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de la piè<strong>ce</strong>, le sorcier lança une étrange suite de mots et les flammes s’éteignirent d’un coup pour ne<br />
laisser que de la fumée et une forte odeur de cochon grillé.<br />
Le strige, dont le cou et le visage étaient couverts de cloques, finit par arracher les derniers lambe<strong>au</strong>x<br />
de draps et lança ses bras vers elle.<br />
—Tu as voulu me brûler ? rugit-il. Je vais te brûler !<br />
Ulrika bondit en arrière et porta des coups d’épée vers les longs bras, mais la bête détourna son arme<br />
et lui décocha un énorme coup de patte en pleine poitrine. Elle vola en arrière et alla s’écraser dans le tas<br />
de ride<strong>au</strong>x toujours emmêlés <strong>au</strong>tour du chandelier, se retrouvant entre deux barre<strong>au</strong>x dorés et à moitié<br />
entravée. Elle lutta pour se relever alors que le strige avançait vers elle, mais elle ne trouva rien sur quoi<br />
s’appuyer hormis un tas de tissu mou. Elle se sentit comme si on lui avait placé les fesses dans une<br />
barrique avec juste les bras et les jambes dehors. C’était une manière de mourir bien ridicule.<br />
Puis elle sentit la chaleur sous sa tête et ses ép<strong>au</strong>les. Les flammes qui consumaient les ride<strong>au</strong>x<br />
rampaient vers elle. Elle poussa un cri et tenta de se dégager, mais ne fit que s’enfon<strong>ce</strong>r plus<br />
profondément entre les deux bras du chandelier. Elle était piégée, le strige et le feu la tenaient en une<br />
mortelle tenaille.<br />
—Laisse-la, imbécile ! cria le sorcier. Attrape la sorcière ! La sorcière !<br />
Le strige ricana, hésita, mais finit par repartir vers Gabriella, surveillant Ulrika par-dessus son ép<strong>au</strong>le.<br />
—Brûle pas trop vite, petite s<strong>au</strong>terelle ! C’est à moi de t’achever !<br />
Ulrika lâcha son épée pour mieux pouvoir se sortir de <strong>ce</strong>tte nasse. Elle devait protéger la comtesse.<br />
Elle se débattit, mais ne fit que s’enfon<strong>ce</strong>r davantage encore. Les premières flammes étaient toutes<br />
proches de sa nuque, elle en per<strong>ce</strong>vait les craquements.<br />
Elle put tout juste voir le strige s’approcher de Gabriella par-derrière. Rodrik et la louve luttaient dos<br />
à dos contre la marée de goules. Aucun d’eux ne vit le monstre arriver.<br />
—Maîtresse ! Attention ! cria Ulrika. Mathilda ! Rodrik ! Arrêtez-le !<br />
Gabriella était toujours absorbée par son bras de fer avec le sorcier, mais Rodrik et la louve crièrent<br />
eux <strong>au</strong>ssi et tentèrent de se dégager du <strong>ce</strong>rcle de goules.<br />
Ulrika s’enfonça encore plus profondément et elle ne vit plus rien. Un mor<strong>ce</strong><strong>au</strong> de tissu enflammé<br />
tomba sur elle et la brûla <strong>au</strong> visage. Elle cria et se débattit furieusement, donnant de grands coups de<br />
griffes et elle finit par se retrouver sur le plancher. La honte s’empara d’elle, ajoutée à la douleur des<br />
brûlures sur ses joues. Elle roula à l’écart. Elle <strong>au</strong>rait pu se dégager bien plus tôt ! Elle avait oublié<br />
qu’elle avait des griffes ! Elle avait réfléchi comme une humaine !<br />
Un cri de Gabriella lui fit lever la tête et elle regarda <strong>au</strong>tour d’elle. Au <strong>ce</strong>ntre de la grande piè<strong>ce</strong>,<br />
Murn<strong>au</strong> levait d’une main la comtesse qui se débattait <strong>au</strong>-dessus de sa tête, la louve avait refermé ses<br />
mâchoires sur l’<strong>au</strong>tre, Rodrik tentait de se dégager des dernières goules.<br />
—Maîtresse ! glapit Ulrika en se relevant d’un bond. J’arrive !<br />
Murn<strong>au</strong> envoya la louve voler par les portes fracassées donnant sur le balcon. Elle percuta la<br />
balustrade, puis bascula par-dessus et tomba dans le jardin en contrebas. Au même instant, Rodrik parvint<br />
à se libérer des goules et put enfon<strong>ce</strong>r son épée entre les côtes du strige. Le monstre cria et se servit de<br />
Gabriella comme d’une massue pour l’envoyer rouler <strong>au</strong> sol.<br />
—Non, monstre ! cria Ulrika qui se tailla un chemin en embrochant quelques goules. Bats-toi contre<br />
moi !<br />
Murn<strong>au</strong> rugit et jeta Gabriella sur elle. Ulrika se baissa quand la comtesse vola <strong>au</strong>-dessus de sa tête,<br />
puis elle se rua en avant et planta sa rapière dans l’estomac du strige, tout en visant ses yeux avec ses<br />
griffes. Elle reçut en plein visage un violent coup de poing et se retrouva à son tour jetée <strong>au</strong> sol, sa lame<br />
toujours enfoncée dans le ventre de la bête. La douleur fit tomber le monstre à genoux, les mains serrées