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—Chez Mathilda ? s’étonna Ulrika en levant un sourcil.<br />
Gabriella se mit à rire.<br />
—Hermione est tellement convaincue que la louve et moi sommes de conniven<strong>ce</strong> alors qu’il n’en est<br />
rien, et elle vient juste de nous for<strong>ce</strong>r à nous jeter dans ses bras. Ses actions transforment ses peurs en<br />
réalité.<br />
Alors qu’elles traversaient les rues de la cité qui se réveillait, il fut clair que la découverte du cadavre de<br />
Dagmar avait poussé l’hystérie anti vampires en plein cœur de Nuln à un nive<strong>au</strong> incroyable. Les<br />
marchands de babioles n’avaient jamais été <strong>au</strong>ssi nombreux dans les rues, avec leurs colliers de cuir et<br />
leurs pendentifs d’argent représentant le marte<strong>au</strong> de Sigmar ou la comète à deux queues. Les vendeurs de<br />
feuilles de chou hurlaient leurs gros titres.<br />
—Une maison close servait de repaire dans l’Handelbezirk !<br />
—Une mère maquerelle vampire retrouvée morte !<br />
—Les chasseurs de sorcières embarquent les prostituées par douzaines !<br />
Les démagogues des coins de rue haranguaient les premiers passants qui se rendaient à leurs affaires<br />
sur les berges du fleuve ou dans les ateliers divers.<br />
—Ils sont parmi nous ! cria l’un d’eux. Dans toutes les sphères de la société et c’est notre désir de<br />
luxure qui leur a permis de s’introduire jusqu’ici ! Résistez à la fille de joie ! Résistez <strong>au</strong>x appels de la<br />
chair ! Seul un cœur pur pourra vous s<strong>au</strong>ver !<br />
—Pouvez-vous faire confian<strong>ce</strong> à votre propre femme ? lançait un <strong>au</strong>tre en postillonnant. Pouvez-vous<br />
faire confian<strong>ce</strong> à votre propre fille ? Toutes les femmes sont des vampires ! La be<strong>au</strong>té ne peut être que<br />
sor<strong>ce</strong>llerie. Elles doivent toutes brûler !<br />
Et il semblait que les gens suivaient <strong>ce</strong>s messages à la lettre, car partout où Ulrika regardait, hommes et<br />
femmes se surveillaient du coin de l’œil. Un groupe d’hommes vêtus d’une manière <strong>au</strong>stère regarda<br />
passer une vendeuse de pommes poussant devant elle sa petite carriole à bras. Un groupe d’enfants<br />
tournait <strong>au</strong>tour d’une veuve en robes noires, se moquant d’elle et la pointant du doigt.<br />
—Vampire ! Vampire ! La laissez pas vous attraper !<br />
L’atmosphère était lourde de peur et d’une violen<strong>ce</strong> tout juste contenue. Nuln, la cité du canon et de la<br />
poudre noire semblait prête à exploser.<br />
L’<strong>au</strong>be était déjà là quand elles finirent par suivre les ruelles boueuses du F<strong>au</strong>lestadt et arrivèrent en vue<br />
de la taverne La Tête de Loup, puis tournèrent dans l’étroite allée entre les bâtisses avant de s’arrêter<br />
devant le mur mobile dissimulant la cour cachée.<br />
À l’appel du cocher, La Rouge, la femme à la coiffure rousse qui les avait accueillies lors de leur<br />
première visite se montra <strong>au</strong> sommet du mur.<br />
—Elle prend son casse-croûte ! répondit-elle. Et elle aime pas être dérangée.<br />
—C’est une urgen<strong>ce</strong>, ajouta Gabriella en se penchant par la portière en ayant protégé son visage d’un<br />
voile. Et <strong>ce</strong>la con<strong>ce</strong>rne notre sécurité à toutes !<br />
La tête de La Rouge disparut et Ulrika perçut des conversations provenant de l’<strong>au</strong>tre côté du mur. Puis,<br />
elle se montra à nouve<strong>au</strong>.<br />
—Feriez bien d’entrer, dans <strong>ce</strong> cas, dit-elle. Attendez !<br />
Ulrika et Gabriella se rassirent <strong>au</strong> fond de la banquette et patientèrent le temps que le f<strong>au</strong>x mur pivote<br />
dans les mêmes grin<strong>ce</strong>ments que la première fois, puis le carrosse avança dans la cour boueuse.<br />
Lotte écarta légèrement l’un des ride<strong>au</strong>x pour observer les bâtiments plus ou moins délabrés qui