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Ulrika se tourna vers elle et lui montra du menton l’endroit où elle avait rangé cette note, puis elle se
figea net. Elle venait de se souvenir où elle avait vu cette écriture gracieuse. C’était sur le papier donné
par Otilia à Gabriella pour lui indiquer comment trouver la demeure d’Aldrich, un papier écrit de la main
même d’Otilia.
D’autres pièces du puzzle se mirent soudain en place, des éléments qui lui avaient semblé alors
insignifiants. C’était Otilia qui avait suggéré que les Lahmianes aillent chercher des indices devant le
Silver Lily, là où le petit sorcier avait laissé quelques touffes de poils et l’empreinte dans la boue, ce qui
avait orienté les soupçons sur Mathilda. Otilia encore qui avait monté Hermione contre Gabriella en lui
rappelant son ascendance von Carstein. Otilia toujours qui avait insisté pour qu’Hermione se replie à
Mondthaus et qui avait fait en sorte que Mathilda y vienne aussi avec une fausse promesse de pourparlers
de paix.
—Non ! dit-elle. Pas elle ! Uniquement Dame Hermione, je n’ai confiance en personne d’autre.
Otilia s’arrêta et devint soudain très pâle, mais Hermione roula des yeux.
—Ne soyez pas ridicule ! Je ne vais pas vous toucher, vous empestez l’eau de rose. Otilia, allez me
chercher cette note.
—Non ! grogna Ulrika. Si elle approche, je lui ouvre la gorge à coups de crocs.
Von Zechlin ricana et sortit son épée.
—Reculez, Frau Otilia. Je vais faire taire cette arrogante.
Otilia ne s’arrêta pas.
—Non, non, dit-elle. Aucun problème, monseigneur. Elle ne me fait pas peur.
—Ridicule, dit von Zechlin en posant la pointe de son épée sur le cou d’Ulrika. Un gentilhomme ne
laisserait aucune dame s’exposer ainsi au danger, quelle que soit sa position. Maintenant, tenez-vous
tranquille, maudite !
De ses doigts toujours un peu engourdis, il écarta le bord du gilet d’Ulrika et en sortit la note qu’elle
avait glissée là. Ulrika jeta un coup d’œil vers Otilia qui avait entamé une retraite discrète vers la porte.
—Arrêtez-la ! cria-t-elle. Elle va tenter de s’enfuir !
Otilia se figea sur place, tous les regards s’étaient tournés vers elle.
—Mais, je ne faisais que rejoindre ma place, maîtresse, répondit Otilia, avec une révérence à
l’attention d’Hermione et un regard assassin vers Ulrika.
Von Zechlin ouvrit la note, puis il l’approcha d’Hermione pour que celle-ci puisse la lire.
—N’y posez pas vos doigts, ma dame, dit-il. Elle est aussi crasseuse qu’elle.
Hermione jeta un regard sceptique au petit morceau de papier, mais sa mâchoire s’ouvrit subitement et
elle l’arracha des doigts de von Zechlin pour la lire à nouveau.
—Otilia ! cria-t-elle. C’est votre écriture !
Tout le monde se tourna vers l’intéressée, Otilia tentait de s’éclipser par la porte.
—Rattrapez-la ! hurla Hermione.
Deux des gentilshommes s’élancèrent pour exécuter l’ordre de leur maîtresse, Otilia prit la fuite et
referma la porte derrière elle. Ils l’ouvrirent sans ménagement et se jetèrent à la poursuite de la
gouvernante. Les personnes présentes dans la pièce attendirent en écoutant les bruits provenant du hall,
puis la porte fut à nouveau ouverte et les deux hommes tirèrent Otilia derrière eux, son impeccable
coiffure était en désordre. Elle était livide. Ils l’amenèrent devant Hermione et l’obligèrent à
s’agenouiller devant elle en la retenant par les épaules.
—Expliquez-vous, Otilia, dit Hermione en lui montrant la note. Qu’avez-vous fait ?
—Il n’y a pas grand-chose à expliquer, maîtresse, dit la gouvernante. Je vous ai tout simplement trahie.
—Mais… mais pourquoi ? demanda Hermione qui semblait stupéfaite. N’ai-je pas toujours pris soin