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Gabriella ricana et poussa pour ouvrir totalement la porte, envoyant la pauvre fille rouler dans le hall
d’entrée. Ulrika tira son épée et vint se placer près de la comtesse, guettant toute menace éventuelle. Elle
ne décela rien, la servante était seule et la maison calme. Elle referma la porte derrière Gabriella, qui se
dirigea vers la servante et la releva en l’attrapant d’une main par le devant du corsage.
—Elle est sortie ? siffla Gabriella alors que la fille tentait de se dégager. Serait-elle en train de se
terrer dans son boudoir pour échapper à ma colère ? Allez me la chercher, jeune fille. Je dois lui parler.
—Mais… mais, madame, bredouilla la fille. Elle n’est réellement pas là ! Elle s’est enfuie !
—Enfuie ? demanda Gabriella en la regardant de travers. Et enfuie où ça ?
La servante pâlit davantage et se mit à trembler.
—Je… je ne puis le dire.
Gabriella la secoua au point que ses dents s’entrechoquèrent.
—Osez-vous me défier ? Je vais vous arracher les doigts un par un ! Où est-elle ?
La pauvre fille éclata en sanglots.
—Elle est partie à la campagne, madame ! pleura-t-elle en s’écroulant sous l’emprise de Gabriella. À
Mondthaus, son domaine ! Frau Otilia a dit qu’elle devrait y attendre jusqu’à ce que les choses se calment
ici !
Gabriella réfléchit durant quelques secondes.
—Oh, vraiment ? Et von Zechlin ? Et le seigneur Rodrik ? Maîtresse Famke ? Les autres ?
—Madame a emmené le seigneur von Zechlin avec elle, répondit la fille. Il était blessé. Les autres sont
eux aussi partis avec elle.
Gabriella hocha la tête, puis elle regarda à nouveau la servante.
—Et qui est ce Gebhart que vous attendiez ?
La fille hésita.
Gabriella la saisit par la gorge.
—Répondez-moi !
—C’est… le coursier ! croassa la fille. Frau Otilia lui avait confié une mission avant de partir.
—Quelle mission ?
—Elle l’avait envoyé trouver Madame Mathilda. Pour l’inviter à Mondthaus afin d’échapper aux
émeutes.
Gabriella ouvrit de grands yeux surpris.
—Quoi ? Après ce qu’il y a eu entre elles ? C’est incroyable !
—C’est ce qu’Otilia a dit, madame.
Gabriella fronça les sourcils, plongée dans ses pensées, puis elle sembla se souvenir que sa main
serrait toujours le cou de la pauvre servante. Elle la remit sur pied et réarrangea elle-même sa robe.
—Je suis navrée, ma jolie. Vous n’avez rien à vous reprocher. Ne craignez pas d’avoir trahi votre
maîtresse. C’est elle qui a mal agi en vous demandant de mentir. Elle lui tapota la main. Maintenant,
dites-moi comment je peux me rendre à Mondthaus.
—Très bien, madame.
Ulrika attendit près de la porte pendant que Gabriella notait sur un morceau de papier les instructions
que lui dictait la fille. Le domaine se trouvait apparemment à cinq ou six lieues au sud de Nuln, en
bordure du Wissenland.
Gabriella remercia la servante avec une autre petite tape de la main, puis elle se tourna vers Ulrika et
lui montra la porte. Son visage était devenu très grave.
—Nous devons nous séparer, lui dit-elle en l’accompagnant sous le porche. Je ne sais pas quel jeu est
en train de jouer Hermione, mais j’ai bien peur que Mathilda accepte cette invitation et s’y rende à la tête