EN BREF... - Maroc Hebdo International
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prêt. Ismaël, Rania,<br />
nent le temps d’apprécier<br />
sant de la fumée parfumée<br />
ers la cheminée.<br />
posé du produit de contrebande à 13<br />
dirhams, mais Ismaël a décliné l’offre,<br />
il veut en mettre plein la vue à ses<br />
copains. Le jeune gaillard, par souci<br />
d’hygiène, s’est même muni de petits<br />
tips en plastique individuels pour l’embouchure<br />
du tuyau.<br />
Ismaël recouvre le foyer d’une feuille<br />
d’aluminium pour une meilleure combustion<br />
avant de la percer de quelques<br />
trous. Il dépose quelques braises de<br />
charbon sur l’aluminum en s’aidant<br />
d’une pince en métal.<br />
C’est Saïd, le gardien de l’immeuble,<br />
qui s’est chargé de ramener le charbon<br />
syrien de Derb Soltane, pour 20 dirhams<br />
le kilo. Facilement incandescent,<br />
dénué de produits chimiques et durable,<br />
c’est le must actuel du marché de la<br />
chicha. On a déconseillé à Saïd le charbon<br />
«spécial», réputé pour provoquer<br />
des maux de tête.<br />
Le narguilé est fin prêt. Ismaël, Rania,<br />
Inès et Mamoune prennent le temps<br />
d’apprécier l’effet légèrement euphorisant<br />
de la fumée parfumée passant à<br />
travers la cheminée. Les cendres du<br />
charbon retombent paresseusement<br />
dans le cendrier en soucoupe tandis que<br />
se font entendre les gargouillis de l’eau<br />
dans le réservoir vitré. La prochaine<br />
fois, Dingo et ses potes agrémenteront<br />
la taâssila d’un peu de haschich pour<br />
encore plus de fun et de flip’.<br />
Non loin de là, dans un café sur le boulevard<br />
Zerktouni. Etudiants modestes,<br />
petits fonctionnaires, employés moyens<br />
et chômeurs plus ou moins diplômés<br />
aiment se retrouver dans cette ambiance<br />
sans fioritures après la rupture du jeûn.<br />
Ici, la chair se monnaye comme partout<br />
ailleurs à Casablanca, mais on l’apprécie<br />
singulièrement opulente, généreuse.<br />
Les djellabas étroites et tignasses<br />
décolorées côtoient les chevelure<br />
noir corbeau et les jeans sérieusement<br />
moulants.<br />
Les filles, attablées avec quelques clients<br />
, fument à tour de rôle leur narguilé à<br />
la pomme, l’arôme le plus classique et<br />
le plus demandé. Une séance de chicha<br />
coûte 30 dirhams.<br />
Le gérant du café toise les intrus avec<br />
méfiance, les descentes de flics sont<br />
toujours inopinées. Hier à peine, il a dû<br />
graisser la patte à un agent d’autorité afin<br />
qu’il ferme les yeux. 1.000 dirhams, ce<br />
n’est pas rien, même si son commerce<br />
de narguilé est plutôt juteux.<br />
Soundouss, Namira (tigresse), de son<br />
surnom professionnel, 20 ans, tire sur<br />
l’embout du narguilé, l’air rêveur.<br />
<strong>Maroc</strong> <strong>Hebdo</strong> <strong>International</strong> N°713 du 29 Septembre au 5 Octobre 2006<br />
Elle aurait tant voulu être ailleurs, dans<br />
un de ces cabarets orientaux de la côte,<br />
accompagnée d’un prodigue client des<br />
pays du Golfe, se déhanchant sur les<br />
rythmes lancinants d’une lascive starlette<br />
libanaise.<br />
Ses copines lui ont confié que, là-bas,<br />
le narguilé est facturé jusqu’à 200 dhs<br />
la séance. Demain, elle se renseignera<br />
pour savoir si un de ces établissements<br />
est ouvert pendant le mois de ramadan.<br />
Racine.<br />
Snobisme et m’as-tu-vu à gogo dans<br />
ce café-restaurant «hype». Les effluves<br />
fruitées de narguilé se mélangent à<br />
d’autres fragrances, celles des clients<br />
qui n’hésitent pas à forcer sur le flacon<br />
de parfum pour les uns et le maquillage<br />
pour les autres.<br />
A 120 dirhams la séance de chicha, la<br />
« sélection sociale» se fait d’elle-même.<br />
Jeunes cols blancs, fils à papa en jean<br />
Armani et chemise Ralph Lauren séduisent<br />
de loin ou draguent de près<br />
quelques lolitas et autres fashion-victims<br />
de la jeunesse privilégiée casablancaise.<br />
Ici, on fume plus pour la frime –on<br />
avale rarement la fumée- pour les filles<br />
et un peu pour la détente et le plaisir,<br />
pour les mecs.<br />
Variation des lieux, variation des prix,<br />
variation des arômes, variation des plaisirs,<br />
variation des rêves.<br />
Bienvenue au <strong>Maroc</strong> de la Chicha, au<br />
<strong>Maroc</strong> tout simplement.<br />
Mouna Izzdine<br />
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© Ph.DR