09.06.2013 Views

Télécharger ce livre au format PDF

Télécharger ce livre au format PDF

Télécharger ce livre au format PDF

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Ulrika préféra regarder ailleurs. Un gentilhomme de sexe féminin ? Pour elle, ses vêtements masculins<br />

avaient toujours été une question pratique. Elle était une guerrière, élevée par un guerrier. Par conséquent,<br />

elle avait toujours porté une tenue de guerrière et avait toujours trouvé <strong>ce</strong>la plus confortable. Elle ne<br />

l’avait jamais associée avec quoi que <strong>ce</strong> fût d’<strong>au</strong>tre, pas plus qu’elle ne s’était inquiétée de <strong>ce</strong> que les<br />

<strong>au</strong>tres pouvaient penser d’elle à c<strong>au</strong>se de <strong>ce</strong>la. Les gens pouvaient se dire <strong>ce</strong> qu’ils voulaient, elle-même<br />

avait toujours su <strong>ce</strong> qu’elle était et <strong>ce</strong> par quoi elle était attirée. Il était donc un peu étrange que le fait de<br />

ressembler à <strong>ce</strong> qu’elle avait toujours prétendu être la mette <strong>au</strong>tant mal à l’aise.<br />

Elle finit par h<strong>au</strong>sser les ép<strong>au</strong>les. Gabriella avait raison, c’était un rôle qu’elle s<strong>au</strong>rait jouer, et<br />

<strong>ce</strong>rtainement plus naturel pour elle que de faire semblant de racoler un client.<br />

Quelques secondes plus tard, Gabriella posa la main sur son bras et lui fit un signe de tête pour lui<br />

désigner un coin de la piè<strong>ce</strong>.<br />

—Nous y sommes, lui dit-elle. Ces deux-là sont de parfaits candidats.<br />

Ulrika suivit son regard. Un individu grand et min<strong>ce</strong>, titubant à c<strong>au</strong>se de l’alcool, suivait une fille qui<br />

l’entraînait par la <strong>ce</strong>inture en direction de l’escalier. Ulrika plissa le nez. L’homme pouvait avoir la<br />

bonne taille et la bonne corpulen<strong>ce</strong>, mais ses habits étaient sales et puants, et la crasse de ses cheveux<br />

noircissait son col. Sans oublier les bestioles qui devaient y avoir élu domicile.<br />

Le couple grimpa jusqu’<strong>au</strong> palier du premier étage. Ulrika regarda Gabriella. La comtesse attendit<br />

qu’ils soient hors de vue, puis elle se leva.<br />

—Venez donc, ma dame, dit-elle en reniflant. Nous allons attendre le monsieur en h<strong>au</strong>t. Je vais vous<br />

épargner les regards de <strong>ce</strong>s v<strong>au</strong>riens.<br />

Ulrika l’imita et la suivit. Quelques regards l’accompagnèrent, ainsi que quelques ricanements, mais la<br />

plupart des clients étaient trop occupés par leurs affaires pour remarquer quoi que <strong>ce</strong> fût.<br />

Elles arrivèrent sur le palier du premier étage juste à temps pour voir une porte se refermer <strong>au</strong> milieu<br />

du couloir éclairé par quelques chandelles. Gabriella avança dans le corridor, Ulrika s’empressa de la<br />

suivre. Des rires, des gémissements amoureux et d’<strong>au</strong>tres bruits de circonstan<strong>ce</strong> leur parvinrent de chaque<br />

porte devant laquelle elles passèrent. Elles s’arrêtèrent devant <strong>ce</strong>lle qui venait de se refermer et<br />

Gabriella commença à murmurer un sortilège.<br />

—Allons-nous les tuer, maîtresse ? chuchota Ulrika.<br />

—Chut ! lui commanda Gabriella avant de poursuivre son invocation.<br />

Ulrika surveilla le h<strong>au</strong>t des marches tout en continuant d’écouter les voix de leurs proies à l’intérieur<br />

de la chambre.<br />

—Enlève ça ! grommela une voix masculine. J’veux voir la marchandise !<br />

—Ben voilà, mon joli. Tu dois pas en voir comme ça tous les jours, hein ?<br />

Gabriella avait terminé et leva les yeux <strong>au</strong> ciel.<br />

—Je vois que nous avons affaire à des poètes, commenta-t-elle.<br />

Sa main g<strong>au</strong>che était serrée <strong>au</strong>tour d’une petite masse d’ombre qui se tortillait sur elle-même. Elle<br />

tendit sa main droite et la posa sur la poignée. Celle-ci était verrouillée. Elle tourna plus fort et le verrou<br />

céda.<br />

La fille leva les yeux du grand lit quand la porte s’ouvrit brutalement et que les deux femmes entrèrent.<br />

—Hé ! cria-t-elle. Dégagez ! J’suis en main !<br />

Le client grimaça et révéla une dentition passablement j<strong>au</strong>nie.<br />

—Plus on est d’fous… commença-t-il.<br />

Gabriella referma la porte, puis tendit sa main g<strong>au</strong>che en ouvrant les doigts.<br />

—Dormez ! dit-elle.<br />

La masse d’ombre se dissipa en un nuage qui dériva vers la fille et son client. Ils reculèrent, effrayés,

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!