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vous débrouiller seules en attendant que je puisse remettre mes affaires en route. Maintenant, partez et ne<br />

revenez plus. Vous portez vraiment malheur !<br />

Elle quitta la piè<strong>ce</strong>, abandonnant Gabriella et Ulrika. Celle-ci leva la tête. Une odeur de brûlé<br />

commençait à des<strong>ce</strong>ndre.<br />

—Foutu bordel, grommela Gabriella avant de tendre la main vers Ulrika. Viens, mon enfant, mets ton<br />

voile, nous devons partir.<br />

Ulrika prit la main de la comtesse et se laissa conduire vers la porte.<br />

—Mais… et le feu ? s’inquiéta-t-elle lorsqu’elles furent dans le vestibule et montèrent les premières<br />

marches.<br />

—Nous n’avons pas d’<strong>au</strong>tre choix, lui répondit sa maîtresse.<br />

Ulrika gémit de peur. Le feu pouvait leur apporter la vraie mort. C’était pour les vampires un ennemi<br />

<strong>au</strong>ssi terrible que le soleil.<br />

—J’espère que le carrosse est toujours là, souffla-t-elle.<br />

—Chut, ma fille, lui dit Gabriella. Je dois me con<strong>ce</strong>ntrer sur <strong>ce</strong>s charmes de dissimulation.<br />

Elles continuèrent à grimper les marches qui, comme à l’aller, semblaient dévier et dériver devant<br />

leurs pas d’une manière qui perturbait les sens, en tout cas <strong>ce</strong>ux d’Ulrika. Les yeux fermés et une main sur<br />

le bras d’Ulrika, la comtesse les gravit avec préc<strong>au</strong>tion, mais d’un pas résolu.<br />

À chaque nouve<strong>au</strong> palier, l’odeur de brûlé se faisait plus forte, de même que les cris et la rumeur<br />

confuse. Des hurlements de douleur parvenaient à travers les murs, ainsi que le grondement sourd des<br />

in<strong>ce</strong>ndies. Ulrika fit de son mieux pour rester calme, mais elle s’imagina perdue dans <strong>ce</strong> véritable<br />

labyrinthe magique de plus en plus rempli de fumée. Elle <strong>au</strong>rait voulu abattre <strong>ce</strong>s murs de ses griffes,<br />

mais elle savait que <strong>ce</strong>la ne ferait que la rapprocher des flammes.<br />

Des appels déchirants et des chocs la firent frissonner lorsqu’elles passèrent les nive<strong>au</strong>x des caves de<br />

la bâtisse. Les otages et les kidnappés devaient s’acharner sur les barre<strong>au</strong>x de leurs <strong>ce</strong>llules et implorer<br />

qu’on vienne les dé<strong>livre</strong>r. Des rires maniaques et des sanglots étaient également arrachés <strong>au</strong>x drogués<br />

lorsque la fumée venait les sortir de leurs rêves embrumés par les vapeurs de lotus.<br />

La dernière volée de marches était conforme à ses pires craintes, saturée de fumée et rougie des reflets<br />

des flammes. Elle ne parvenait même pas à aper<strong>ce</strong>voir la porte qui fermait l’escalier. Celle-ci pouvait<br />

très bien être barricadée.<br />

—Couvre-toi la tête avec ta cape, petite, lui dit Gabriella.<br />

Elle-même le fit avec la sienne.<br />

La voix calme de la comtesse la rassura un peu et elle fit <strong>ce</strong> qu’elle lui avait demandé, puis elles se<br />

reprirent la main et montèrent les dernières marches.<br />

Malgré la cape, la fumée lui brûla les yeux et la gorge, et la chaleur des flammes toutes proches<br />

menaçait de lui rôtir les bras et le visage. Les dernières marches cédèrent juste après leur passage et elles<br />

durent presque terminer à quatre pattes sur des planches de bois surch<strong>au</strong>ffées. Elles s’élancèrent, presque<br />

aveugles et débouchèrent dans la cour boueuse.<br />

Ulrika regarda par-dessous sa cape et aperçut avec soulagement que le carrosse était toujours là, le<br />

cocher maîtrisait avec peine les chev<strong>au</strong>x terrifiés. Gabriella et elle coururent <strong>au</strong> milieu d’une foule de<br />

filles de joie et de mendiants qui tournaient en rond comme des poulets effrayés, hurlant et gémissant en<br />

vain. Le soleil était déjà bien h<strong>au</strong>t, mais on n’y voyait presque rien. D’épais nuages de fumée noire<br />

tourbillonnaient <strong>au</strong>-dessus de la taverne et des maisons attenantes, toute la lumière provenait des flammes<br />

qui s’échappaient des fenêtres comme le souffle d’un dragon. Tout le pourtour de la cour était la proie<br />

des in<strong>ce</strong>ndies.<br />

—Très subtils, <strong>ce</strong>s s<strong>au</strong>veurs de l’humanité, grogna Gabriella.

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