EN BREF... - Maroc Hebdo International
EN BREF... - Maroc Hebdo International
EN BREF... - Maroc Hebdo International
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
DÉBAT<br />
Le docteur Kamal Oufroukhi revient sur un article de MHI<br />
à propos du boycott de l’élection au sein du Conseil national<br />
des de l’Ordre des médecins. Pour lui, tout est en règle.<br />
Un Ordre démocratique<br />
Driss Archane, président du Conseil national de l’Ordre des médecins.<br />
L’article paru dans le<br />
numéro 702 de votre<br />
hebdomadaire traitant<br />
la controverse née du boycott<br />
des élections du conseil<br />
national de l’Ordre des médecins<br />
a retenu mon attention,<br />
permettez-moi d’apporter<br />
mon point de vue et les éclaircissements<br />
qui me semblent<br />
être utiles pour comprendre<br />
les tenants et aboutissants de<br />
cette «crise».<br />
Contrairement à ce que laissent<br />
entendre les syndicats<br />
contestataires, le fonctionnement<br />
de l’Ordre des médecins<br />
est démocratique.<br />
L’ensemble des conseillers<br />
66<br />
est élu par les médecins à jour<br />
de leurs cotisations, les présidents<br />
des conseils régionaux,<br />
véritables interlocuteurs<br />
des praticiens, sont également<br />
élus par leurs pairs,<br />
seul le président du conseil<br />
national est nommé par<br />
Dahir.<br />
Il me semble que cette nomination<br />
devrait être ressentie<br />
par mes confrères comme un<br />
honneur et non comme un<br />
dévoiement des principes<br />
démocratiques, l’Ordre des<br />
médecins étant le seul ordre<br />
professionnel jouissant d’un<br />
tel privilège. Le législateur a<br />
voulu signifier la spécificité<br />
et l’importance accordée à<br />
cette profession, et cette décision<br />
avait été vraisemblablement<br />
prise pour mettre à la<br />
tête du Conseil national une<br />
personnalité connue et reconnue<br />
jouissant du respect de<br />
tous et ayant des facilités<br />
d’accès aux plus hautes autorités<br />
du pays, et personne ne<br />
pourrait contester le fait que<br />
le président actuel répond à<br />
ces critères.<br />
La nomination du président<br />
met également l’Ordre à l’abri<br />
des dissensions politiques,<br />
syndicales, voire religieuses!<br />
Et puis, ce n’est pas parce<br />
que le président est nommé<br />
par Dahir qu’il est une espèce<br />
de grand chef incontesté et<br />
incontestable. Faire croire ça<br />
serait une insulte aux<br />
conseillers nationaux élus qui<br />
se seraient contentés de faire<br />
de la figuration dans l’ombre<br />
du général!<br />
Et encore pire, le calcul poli-<br />
Mais ce n’est pas parce que<br />
le président est nommé par<br />
Dahir qu’il est incontestable.<br />
tique des syndicats contestataires<br />
est au mieux irréfléchi<br />
et au pire dangereux.<br />
Ce coup de force n’honore<br />
ni la médecine, ni la démocratie,<br />
et on est d’autant plus<br />
atterrés que le programme<br />
des syndicats pour la refonte<br />
de l’Ordre peut être résumé<br />
dans quelques phrases “un<br />
ordre fort dont tous les membres<br />
seront élus démocratiquement,<br />
et dont les prérogatives<br />
devront porter uniquement<br />
sur les questions<br />
déontologiques, laissant de<br />
côté les points d’ordre matériel.<br />
Un ordre uni où il n’y a<br />
pas de place à des collèges<br />
sectoriels.<br />
Il est évident aussi que l’ordre<br />
des médecins ne saurait<br />
être une vache sacrée, et que<br />
sa critique est non seulement<br />
licite, mais souhaitable, pour<br />
en améliorer l’exercice et<br />
moderniser le fonctionnement.<br />
On aurait aimé les entendre<br />
sur le dossier de l’AMO ou<br />
celui du TPA (qui pourrait<br />
être assimilé à un exercice<br />
illégal de la médecine) ou<br />
encore celui du fonctionnement<br />
des ligues, qui transforment<br />
des pans entiers de<br />
l’activité hospitalière en activité<br />
privée dans une étonnante<br />
absence de transparence,<br />
ou encore des polycliniques<br />
de la CNSS, dont les<br />
médecins exercent dans un<br />
système bâtard mi-privé mipublic,<br />
etc. Mais cela ne justifie<br />
pas de jeter le bébé avec<br />
l’eau du bain et de refuser de<br />
participer à des élections sous<br />
prétexte d’un prétendu déficit<br />
démocratique dans la<br />
nomination du président.(…)<br />
Oui le conseil de l’Ordre a<br />
besoin d’une évolution, mais<br />
pas d’une révolution.❏<br />
Dr Kamal Oufroukhi<br />
<strong>Maroc</strong> <strong>Hebdo</strong> <strong>International</strong> N°713 du 29 Septembre au 5 Octobre 2006