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abandonné du cimetière, là où avec le chasseur de sorcières ils avaient trouvé <strong>ce</strong>tte petite cuvette hantée<br />

par les goules.<br />

Alors qu’elle approchait de l’endroit, la puanteur de corps en décomposition se renforça, elle ralentit<br />

sa marche et elle sortit sa rapière, sans savoir si <strong>ce</strong>tte odeur venait de l’endroit lui-même ou si elle<br />

signifiait que les goules et leur maître se terraient non loin dans le brouillard. Elle aperçut enfin les<br />

cyprès se dessiner <strong>au</strong> milieu des volutes de brume, ils entouraient la cuvette <strong>au</strong> fond de laquelle se<br />

trouvait la crypte. Ils ressemblaient à des géants ép<strong>au</strong>le contre ép<strong>au</strong>le et portant des casques pointus.<br />

Elle se mit alors à progresser en prenant toutes les préc<strong>au</strong>tions, étendant tous ses sens afin de ne pas<br />

tomber dans une nouvelle embuscade. Au moment où elle atteignit la rangée d’arbres, elle perçut un seul<br />

et unique battement de cœur devant elle, puis, presque immédiatement, un juron étouffé. Elle ne put<br />

réprimer un frisson, car elle connaissait <strong>ce</strong>tte voix et <strong>ce</strong>s palpitations. Il semblait qu’elle allait encore<br />

tomber sur le templier Holmann.<br />

Elle faillit rire de <strong>ce</strong>tte incroyable coïnciden<strong>ce</strong>, mais son sourire s’effaça immédiatement. Il n’y avait<br />

rien de risible, il <strong>au</strong>rait même mieux valu pour eux deux qu’ils ne se croisent plus jamais, car Gabriella<br />

avait été claire. Il lui f<strong>au</strong>drait le tuer. Mais si elle ne l’avait pas retrouvé ? Elle pourrait faire comme si<br />

elle l’avait manqué dans <strong>ce</strong> brouillard et contourner la cuvette pour y entrer par son <strong>au</strong>tre extrémité. Non.<br />

Ce ne serait que de la couardise et <strong>ce</strong>la le laisserait en vie en sachant quelle était sa véritable nature, une<br />

connaissan<strong>ce</strong> qui se retournerait contre la comtesse une fois que tout serait fini. Elle n’avait pas le choix.<br />

Il lui f<strong>au</strong>drait faire fa<strong>ce</strong>.<br />

Elle partit dou<strong>ce</strong>ment vers le h<strong>au</strong>t du talus, essayant de faire monter sa colère contre lui et de se donner<br />

un bon prétexte pour le tuer, mais elle n’y parvint pas. Elle avait été mise en danger quand il l’avait<br />

désignée dans la cour de Mathilda, mais elle ne pouvait pas appeler <strong>ce</strong>la une trahison. C’était même elle<br />

qui l’avait trahi en prétendant être <strong>au</strong>tre chose que <strong>ce</strong> qu’elle était. Lui-même n’avait fait que suivre ses<br />

croyan<strong>ce</strong>s. Elle soupira et poursuivit. Il lui fallait agir de sang-froid.<br />

Arrivée à mi-chemin, elle l’entendit jurer encore, il semblait frustré.<br />

—Mais où était-<strong>ce</strong> ? chuchota-t-il. Je sais que c’était par là !<br />

Elle continua et <strong>au</strong> bout de quelques pas, elle aperçut enfin sa silhouette et son long mante<strong>au</strong>. Il tenait<br />

son épée dans une main, un pistolet dans l’<strong>au</strong>tre, une lanterne se balançait à sa <strong>ce</strong>inture, il marchait de<br />

long en large sur la pente, comme un chien cherchant une piste. Au bout d’un moment, il sembla l’avoir<br />

retrouvée et partit alors vers le h<strong>au</strong>t, mais dès qu’il atteignit le <strong>ce</strong>rcle de cyprès qui entourait la cuvette, il<br />

s’arrêta et repartit dans l’<strong>au</strong>tre direction, vers le bas de la pente.<br />

Ulrika fronça les sourcils, confuse. Mais que faisait-il donc ? Il lui suffisait de passer entre les arbres<br />

et il trouverait <strong>ce</strong> qu’il cherche !<br />

Holmann s’arrêta à mi-pente et regarda <strong>au</strong>tour de lui, puis il marcha jusqu’à un monument tout proche.<br />

—Oh non, pas encore ! J’y étais presque ! M<strong>au</strong>dit brouillard !<br />

Ulrika faillit éclater de rire. Comment pouvait-il ne pas voir la cuvette ? Le brouillard était dense,<br />

<strong>ce</strong>rtes, mais pas pire que la fois où ils étaient venus tous les deux. Pourquoi avait-il fait demi-tour alors<br />

qu’il y était presque ? Ulrika comprit subitement. Un sortilège de confusion enveloppait l’endroit, il<br />

devait empêcher les curieux de le trouver. Grâ<strong>ce</strong> à ses sens surhumains, elle-même n’avait pas été<br />

trompée et avait conduit Holmann jusque-là la dernière fois sans même se rendre compte de la présen<strong>ce</strong><br />

de <strong>ce</strong> charme. Il était revenu tout seul, mais sans sa présen<strong>ce</strong>, il n’était pas parvenu à per<strong>ce</strong>r<br />

l’enchantement.<br />

Une vague de compassion pour le templier submergea Ulrika. Voilà un homme qui ne cherchait pas à<br />

dissimuler sa peur de l’inconnu en se pelotonnant près d’un feu, un homme qui, bien <strong>au</strong> contraire,<br />

n’hésitait pas à sortir en pleine nuit pour faire fa<strong>ce</strong> <strong>au</strong>x ennemis de son peuple. Avec ses sens limités

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