Télécharger ce livre au format PDF

oudoir des dames et mettiez en doute leur vertu alors que vous auriez dû être dans les rues à pourchasser
ce genre de créature ! Ajouta-t-elle en roulant des yeux.
—Des femmes innocentes ! ricana Schenk. Madame, vous allez devoir trouver mieux ! J’ai vu les corps
des autres de mes propres yeux, des femmes de haute condition comme vous-même et qui dissimulaient
leur nature monstrueuse avec des paroles mielleuses et des subterfuges de sorcières, tout comme vous le
faites en ce moment même. Il promena son regard sur les femmes présentes dans la pièce. Vous constituez
une confrérie de monstres qui séduisent les innocents pour les condamner à un sort bien pire que la mort,
et vous brûlerez pour cela ! Il se tourna vers ses hommes. Arrêtez-les !
Gabriella s’avança à nouveau en ouvrant les mains.
—Capitaine, je vous en supplie ! Écoutez-moi ! Vous ne comprenez pas ! Ces femmes étaient de
parfaites servantes de Sigmar et de l’Empire jusqu’à ce que ce monstre s’en prenne à elles ! C’est lui qui
a fait d’elles ce que vous avez vu ! Et il les a tuées parce qu’elles refusaient, même malgré leur état
corrompu, d’aller contre leur nature la plus profonde et de devenir ses partenaires !
Schenk se retourna vers Gabriella, Ulrika fit de même. Dès l’instant où les chasseurs de sorcières
avaient passé cette porte, elle s’était dit qu’il leur faudrait les tuer à un moment ou à un autre, mais d’une
manière inattendue, la comtesse semblait avoir trouvé une explication qui pourrait apaiser l’officier et
sauvegarder leur position dans la société. Du moins, si elle parvenait à convaincre Schenk. Son
admiration pour la comtesse s’en trouva encore renforcée. Jamais elle n’avait vu un esprit aussi vif et
inspiré.
Le capitaine Schenk retint ses hommes d’un geste, puis vint se placer devant Gabriella, les mains sur
les hanches.
—Et comment pouvez-vous être aussi affirmative ? Si je me souviens bien, vous n’êtes arrivée à Nuln
qu’il y a quelques jours et vous… ajouta-t-il en se tournant vers Hermione, prétendiez connaître à peine
ces autres personnes.
—Je n’affirme rien, capitaine, reprit Gabriella. Je n’ai aucune certitude, car je n’ai jamais rencontré
ces pauvres femmes, mais j’ai pu faire le rapprochement avec ce que nous a dit le monstre lorsqu’il nous
a attaquées. Il a dit qu’il voulait une reine. Elle leva le menton. Et si vous ne voulez pas croire que nous
ayons refusé ses avances de toutes nos forces, regardez ceux que nous avons perdus.
Elle lui montra le corps de Rodrik, allongé sur le divan, puis ceux des autres gentilshommes éparpillés
sur le plancher.
—Mon propre chevalier servant, les gardes de Dame Hermione, tous ont donné leur vie pour nous
défendre. Et pourtant, cela n’a pas suffi.
Elle se tourna alors vers Holmann.
—Sans l’intervention de ce jeune et brave templier, vous auriez en effet trouvé une maison pleine de
femmes vampires, ici, car le monstre nous aurait sans doute toutes contaminées. Au lieu de cela, il nous a
sauvées et peut-être a-t-il aussi sauvé toutes les femmes de Nuln. Nous avons une dette éternelle envers
lui.
Schenk tourna la tête vers Holmann.
—Est-ce vrai, templier ? grogna-t-il. Avez-vous empêché ces personnes d’être changées en vampires ?
Ulrika retint sa respiration en voyant Holmann hésiter. C’était l’instant de vérité. Quelle que soit cette
vérité. Il n’avait pas encore eu à mentir. Allait-il le faire maintenant et honorer sa promesse, ou bien sa
fidélité à son serment, à son dieu et son ordre serait-elle plus forte ? Elle lui porta un coup d’œil
implorant. Il ne la regarda même pas.
—J’ai… j’ai tiré sur cette bête, capitaine, dit-il. Et c’est mon épée qui l’a achevée.
Ulrika dut se retenir de sourire. Bien joué, Herr Holmann. Pas de mensonge, sans que ce soit l’entière