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Au-delà du fait que l’ethnicisation de la politique s’est poursuivi, la période de 1960–
1972 a été également une période de grande turbulence politique avec plusieurs changements
de régimes politiques. Suite à des créations de nouveaux partis politiques, de
formation et de cassures d’alliances politiques, la gestion des institutions de la République
était devenue extrêmement difficile. L’on assistait par conséquent à des blocages
fréquents du fonctionnement des institutions de l’Etat aggravés par les mouvements
syndicaux. Ces évènements servaient de prétextes aux hommes en uniformes pour
interrompre tout aussi fréquemment le processus de démocratisation entamé en 1960.
Le Bénin a par conséquent connu six coups d’Etat réussis et au moins autant de tentatives
avortées pendant la période de 1960 à 1972. Après la Constitution de novembre 1960,
le Bénin a expérimenté plusieurs autres constitutions ou des textes à valeurs constitutionnelles
jusqu’en 1972. C’est ainsi qu’il y a eu une deuxième constitution en 1964, une
Charte en septembre 1966, une troisième constitution en 1968, une ordonnance constitutionnelle
en 1969 et une deuxième ordonnance constitutionnelle en 1970. Ces différents
textes constitutionnels ont permis au Peuple d’expérimenter plusieurs types de régimes.
De 1960 à 1972, le Bénin a essayé un système présidentiel, un système parlementaire et
un système semi-présidentiel. Le dernier système politique essayé a été un système de
conseil présidentiel où les trois leaders contrôlant les trois régions du pays constituaient
le Pouvoir Exécutif collégial et où chacun devrait diriger le pays pour deux ans.
Toutes ces expériences ont eu pour conséquence majeure, l’incapacité du pays et
de son élite à apprendre la gestion démocratique du pays. En effet, entre 1960 et 1972,
aucune Législature n’est allée jusqu’à son terme, elles ont toutes été interrompues en
cours de mandant. De la même manière c’était difficile de parler d’expérience en matière
de gouvernance électorale dans la mesure où c’était non seulement l’Administration
qui était en charge de la gestion des élections, mais la plupart du temps c’était sous le
contrôle d’un gouvernement militaire. C’est dans ces conditions que les militaires sont
intervenus une dernière fois en octobre 1972 pour mettre en place trois ans plus tard un
régime Marxiste-Léniniste à parti unique qui gouvernera le pays jusqu’à l’avènement du
Renouveau démocratique en 1990.
L’expérience du parti unique marxiste
La troisième phase, celle allant de 1972 à 1990, a été initiée par les militaires pour
mettre fin à ce qu’ils appelaient l’incapacité des civiles à diriger le pays. Cette phase a
été essentiellement caractérisée par une confiscation des libertés et droits fondamentaux
des citoyens, la création d’un parti et d’un mouvement syndical uniques. Même la
société civile, c’est-à-dire les mouvements de jeunes et des femmes, était unique.
Le régime Marxiste-Léniniste ainsi installé n’offrait aucune possibilité d’apprentissage
en matière de gouvernance électorale. Même si des élections étaient périodiquement
organisées, les résultats étaient connus d’avance et les scores étaient de l’ordre de
99,99%. La seule constante par rapport aux régimes passés, et qui se poursuit à ce jour,
est la prise en compte de la pluralité ethnique du pays dans sa gestion politique. En effet,
20 ORGANES DE GESTION DES ELECTIONS EN AFRIQUE DE L’OUEST