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sauvage était assez haute et ne montrait aucun signe de passage récent. Ils poursuivirent, tandis que la
brume jouait autour de leurs mollets comme un chat un peu trop affectueux.
Puis, au sommet d’un énième talus, elle la sentit, discrète, mais parfaitement reconnaissable. L’odeur
de décomposition du tueur. Elle scruta les alentours. Il n’y avait rien à voir de particulier hormis d’autres
tombes et d’autres talus en partie cachés par la brume. Elle s’accroupit et renifla le sol.
—Vous avez vu quelque chose ? lui demanda Holmann.
Ulrika réfléchit avant de répondre. Elle n’allait pas faire à nouveau l’erreur de lui révéler ses sens
améliorés.
—Je… je ne sais pas, répondit-elle. C’est juste une impression. Continuons par là.
—Je vous suis, dit Holmann avec un geste du menton. J’ai pris l’habitude de faire confiance à ces
pressentiments. Sigmar guide ses serviteurs.
Ulrika sourit. Elle ferait plutôt confiance à son nez. Sigmar n’allait sans doute pas venir en aide à une
femme de sa nature.
La puanteur se renforça alors qu’ils poursuivaient vers l’ouest à travers un bosquet d’arbres tordus,
puis ils gravirent un autre remblai pour franchir une rangée de cyprès qui dominait une petite dépression
arrondie. La puanteur frappa littéralement Ulrika au visage et même Holmann grimaça de dégoût. Cela
semblait venir de tout autour d’eux, encore plus dense que le brouillard.
—Par Sigmar, murmura-t-il. Encore cette odeur !
—Oui, répondit Ulrika avec un plissement de nez. Je crois que nous avons trouvé le bon endroit.
Ils plongèrent les yeux vers le fond de la cuvette dont les flancs étaient saupoudrés de monuments plus
ou moins délabrés. On aurait dit les dents d’une sangsue géante. Au fond, dans ce qui aurait dû être la
gueule du monstre, un amas de mausolées en partie écroulés entourait une fontaine asséchée depuis bien
longtemps, au milieu de laquelle se dressait une statue d’Ulric le dieu loup, à laquelle il manquait la tête.
Le templier fit un arc de cercle avec sa lanterne.
—Je vous parie que l’une de ces tombes abrite autre chose que ses habitants légitimes.
—Je veux bien vous croire, répondit Ulrika.
Holmann s’engagea dans la pente douce tout en tirant sa longue épée.
—Alors, allons les en expulser comme il se doit.
Ulrika hésita. Elle n’était pas certaine que cela fût une bonne idée. Contrairement au chasseur de
sorcières, elle avait vu ce dont le monstre qui avait massacré les Lahmianes était capable. Il n’avait fait
qu’une bouchée de vampires disposant de plusieurs siècles d’expérience. Elle se savait fine escrimeuse
et ses nouvelles capacités renforçaient ses capacités, mais elle n’avait pas assez confiance en elle pour
marcher seule sus à une telle chose. Car elle serait réellement seule. Holmann était brave et droit, mais
aucun humain, pas même un templier de Sigmar, ne tiendrait plus de quelques secondes face à cette bête.
—Messire templier, attendez ! chuchota-t-elle en le rattrapant tout en tirant elle aussi son sabre. Nous
pourrions avoir à faire à plus fort que nous. Nous devrions faire une reconnaissance et voir s’il nous faut
revenir avec des renforts.
Holmann se retourna, les sourcils froncés, mais il se détendit.
—Pardonnez-moi, Fräulein, lui dit-il. Je vous entraîne au milieu des dangers sans même vous demander
votre avis. Il lui sourit. Vous vous êtes montrée si brave jusqu’à présent que j’en oublie que vous n’êtes
qu’une…
Ulrika le fit taire d’un geste de la main. Elle avait perçu un bruit. Elle se retourna et regarda dans son
dos, quelque chose se déplaçait dans la brume en haut de la pente.
—Du mouvement au-dessus de nous, souffla-t-elle.
Holmann leva sa lanterne et regarda vers le bas.