Télécharger ce livre au format PDF

—La même femme qui nous a fait entrer ! répondit Schenk en se tournant vers la porte donnant dans le
hall d’entrée. Frau Krohner, la gouvernante de Dame Hermione.
Tout le monde se retourna, mais Otilia n’était plus là, elle semblait s’être éclipsée à la faveur des
débats. Le capitaine Schenk en resta confus.
—Capitaine, lui dit Gabriella en dissimulant un petit sourire. Je serais vous, je n’attacherais pas
d’importance aux paroles de cette femme. Je ne sais pas quel est son problème, mais je soupçonne qu’elle
ait été de mèche avec ce monstre depuis le tout début. Je crois que c’est elle qui a conduit la bête jusqu’à
ces femmes qui ont été massacrées, c’est en tout cas elle qui l’a conduite ici cette nuit.
—Pardon ? s’étonna Schenk. Et vous avez des preuves de ce que vous avancez ?
—Sa disparition soudaine devrait suffire, dit Gabriella. Mais il y a plus, en effet. Cousine, aurais-tu
toujours cette note ? demanda-t-elle en se tournant vers Hermione.
Hermione sembla se réveiller et resta confuse un instant, puis elle réagit enfin.
—Oui ! Je l’ai toujours.
Elle fouilla dans un repli de sa manche, en tira le morceau de papier et le tendit à Schenk.
—Vous devriez reconnaître l’écriture d’Otilia, lui dit-elle.
—Nous l’avons trouvée sur l’un des serviteurs du monstre, expliqua Gabriella alors que le capitaine
dépliait le message.
—Aucune nouvelle de G, marmonna Schenk. Selon vos instructions, j’ai convaincu H de se rendre à
MH. M y sera également. Plan joint.
Il leva les yeux, le front plissé, puis regarda Gabriella et Hermione à tour de rôle.
—G pour Gabriella, H pour Dame Hermione. Mais qui est M ?
Ulrika se crispa et risqua un rapide coup d’œil vers la comtesse. Qu’allait-elle bien pouvoir inventer
pour répondre à cela ? Si elle mentionnait Mathilda, cela ferait le lien avec La Tête de Loup et tout
tomberait par terre. À l’inverse, si elle inventait un nom, Schenk ne manquerait pas de vérifier, ce qui
reviendrait au même.
—Je ne sais pas, répondit Gabriella. Mais votre prénom n’est-il pas Meinhart, cher capitaine ?
Schenk resta bouche bée sans trouver quoi répondre. Ses hommes se regardèrent les uns les autres,
c’était la première réaction humaine de leur part.
—Mais… mais pourquoi nous aurait-elle fait venir si elle conspirait avec le monstre ? demanda
Schenk, autant pour lui-même que pour les autres personnes présentes.
—Un piège ? répondit Gabriella avec un haussement d’épaules. Peut-être pensait-elle qu’il vous tuerait
après nous avoir assassinées. À moins qu’elle ait prévu que vous nous arrêteriez si la bête échouait.
Schenk froissa la note dans son poing, puis il se détourna en marmonnant un juron.
—Elle n’a pas pu aller très loin, capitaine, lui lança Gabriella dans son dos. Attrapez-la et vous aurez
le fin mot de l’histoire.
Schenk se retourna, le regard méchant.
—Vous avez raison, c’est ce que je vais faire. Et je comparerai son histoire avec la vôtre au détail
près. Sigmar reconnaîtra les siens.
Il se dirigea d’un pas raide vers la porte et fit signe à ses hommes.
—Venez, retournons aux chevaux. Vous aussi, Holmann, et prenez cette tête avec vous !
Ses hommes lui emboîtèrent le pas, Holmann se tourna vers Ulrika et lui adressa un regard attristé en
guise d’au revoir, mais avant que Schenk ait franchi la porte, Gabriella le rappela.
—Capitaine Schenk ! Attendez ! Devez-vous tous partir ? Les serviteurs du monstre sont toujours dans
les bois. Nous craignons pour nos vies si nous restons seules dans cette maison, avec ces fenêtres brisées.
Nous ne sommes que quatre femmes sans défense !