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—Madame la comtesse, je ne pourrais assurer cela. Vous aviez fait en sorte que je ne puisse rester près
de vous, j’ai dû prendre une chambre dans une auberge des environs et je ne sais pas ce qui s’est passé
après que je vous ai laissée à votre nouvelle adresse. Je ne peux donc pas témoigner que vous soyez
étrangères à ces crimes.
Gabriella fit un pas dans sa direction, le regard brûlant.
—Petit sot jaloux ! Vous allez me trahir parce que vous avez été écarté durant trois jours ? Que faitesvous
de votre serment de me protéger ?
—Le problème n’est pas là ! intervint Hermione qui affichait un air triomphant. Niez-vous qu’il dise la
vérité ? Est-il en mesure de témoigner de la véracité de votre version ?
—Non, il ne l’est pas, répondit Gabriella entre ses dents, puis elle tenta de croiser le regard de Rodrik.
Mais il pourrait sans problème témoigner de ce qu’il a vu. Il pourrait offrir à sa maîtresse le bénéfice du
doute.
—Ha ! répéta Hermione. Vous n’avez donc aucun témoin.
—Mais vous non plus ! rétorqua Gabriella. Rodrik ne peut pas témoigner en notre faveur, mais il ne
peut pas non plus nous contredire. Il n’était pas là.
Elle se tourna à nouveau vers son chevalier.
—Mais il est une chose dont il peut témoigner, reprit-elle en levant le menton. Dites la vérité, messire.
Ai-je à n’importe quel moment en votre présence parlé d’une éventuelle conspiration avec la complicité
de Madame Mathilda ou des von Carstein contre Hermione ou n’importe laquelle de mes sœurs
Lahmianes ?
Rodrik hésita.
—Allons, messire ! cria Gabriella. Parlez !
Rodrik se redressa.
—Non, ma dame, vous n’avez rien fait de tel, même si j’ai rarement été en votre compagnie ces
derniers jours.
Gabriella ricana et était sur le point de se tourner vers Hermione, quand Rodrik poursuivit.
—Mais je vous ai entendu dire que vous estimiez que Dame Hermione était la moins désignée pour
conduire les opérations ici, à Nuln, dit-il. Et que vous auriez préféré qu’elle meure à la place des autres.
Gabriella se figea, comme un chat sur le point de bondir, les yeux plantés sur Rodrik.
—Vous n’êtes qu’un enfant gâté ! lui lança-t-elle en marchant vers lui. Espèce de…
Hermione vint s’interposer en levant les bras.
—Ne posez pas la main sur lui, ma sœur. Il est désormais sous ma protection. Reculez !
Gabriella sourit et montra les crocs.
—Vous n’allez pas me dire ce que je dois faire de mes pourvoyeurs !
Hermione recula précipitamment, son regard mimant la peur même si on pouvait y lire sa victoire.
—Elle m’attaque ! Elle est avec le tueur ! Défendez-moi, mes champions !
Ulrika bondit en garde derrière Gabriella pour protéger ses arrières, tout autour de la pièce, les
gentilshommes de von Zechlin abandonnèrent en un clin d’œil leurs poses avachies et tirèrent leurs
rapières. Famke vint se placer auprès d’Hermione, le regard troublé, Otilia se replia sans attendre vers la
porte.
—Rodrik ! cria Gabriella. Occupez-vous de von Zechlin. Ulrika et moi, nous prenons cette foutue
traînée et ses drôles.
Mais lorsque Rodrik sortit sa propre lame, il s’éloigna de la comtesse et alla rejoindre le cercle des
épées pointées par les gens d’Hermione.
—Je suis navré, ma dame, dit-il en enlevant sa collerette pour révéler deux cicatrices toutes fraîches.