Télécharger ce livre au format PDF

les laissèrent tomber au centre de la pièce, croassant à l’attention de leurs semblables autour du feu et
leur désignant de leurs doigts le haut de l’escalier. Les goules se retournèrent et regardèrent au-delà des
nouveaux venus en ouvrant de grands yeux. L’une d’elles pointa un doigt griffu vers Ulrika et cria un
avertissement.
Ulrika se figea alors que tous les regards se portaient sur Holmann et elle. Les deux goules à peine
entrées s’accroupirent en position de combat. Holmann appuya sur la détente de son pistolet, mais il
manqua son tir.
La partie rationnelle de son esprit, une toute petite partie, hurlait à Ulrika de se sauver. Aucun ennemi
ne se tenait entre l’escalier et elle et il lui fallait maintenant retourner trouver Gabriella et lui dire ce
qu’elle avait vu ici. Mais elle ne voulait pas se sauver. La stupeur des goules agissait comme une drogue
en elle. Elle l’enflammait, l’affamait et lui donnait envie de tuer. Si l’horreur était dans ce cercueil, qu’il
en fût ainsi. Elle était prête.
Poussant un cri d’impatience, Ulrika se jeta sur la goule la plus proche et lui porta un revers de sa
rapière avant de la jeter au sol d’un coup d’épaule. L’autre goule couina et bondit de côté, mais le
deuxième pistolet d’Holmann donna de la voix et fit mouche cette fois-ci. La chose bascula en arrière, un
trou dans la poitrine.
Ulrika ouvrit la gorge de celle qui se débattait sous elle, puis elle se releva d’un bond pour se retrouver
épaule contre épaule avec Holmann entre deux sarcophages. Les autres goules avaient abandonné leur feu
et se ruaient sur eux de part et d’autre en essayant de les encercler.
—Ravisseurs d’innocents ! cria Holmann en attrapant une fiole d’eau bénite à sa bandoulière et en la
lançant. Venez mourir !
La fiole se brisa sur un sarcophage et les goules se retrouvèrent aspergées. Elles crièrent de rage et de
douleur et reculèrent, mais elles se reprirent bien vite et revinrent à l’assaut.
L’une d’elles grimpa sur un sarcophage et se jeta sur Ulrika. Elle attrapa la créature par le poignet et
l’envoya se fracasser sur une tombe derrière elle. La bête s’y brisa l’échine et retomba au sol,
littéralement pliée en deux. Puis les autres furent sur eux, se jetant toutes ensemble pour les submerger
sous le nombre.
La lourde épée d’Holmann trancha net un bras et il vida une nouvelle fiole dans la gorge d’une autre qui
venait de lui mordre la main.
—Ce sera ton dernier repas ! lui cria-t-il.
Ulrika bloqua deux assauts à la fois et balança un grand coup de botte à une troisième goule, ce qui la
renvoya contre un mur.
La gorge de la goule qui avait avalé l’eau bénite se désintégrait de l’intérieur, mais les crocs de
l’animal étaient toujours serrés sur la main d’Holmann et elle ne semblait pas disposée à le lâcher. Il
porta un coup d’épée à une autre, mais sa lame ne trouva pas sa cible, car il était trop occupé à essayer de
se dégager.
Ulrika voulut venir à son aide, mais une goule bondit sur son dos et lui planta ses crocs dans l’épaule.
Elle siffla de douleur et se jeta contre un sarcophage. La goule glapit et ouvrit sa bouche. Elle lui asséna
un grand coup de coude en pleine mâchoire, puis bondit vers Holmann pour empaler la bête qui lui tenait
toujours la main.
La chose recula en criant, puis elle se précipita vers l’escalier, croisant en chemin deux autres de leurs
congénères qui arrivaient à la rescousse. Ulrika planta son épée dans la poitrine de la première et
Holmann ouvrit jusqu’aux dents le crâne de la dernière goule d’un magistral coup descendant.
Ulrika pivota sur elle-même, mais le combat était terminé. Deux autres goules se précipitaient dehors
par l’escalier, en piaillant de terreur. Toutes les autres étaient mortes ou presque.