre d’innocents. Vous êtes un homme de bien. Vous pouvez rester celui que vous
étiez !
—J’ai tué moi-même cet homme-là ! se mit à sangloter Holmann. J’ai trahi mon serment à mon dieu !
J’ai menti au capitaine Schenk ! Je vous ai protégées, votre maîtresse et vous, des lois de Sigmar !
—Mais le bien que vous avez fait le compense largement ! insista Ulrika. Un petit écart ne peut pas
effacer toute une existence de valeur !
Holmann secoua à nouveau la tête.
—Les templiers de Sigmar ne font pas de nuance en matière de moralité. Le mal est le mal, le bien est
le bien. Un océan de bien dans lequel tombe une seule goutte de mal devient maléfique et doit être détruit.
Si je…
Il vacilla et ferma les yeux.
—Si j’en arrive à croire qu’il peut exister une nuance, alors je ne peux plus être templier, même si je
n’arrive pas à m’imaginer ce que je pourrais être d’autre.
Ulrika le regarda, elle aurait voulu lui crier dessus, lui taper dessus jusqu’à ce qu’il ouvre enfin les
yeux sur la réalité du monde. C’était un homme bien meilleur que Schenk ou n’importe quel autre exerçant
cette profession qu’elle ait pu rencontrer. Il était bien au contraire ce à quoi devrait ressembler tout
templier et il ne le réalisait même pas. Il méritait vraiment des claques. Mais non, c’était plutôt elle qui