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humide et envoyèrent Lotte et Ulrika dans les bras l’une de l’<strong>au</strong>tre, puis il repartit dans une <strong>au</strong>tre rue,<br />

mais il restait bien plus lent que les montures des fines lames d’Hermione qui comblèrent rapidement leur<br />

retard.<br />

Von Zechlin galopait en avant de ses hommes et parvint à se glisser dans l’espa<strong>ce</strong> entre le carrosse et<br />

les étalages des boutiques qui bordaient la ch<strong>au</strong>ssée. Ulrika tenta de lui porter un coup de coute<strong>au</strong><br />

lorsqu’il passa devant la fenêtre, mais elle le manqua. Il arriva à h<strong>au</strong>teur du siège du cocher et leva son<br />

épée pour tenter de trancher les sangles qui maintenaient le cheval de g<strong>au</strong>che.<br />

—Le fou ! lâcha Gabriella. À g<strong>au</strong>che ! Uwe ! Serrez à g<strong>au</strong>che !<br />

Il y eut un coup de fouet et le carrosse fit une embardée sur sa g<strong>au</strong>che, projetant von Zechlin et sa<br />

monture contre un mur à colombage. Cheval et cavalier roulèrent ensemble pêle-mêle et soulevèrent une<br />

gerbe de boue quand ils touchèrent le sol.<br />

Ulrika rigola et regarda par la lucarne arrière. Les <strong>au</strong>tres gentilshommes d’Hermione s’arrêtèrent pour<br />

voir si leur chef allait bien, seul l’un d’eux continua la poursuite.<br />

—Rodrik n’a pas renoncé, maîtresse, dit-elle. Il gagne du terrain.<br />

Gabriella se pencha par sa fenêtre.<br />

—Il est temps d’user d’un peu de sor<strong>ce</strong>llerie, souffla-t-elle.<br />

Elle ferma les yeux et entortilla ses doigts les uns <strong>au</strong>tour des <strong>au</strong>tres, puis termina son geste en mimant<br />

une emprise tout en murmurant quelques paroles. On <strong>au</strong>rait dit qu’elle étranglait quelqu’un.<br />

Ulrika regarda vers l’arrière. C’était en effet <strong>ce</strong> qu’elle faisait. Même si sa monture continuait de<br />

galoper, Rodrik avait porté ses mains à son cou et son visage commençait à virer <strong>au</strong> violet. Il parvenait<br />

tout juste à rester sur sa selle, Ulrika s’attendait à l’en voir basculer d’un instant à l’<strong>au</strong>tre. Il parvint<br />

pourtant à rester en pla<strong>ce</strong> et s’écroula contre l’encolure de sa monture pour l’entourer de ses bras,<br />

toussant et crachant. Le carrosse tourna à un <strong>au</strong>tre coin de rue et Ulrika fut repoussée sans ménagement <strong>au</strong><br />

fond de sa banquette. Lorsqu’elle regarda à nouve<strong>au</strong>, Rodrik n’était plus en vue. Elle jura entre ses dents.<br />

—L’avez-vous tué ? demanda-t-elle à Gabriella.<br />

—J’en doute, répondit la comtesse. Il n’est plus à portée de mes pouvoirs. Elle sourit pourtant.<br />

Cependant, il y pensera à deux fois avant de se relan<strong>ce</strong>r à notre poursuite, à mon avis. Uwe ! Ralentissez,<br />

mais gardez un bon pas !<br />

—À vos ordres, maîtresse !<br />

Lotte et Ulrika refermèrent les fenêtres et toutes trois poursuivirent le voyage en silen<strong>ce</strong> pendant que le<br />

carrosse prenait à g<strong>au</strong>che, puis à droite, puis encore à g<strong>au</strong>che, à travers les rues crasseuses des T<strong>au</strong>dis.<br />

Puis, <strong>au</strong> loin, monta un son étrange. On eut d’abord dit le ressac entendu d’<strong>au</strong>-delà d’une colline, qui se<br />

transforma en une clameur de bataille, et enfin en acclamations orgiaques, comme les hurlements<br />

d’hommes-bêtes <strong>au</strong> milieu des bois, enivrées de rage et de violen<strong>ce</strong>.<br />

Le carrosse stoppa soudain et la voix d’Uwe tomba depuis l’extérieur.<br />

—Vous feriez mieux de voir ça, maîtresse.<br />

Gabriella ouvrit sa fenêtre, Ulrika fit de même de l’<strong>au</strong>tre côté et toutes deux regardèrent vers l’avant de<br />

la voiture. Ils se trouvaient dans une ruelle étroite, plongée profondément dans l’ombre de rangées de<br />

bâtisses qui s’élevaient de part et d’<strong>au</strong>tre sur cinq nive<strong>au</strong>x. À vingt pas devant eux, l’allée débouchait<br />

dans une rue plus ouverte dans laquelle paradait une horde d’humains en proie à la démen<strong>ce</strong>.<br />

Ulrika se souvenait en avoir vu de semblables à Praag, durant le siège, des foules plongées en pleine<br />

hystérie par des agitateurs de rue qui prêchaient le meurtre de quiconque n’était pas avec eux. Ils<br />

semblaient littéralement transpirer de haine, rugissaient et brandissaient <strong>au</strong>-dessus de leurs têtes toutes<br />

sortes d’armes improvisées.<br />

—Tuez les vampires ! hurlaient-ils. Brûlez les vampires !

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