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Ulrika se releva d’un bond et faillit trébucher à cause des vertiges. Elle n’avait pas la moindre chance
d’atteindre le strige à temps, et Rodrik et la louve étaient encerclés par les goules et dans l’incapacité de
rompre le combat. Murnau se retrouva juste sous le chandelier, il tentait de porter des coups à Gabriella
toujours occupée à contrer les pouvoirs du sorcier.
La mort de son père de sang, Adolphus Krieger, lui revint soudain en mémoire. Le Tueur de Trolls
Snorri Nosebiter avait tué le vampire en lui faisant tomber un énorme chandelier dessus ! Ulrika suivit
des yeux la chaîne qui permettait de faire descendre et remonter le chandelier et vit qu’elle était fixée au
mur à moins de deux pas d’elle. Elle se jeta dans cette direction, leva sa rapière et frappa de toutes ses
forces. Ce fut suffisant. Dans un claquement métallique, la chaîne céda et se déroula autour de sa poulie.
Le lourd chandelier tomba comme une pierre et s’abattit sur le strige dans une explosion de cristal et de
chandelles, l’aplatissant au sol. Malheureusement, cela renversa également la louve, Rodrik et la
comtesse.
Les goules en profitèrent.
Ulrika cria de dépit et s’élança d’une démarche d’ivrogne, portant des coups d’épée tout autour d’elle,
perçant un œil, tranchant des doigts ou des poignets pour les faire reculer. La horde reflua devant sa
fureur, mais avant qu’elle ne puisse atteindre Gabriella, Murnau se releva, soulevant la lourde roue dorée
du chandelier sur sa tête ensanglantée et rugissant de rage. Ulrika jura. Son idée d’en finir avec le strige
comme avec Krieger n’avait pas fonctionné. La bête n’était même pas étourdie.
Les goules s’éparpillèrent dans les coins de la pièce lorsque Murnau posa son regard brûlant sur Ulrika
et fit mine de lui envoyer le chandelier. Elle lui tourna le dos et s’élança pour plonger entre les rideaux
du lit à baldaquin d’Hermione. Elle rebondit de l’autre côté, l’énorme roue de métal vola juste au-dessus
de sa tête, emporta au passage les montants du lit et termina sa course dans la cheminée juste derrière
dans un enchevêtrement de tissu et de bois brisé.
—Maudite sauterelle ! hurla le strige. Lève-toi et viens m’affronter !
Ulrika jeta un coup d’œil au-dessus du lit et vit la bête boitiller vers elle. Ce monstre était-il donc
impossible à arrêter ? Son crâne était ouvert jusqu’à l’os, son cou et ses bras profondément entaillés, et
pourtant, il avançait toujours. Au moins avait-elle détourné son attention de Gabriella, laquelle se
remettait debout et reprenait son duel avec le sorcier. Rodrik et la louve avaient eux aussi repris leurs
esprits et luttaient à nouveau contre les goules. Mais comment pourrait-elle s’en sortir sans la dague
d’argent ?
L’odeur de fumée la fit se retourner. Les rideaux du lit emportés par le chandelier commençaient à
prendre feu. Le feu ! Le feu pourrait l’arrêter !
Le strige commença à contourner le lit, tendant déjà ses longs bras vers elle. Elle ramassa les draps et
les couvertures et les lança vers lui, plusieurs lui recouvrirent la tête. Il ricana et commença à les
déchirer de ses griffes pour s’en dégager, Ulrika roula sur elle-même vers la cheminée et en tira un
montant brisé en deux et dont l’une des extrémités était toujours attachée à un rideau qui commençait à
prendre feu, puis elle le fit tourner au-dessus d’elle comme un fléau. Le rideau heurta les reins de la bête
et transmit ses flammes au drap qui lui couvrait le dos, mais ce ne fut pas suffisant. Il pourrait les enlever
avant que les flammes ne deviennent vraiment dangereuses.
Elle regarda autour d’elle, désespérée, et aperçut une lampe à huile posée sur une petite table près de
la tête du lit. Elle l’attrapa et la lança sur Murnau. Elle éclata sur son épaule et l’huile l’aspergea
copieusement. Instantanément, les flammes s’étendirent et le strige se mit à hurler de douleur.
Ulrika s’élança, riant de soulagement et se mit à lui tourner autour en lui en bombardant les jambes de
coups de rapières. Le monstre tournait sur lui-même en titubant, essayant d’enlever les tissus enflammés
de sur sa tête. Elle avait réussi ! Il n’en avait plus pour longtemps ! Puis, soudain, depuis l’autre extrémité