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Gabriella tira une dague de sous son corsage et la tendit à Ulrika. Sa lame était en argent.
—Sers-toi de ça, lui dit-elle. Mes mains auront déjà fort à faire avec des sortilèges.
Ulrika prit la petite arme d’une main hésitante.
—Tr… très bien, maîtresse.
—Donnez-la-moi ! dit Rodrik en élevant la voix pour se faire entendre par-dessus les coups de poing
du monstre. Je n’ai pas peur de lui.
—Non, lui répondit Gabriella. Je ne confie pas d’argent à ceux en qui je n’ai aucune confiance.
Rodrik en resta bouche bée et ne trouva rien d’autre à dire, alors il se retourna vers la porte et se
prépara à combattre pendant que Gabriella entamait une incantation.
Ulrika se mit en garde elle aussi, puis elle se tourna vers Mathilda, une idée venait de la frapper.
—Mais où sont vos hommes ? Vous n’êtes probablement pas venue ici sans escorte, si ?
Mathilda retroussa ses lèvres.
—Ils sont enfermés dans les caves et ils doivent commencer à trouver le temps long. Elle jeta un coup
d’œil à Rodrik. Messire chevalier et les autres dandys nous ont tendu un piège quand on a passé le grand
portail. Des pistolets avec des balles d’argent.
Ulrika hocha la tête.
—Ils ont fait de même avec moi.
Une première fissure se dessina dans la porte et le panneau commença à se plier vers l’intérieur.
Mathilda grogna et arracha le peu qu’il restait de ses vêtements, puis elle se tassa à quatre pattes pour se
transformer à nouveau en louve à peine ses griffes eurent-elles touché le plancher.
Un autre craquement, et la tête déformée du strige apparut, puis ses épaules et ses bras suivirent,
accompagnés par une pluie d’éclats de bois et de planches.
Ulrika, Rodrik et Mathilda s’élancèrent comme un seul homme, épées et griffes dehors, alors que
jaillissant de derrière leur dos, une colonne de flammes noires vint percuter la bête en pleine poitrine et
l’enveloppa totalement.
Le strige hurla de douleur et de frustration, battant des bras sans rien voir. Il bloqua la rapière d’Ulrika
en levant l’avant-bras, mais elle parvint à lui planter la dague d’argent dans l’épaule. Les rugissements se
transformèrent en hurlements et le monstre se débattit en essayant de se replier vers la porte.
—Parfait ! les encouragea Gabriella. Pressez-le ! Tuez-le !
Ulrika poursuivit vers l’avant et chercha une autre ouverture pour sa dague. Mathilda avait refermé sa
gueule sur son bras gauche, essayant de le contenir dans l’embrasure de la porte, Rodrik tentait de le
frapper à la tête et visait les yeux.
Puis une voix dans le hall cria d’étranges paroles aux accents barbares et, comme des vagues noires
contournant un rocher, des flots d’ombres passèrent par-dessus les épaules et autour des hanches du strige
qui reculait toujours. Les ombres percutèrent Ulrika et les autres et là où elles les touchèrent leur
infligèrent d’intenses douleurs, comme si on les avait plongés dans une substance corrosive. Ulrika
recula, se couvrant de ses bras le visage et les yeux. Elle trébucha sur une chaise et s’écroula au sol,
Mathilda se mit à glapir et se roula sur le plancher, Rodrik donnait de dangereux coups d’épée tout autour
de lui.
—Enlevez-les ! Enlevez-les ! hurlait-il.
Gabriella murmura une nouvelle incantation et les ombres se dissipèrent en même temps que les
sensations de brûlure, mais elles avaient rempli leur rôle. Le strige était entré et un petit bonhomme
rondouillard et vêtu de robes noires se tenait juste derrière lui, ses lèvres marmonnaient déjà d’autres
paroles. Ulrika ricana en le voyant. Son ennemi juré ! Le petit sorcier !
Gabriella la releva et l’entraîna vers la porte sur le mur de gauche.