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d’humain, il ne pouvait qu’errer dans la nuit, égaré et confus, pendant que ses ennemis, plus rapides et<br />
plus forts, bénéficiant de capacités dont il ne pourrait même pas rêver, rampaient dans l’ombre pour<br />
prendre sa vie avant même qu’il ne comprenne qu’il était menacé. Tel semblait devoir être le sort de tout<br />
humain dans <strong>ce</strong> monde de démons et de monstres, et <strong>ce</strong>la attrista Ulrika de devoir éliminer un être qui<br />
avait le courage de lutter contre <strong>ce</strong>tte inévitable destinée. Mais elle devrait pourtant le faire.<br />
Elle se leva et marcha dans sa direction, il venait de repartir vers le h<strong>au</strong>t du talus. Mais, arrivée à<br />
moins de dix pas de lui, elle entendit un <strong>au</strong>tre battement de cœur dans le brouillard, et un <strong>au</strong>tre encore.<br />
Les pulsations étaient lentes, mais puissantes, et la même puanteur les accompagnait. Encore des goules.<br />
Ulrika s’arrêta, inquiète. Les chuchotements et les jurons d’Holmann avaient attiré du monde. Les<br />
chiens de garde du tueur étaient venus renifler <strong>au</strong>x limites de son repaire et ils se rapprochaient. Ulrika<br />
vit l’ombre de l’une d’elles sous le <strong>ce</strong>rcle d’arbres <strong>au</strong> sommet du talus, guettant et attendant qu’Holmann<br />
s’approche, une <strong>au</strong>tre se glissait de tombe en tombe sur sa droite. Une tactique imparable. Holmann serait<br />
mort, comme l’avait demandé la comtesse, et Ulrika n’<strong>au</strong>rait même pas à le faire elle-même. Il lui<br />
suffisait de poursuivre vers la ligne des arbres <strong>au</strong> sommet du talus et de laisser le chasseur de sorcières<br />
servir d’appât pour lui permettre de passer sans même se faire remarquer.<br />
Oui, un plan parfait, mais qui n’expliquait pas pourquoi elle se retrouva à ramper sous les branches en<br />
direction de la goule, l’épée prête à frapper.<br />
La créature déformée ne l’entendit pas approcher avant qu’elle ne fût à trois pas d’elle et qu’il fût trop<br />
tard. Elle s’élança <strong>au</strong> moment même où la bête nécrophage pivota pour lui faire fa<strong>ce</strong>, et lui transperça le<br />
cou. La chose gargouilla et s’agrippa à la lame qui venait lui prendre sa misérable existen<strong>ce</strong>.<br />
Le bruit fit <strong>ce</strong>pendant lever la tête à Holmann et il se mit en garde là où il se trouvait, à mi-h<strong>au</strong>teur de la<br />
pente, épée et pistolet levés.<br />
—Montre-toi ! aboya-t-il.<br />
Ulrika hésita et la seconde goule bondit de sa cachette, s<strong>au</strong>ta par-dessus une pierre tombale pour se<br />
jeter sur le chasseur de sorcières. Celui-ci se retourna en une fraction de seconde et appuya sur la détente<br />
de son pistolet, la bête fut cueillie en plein vol, puis roula en aspergeant l’herbe de son sang. Elle parvint<br />
<strong>ce</strong>pendant à se remettre sur ses pieds et repartit vers le templier dans une nouvelle charge.<br />
Une troisième goule, qu’Ulrika n’avait pas détectée, jaillit d’un bosquet de rosiers un peu plus bas,<br />
tentant de prendre Holmann à revers alors que <strong>ce</strong>lui-ci était occupé à parer de son épée les coups de<br />
griffes de sa congénère tout en ripostant en se servant de la crosse de son pistolet comme d’une massue.<br />
Ulrika jura. Elle pouvait s’éloigner, le laisser périr, l’oublier… Mais une nouvelle fois, elle se<br />
retrouva à sprinter pour inter<strong>ce</strong>pter la bête. Mais que faisait-elle ? Elle se retrouva soudain un peu<br />
comme Holmann, tout près du <strong>ce</strong>rcle de cyprès, mais incapable de le franchir pour des<strong>ce</strong>ndre dans la<br />
cuvette. Une étrange barrière s’élevait devant elle et elle ne pouvait se résoudre à la franchir.<br />
Elle bondit par-dessus Holmann et atterrit juste devant la troisième goule qui cria et décida de changer<br />
de proie, toutes griffes dehors. Ulrika trancha une bonne demi-douzaine de doigts d’un revers d’épée,<br />
mais <strong>ce</strong>la ne dissuada pas l’animal de poursuivre son ass<strong>au</strong>t, la gueule grande ouverte. Elle courba<br />
l’avant-bras devant elle et la gueule hérissée de dents claqua à un pou<strong>ce</strong> de son visage. Son haleine de<br />
mort faillit lui tordre l’estomac.<br />
Elle la transperça de part en part, puis la repoussa en arrière. La créature agonisante se dégagea de sa<br />
lame et se recroquevilla <strong>au</strong> sol comme une araignée morte. Ulrika préféra la décapiter juste pour être<br />
sure, puis se retourna.<br />
Holmann levait son deuxième pistolet dans sa direction. L’<strong>au</strong>tre goule gisait à ses pieds, morte elle<br />
<strong>au</strong>ssi.<br />
Ulrika se figea sur pla<strong>ce</strong>, elle savait que <strong>ce</strong>tte arme était chargée d’une balle d’argent.