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CHAPITRE DEUX<br />
PAR ORDRE DE LA REINE<br />
—Mon amour tant fol m’aime-t-elle ? murmura Félix en tenant Ulrika dans ses bras. Si fol pour<br />
s’effeuiller céans sous la lune ? Si fol pour entonner quelques tristes proses à mon départ ? Si fol pour…<br />
—Quelle étrange manière de parler ! l’interrompit-elle en rigolant.<br />
—C’est ainsi que s’exprimaient les poètes d’antan, lui répondit Félix. Le contexte le justifie.<br />
—Je comprends, mais pourquoi parler ainsi ? C’est un vieux poème ?<br />
—Non, je l’ai écrit moi-même.<br />
—Pourquoi l’as-tu écrit ainsi ? insista Ulrika. Tu ne parles pas comme ça d’habitude !<br />
Félix grimaça.<br />
—Je… je voulais évoquer une époque passée, une ère plus romantique. Un âge d’intenses passions<br />
et…<br />
Ulrika leva un sourcil.<br />
—Es-tu en train de prétendre que roman<strong>ce</strong> et passions intenses n’existent plus ? Comment dois-je le<br />
prendre?<br />
—Non, je…<br />
Félix hésita, puis soupira, vaguement exaspéré.<br />
—Tu n’es pas le genre de fille à aimer qu’on lui récite des poèmes. Je ne suis même pas <strong>ce</strong>rtain que tu<br />
veuilles entendre la suite.<br />
—Ah, mais bien <strong>au</strong> contraire, lui répondit-elle avec un sourire timide et en déposant un baiser sur sa<br />
poitrine. À moins que tu ne préfères apprendre combien fol ton amour t’aime, ajouta-t-elle en lui<br />
embrassant le cou. Peut-être <strong>ce</strong>la te permettra-t-il d’ajouter quelques vers un peu plus croustillants à ton<br />
poème.<br />
Félix grogna et l’attira à lui pour l’embrasser longuement. Les corps rapprochèrent l’un de l’<strong>au</strong>tre. Elle<br />
fit courir ses mains le long de son dos et le désir monta en elle comme la chaleur d’un feu intense.<br />
Le feu s’intensifia et elle roula <strong>au</strong>-dessus de lui, lui mordillant l’ép<strong>au</strong>le alors que leurs mains<br />
caressaient leurs corps. Il était si ch<strong>au</strong>d, si fort, si rempli de vie.<br />
Le tempo monta, ses lèvres trouvèrent son cou. Ses doigts étaient brûlants, son odeur enivrante. Le goût<br />
sur sa langue eut raison de sa résistan<strong>ce</strong>. Elle perdit tout contrôle d’elle-même. Poussant un cri animal,<br />
elle lui déchira la gorge de ses crocs.<br />
Ulrika se réveilla d’un bond, haletante, le goût du sang de Félix sur les lèvres et l’odeur de sa sueur sur<br />
sa pe<strong>au</strong>. Le rêve s’estompa dou<strong>ce</strong>ment et elle se laissa retomber en arrière, tremblante, le regard vide.<br />
Cela se passerait-il ainsi si elle devait jamais revoir Félix ? Ou Max ? Cette passion serait-elle à la<br />
mesure de sa colère, transformée en rien d’<strong>au</strong>tre que de la rage et de la violen<strong>ce</strong> ? Verser le sang était