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effectuer un nouvel assaut, elle se fendit subitement en avant et transperça la poitrine du premier, puis
retira sa lame pour parer l’assaut du second qui visait sa tête. Il recula, les yeux grands ouverts, la riposte
avait failli lui trancher le cou.
Le déchaînement de violence et l’odeur du sang faillirent la pousser à le poursuivre, mais elle resta là
où elle était. Gabriella avait dit qu’il fallait s’échapper, pas tuer.
—Par ici, maîtresse !
Gabriella se désengagea de devant Rodrik, von Zechlin et un autre homme d’Hermione. La comtesse
était elle aussi armée et un dandy gisait en travers d’un fauteuil souillant de son sang le brocard délicat.
—Reculez ! leur cria-t-elle.
Les gentilshommes ne l’écoutèrent pas et revinrent à l’assaut.
Ulrika bloqua elle-même l’attaque du troisième homme, Gabriella écarta du même geste les lames de
Rodrik et von Zechlin. La comtesse n’était pas une grande escrimeuse, mais ses réflexes surhumains
compensaient son manque de style. Elle repoussa d’un coup de pied von Zechlin vers l’homme déjà
écarté par Ulrika, ils s’écroulèrent l’un sur l’autre sur un tapis d’Arabie, mais lorsqu’elle fit face à
Rodrik, il la désarma d’un grand coup de sa lourde épée et la brandit pour porter le coup de grâce.
—Maîtresse ! cria Ulrika et elle tenta de la pousser de côté, mais les autres hommes l’en empêchèrent.
Elle les repoussa de sa lame, Gabriella fit face à Rodrik et ouvrit les bras devant lui.
—Réellement, messire ? lui demanda-t-elle en relevant le menton. Une seule morsure serait capable de
renverser votre allégeance ? Allez-vous frapper votre dame ?
Rodrik hésita, son épée resta figée en l’air, le regard douloureux.
Gabriella ricana et lui asséna en plein visage une gifle aussi soudaine qu’un coup de feu, qui l’envoya
rouler au sol. Il se retrouva par terre, stupéfait, regardant le plafond, tout le côté gauche de son visage
trempé de sang depuis l’oreille jusqu’au menton.
Ulrika plongea entre ses deux adversaires en direction de Gabriella. La comtesse marchait vers Rodrik
pour l’achever, mais un tourbillon de soie bleue se rua dans son dos.
—Maîtresse ! Attention !
Gabriella se retourna juste avant qu’Hermione la percute violemment et les deux femmes allèrent
s’abîmer sur une table basse, l’éparpillant en débris de bois et de crinoline. Les mains d’Hermione
étaient serrées autour de la gorge de Gabriella.
—Maîtresse !
Ulrika bondit en avant et leva son arme pour en transpercer Hermione.
—Non ! put tout juste souffler Gabriella.
Ulrika jura et lança sa rapière au loin, puis attrapa Hermione par les cheveux et par le dos de sa robe,
et la souleva. Hermione se tortilla et donna de grands coups de griffes, entaillant le visage d’Ulrika.
Celle-ci tenta de la jeter au sol, mais Hermione s’accrocha à son cou, y traçant de profondes blessures.
Ulrika donna un grand coup de tête, laissant Hermione avec sa seule perruque en main, puis elle jeta la
vampire vers le clavecin de salon. Hermione s’y écrasa contre l’un des pieds qui se brisa net, le lourd
instrument lui retomba dessus, faisant éclater les lattes du parquet sous son poids.
Von Zechlin et les derniers hommes encore en vie crièrent et se précipitèrent vers le clavecin.
Gabriella rigola et prit la main d’Ulrika.
—Bien joué, mon enfant ! Viens vite !
Elles s’élancèrent vers la porte, laissant derrière elle les bruits de cordes et de coups. Seule Famke
leur barrait le chemin, elle se tenait en garde, crocs et griffes dévoilés, mais avec une indiscutable peur
dans les yeux.
—Écartez-vous, jeune fille, lui dit Gabriella avec calme.