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Schenk se retourna une dernière fois, exaspéré, elle continua de marcher vers lui, les mains jointes en
signe de supplique.
—Ne pourriez-vous pas au moins laisser le templier Holmann qui nous a si bravement protégées
jusqu’à maintenant ?
Ulrika fut parcourue d’un frisson en entendant ces mots, craignant de savoir la vraie raison pour
laquelle Gabriella voulait qu’Holmann restât, et elle adressa une prière silencieuse à Ursun dans l’espoir
que Schenk lui refusât cette requête.
—Très bien, répondit-il pourtant. Il vous escortera jusqu’à la cité. Je vous reverrai là-bas.
Puis il sortit dans le hall suivi de ses hommes, l’un d’eux était allé récupérer la tête du strige sur le
tapis.
Dès qu’ils eurent franchi le perron, Hermione et Famke soufflèrent de soulagement, Gabriella se laissa
tomber dans un fauteuil et se tint le flanc.
Ulrika se précipita vers elle.
—Maîtresse ? Êtes-vous blessée ?
—Je m’en remettrai, répondit Gabriella en se redressant. Mais il nous reste beaucoup à faire avant
cela. Elle lui adressa un sourire. Tout d’abord, tu vas conduire notre brave héros à l’étage et t’occuper de
ses blessures, ainsi que des tiennes. Trouve-lui une chambre d’ami pour qu’il puisse s’y reposer, puis tu
reviendras me voir. Nous avons à discuter.
Ulrika se trouva toute surprise, craignant d’espérer l’impossible. Qu’elle s’occupe de ses blessures ?
Cela signifiait-il que Gabriella avait décidé de lui laisser la vie sauve ? Avait-elle confiance en sa
promesse au point de le laisser partir ? Ulrika s’inclina bien vite devant elle, elle voulait être sortie avec
lui avant qu’elle ne change d’avis.
—Très bien, maîtresse. Je m’occupe de lui et je reviens vous voir.
Elle se leva et se dirigea vers Holmann. Il avait le regard fixé sur le plancher, une expression
douloureuse sur le visage. Il ne semblait pas avoir entendu Gabriella ni même avoir conscience de ce qui
se passait autour de lui.
Ulrika lui prit le bras et le conduisit vers l’escalier, sans savoir si elle pourrait trouver assez de
bandage pour soigner toutes les blessures subies par le pauvre jeune homme en cette seule soirée.
Ulrika conduisit Holmann dans l’une des chambres à l’étage, puis trouva de l’eau et de quoi recoudre les
plaies dans ce qui devait être la chambre de Famke, ainsi que du linge de maison dans une armoire. Le
chasseur de sorcières n’émit aucune protestation quand elle l’aida à enlever son manteau, son gilet et sa
chemise et il ne réagit pas quand elle entreprit de nettoyer ses blessures et de recoudre les plus
profondes. Lorsqu’elle banda la dernière, il poussa un petit gémissement, presque un sanglot.
Elle leva les yeux vers lui.
—Pardon. Je vous ai fait mal, Herr Holmann ? demanda-t-elle.
—Plus que vous ne le pensez, répondit-il.
—Friedrich… voulut-elle s’expliquer, mais il la coupa net.
—En respectant la promesse que je vous ai faite, j’ai trahi celle qui me liait à Sigmar, souffla-t-il.
Ainsi que celle que j’avais faite sur la tombe de mes parents.
—Je suis désolée, dit-elle. Je n’aurais pas dû vous demander cela. J’aurais dû vous laisser au
cimetière et me débrouiller sans vous. Pardonnez-moi.
Il secoua la tête.
—Non, c’est moi qui devrais demander des excuses. À mes parents, à Sigmar et à vous aussi. Jamais je
n’aurais dû vous promettre quoi que ce soit.