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Le carrosse finit par s’arrêter totalement, Gabriella prit la p<strong>au</strong>vre fille dans ses bras et planta ses crocs<br />

dans son cou. Lotte gémit et ferma les yeux. Dehors, Uwe criait tout en essayant d’écarter la foule avec<br />

son fouet.<br />

—Reculez, v<strong>au</strong>riens ! les prévint-il. Reculez ou je tire !<br />

Des poings martelaient les flancs du carrosse et des voix haineuses réclamaient qu’on ouvrît les portes.<br />

Les poignées étaient malmenées et finirent par être brisées. Le pistolet d’Uwe tira et un homme cria.<br />

—Tuez-le ! rugit la foule.<br />

Gabriella se leva et fit glisser Lotte sur la banquette d’Ulrika. La fille gémissait toujours.<br />

—Prends, dit la comtesse. Nous allons avoir besoin de toutes nos for<strong>ce</strong>s.<br />

Ulrika hésita, puis elle détendit ses crocs et mordit à son tour, là où s’étaient déjà plantés <strong>ce</strong>ux de la<br />

comtesse, et but. Lotte se laissa sombrer en pleine extase. Gabriella se rassit et commença à murmurer<br />

tout en agitant ses doigts selon des schémas arcaniques.<br />

—Lâchez-moi, bande de salopards ! cria Uwe à l’extérieur. Lâch…<br />

Ses mots finirent dans un hoquet puis un cri de douleur, Ulrika perçut <strong>au</strong>ssi le bruit caractéristique de<br />

bois et de fer frappant la chair. Cela la tira de <strong>ce</strong>tte dou<strong>ce</strong> sensation apportée par le sang de Lotte qui se<br />

répandait en elle.<br />

—Le carrosse, maintenant ! cria quelqu’un, et les martèlements sur les cloisons de bois s’intensifièrent.<br />

Une massue heurta les persiennes, quelques rayons de soleil s’insinuèrent dans les premières fissures.<br />

—Ça suffit, dit Gabriella. Rends-la-moi.<br />

Ulrika cligna des yeux de surprise, Gabriella était presque invisible, tout juste une ombre contre la<br />

banquette de cuir. Elle baissa le regard sur elle-même, elle <strong>au</strong>ssi était translucide.<br />

—Rends-la-moi, répéta Gabriella. Et quand je te le dirai, tu ouvriras la porte, puis tu lèveras tes pieds<br />

du plancher et tu ne bougeras plus. Compris ?<br />

Ulrika avala sa salive puis hocha la tête avant de remettre la p<strong>au</strong>vre Lotte à moitié inconsciente sur ses<br />

pieds. Gabriella l’aida à maintenir la servante devant la portière de g<strong>au</strong>che. Un <strong>au</strong>tre coup de massue<br />

brisa les persiennes et projeta des éclats de bois à l’intérieur. Le carrosse était secoué dans tous les sens.<br />

Il pouvait se renverser à tout moment.<br />

—Ouvre ! souffla Gabriella.<br />

Ulrika tendit la main vers le loquet, puis hésita, trop effrayée par <strong>ce</strong> qui allait se passer. C’était comme<br />

ouvrir la porte à une meute de loups. Elle se ressaisit et attrapa le loquet.<br />

Gabriella déposa un dernier baiser sur la joue de Lotte, Ulrika fit jouer le petit verrou.<br />

—Merci pour tout, ma p<strong>au</strong>vre petite, murmura la comtesse, puis elle ouvrit la portière d’un coup de<br />

pied et fit basculer la p<strong>au</strong>vre fille dans les bras de la foule. Elle fut accueillie par des grondements.<br />

Ulrika eut le souffle coupé par tant de brutalité et ne put détourner les yeux de la popula<strong>ce</strong> qui se jeta<br />

sur Lotte pour la ramasser, déchirer ses robes d’aristocrate et la bombarder de coups de gourdins et<br />

d’outils divers.<br />

—Au bûcher ! cria Dortman. Faites brûler la vampire !<br />

Le blondinet la frappa avec son arme rudimentaire et lui brisa net le bras. Lotte hurla de douleur.<br />

—Lotte ! cria Ulrika.<br />

—Reste assise, petite folle ! siffla Gabriella. Garde les pieds levés et ne bouge pas !<br />

Ulrika serra les poings et fit comme la comtesse lui demandait, le dos appuyé contre le dossier de la<br />

banquette, les genoux relevés contre sa poitrine. Gabriella était recroquevillée dans la même position sur<br />

la banquette d’en fa<strong>ce</strong>, restant parfaitement immobile et silencieuse pendant qu’<strong>au</strong>-dehors, la foule<br />

s’acharnait sur la malheureuse fille qui se retrouva emportée comme une poupée désarticulée par une mer<br />

en furie. Une sourde colère enfla dans le cœur d’Ulrika. Elle <strong>au</strong>rait voulu bondir pour massacrer <strong>ce</strong>s gens

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