EN BREF... - Maroc Hebdo International
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SOCIÉTÉ ET CULTURE<br />
Le <strong>Maroc</strong><br />
de la Chicha<br />
Depuis son entrée au pays vers la fin des<br />
années 90, le narguilé fait un nombre<br />
croissant d’adeptes, surtout parmi la<br />
jeunesse, sortant de la fonction ornementale<br />
qui lui était jusqu’alors réservée.<br />
Pendant le mois de ramadan,la pipe à eau<br />
persane devient carrément une institution.<br />
Reportage autour d’une mode venue<br />
d’Orient.<br />
Il est un peu plus de 20 heures à<br />
Casablanca. Les mosquées se<br />
vident peu à peu des derniers fidèles<br />
venus plus nombreux que<br />
d’habitude pour la prière du Icha, ferveur<br />
religieuse du mois sacré oblige.<br />
Les petites ruelles et grands boulevards<br />
de la blanche métropole retrouvent leur<br />
agitation habituelle. L’automne est plutôt<br />
clément en ce ramadan 2006. Les<br />
ventres repus et les gorges désaltérées<br />
de l’après-f’tour cherchent à prolonger<br />
les plaisirs du corps et de l’esprit.<br />
Dans une gargote miteuse de Bab<br />
Marrakech, derrière les remparts séculaires<br />
de l’ancienne médina, le «sexe<br />
faible», fourré derrière ses fourneaux<br />
ou scotché à une quelconque série télévisée<br />
égyptienne, n’a pas sa place.<br />
Moustaches brunes, corps gringalets ou<br />
ventripotents parlent fort, échangent<br />
blagues grasses et plaisanteries lubriques<br />
en même temps que les bouffées de narguilé.<br />
Les doigts tachés de nicotine saisissent<br />
goûlument le long tuyau à même<br />
la bouche. L’exiguïté du lieu rend l’atmosphère<br />
suffocante. Pour 20 dirhams,<br />
et même moins pour les habitués, les<br />
clients peuvent s’offrir une séance<br />
entière de chicha.<br />
Des aspirations salvatrices pour Hamid,<br />
50<br />
30 ans, qui espère faussement trouver<br />
là un maigre substitut aux verres de vin<br />
rouge bon marché qu’il a l’habitude de<br />
boire pour tremper son désespoir de<br />
chômeur «longue durée ».<br />
Changement brutal de décor au chic<br />
quartier Gauthier, non loin de la médina.<br />
Dans cet appartement bourgeois, un<br />
échantillon de la jeunesse dorée marocaine,<br />
comme d’aucuns se plaisent à la<br />
dénommer, «s’éclate» aussi à sa manière<br />
autour de la très populaire chicha.<br />
En temps normal, le clan d’ados se serait<br />
bien rendu dans une boîte de nuit branchée<br />
de Aïn Diab, mais, après tout, il faut<br />
bien trouver d’autres voies de distraction<br />
et un mois est vite passé.<br />
C’est Ismaël, alias Dingo pour les intimes,<br />
17 ans, qui a fourni le matériel.<br />
L’adolescent s’est débrouillé un grand<br />
narguilé à 150 dirhams, après un long<br />
marchandage avec un commerçant du<br />
quartier Habous. Il aurait préféré faire<br />
main basse sur le luxueux narguilé orné<br />
d’or, offert par un riche homme d’affaires<br />
égyptien à son père, qui trône,<br />
majestueux et insolent, dans le salon<br />
familial.<br />
Sous les regards néophytes de ses compagnons,<br />
admiratif devant tant de dextérité,<br />
Ismaël remplit le vase en verre<br />
Le narguilé est fin<br />
Inès et Mamoune pren<br />
l’effet légèrement euphri<br />
passant à trav<br />
d’eau pour réduire l’absorption de nicotine,<br />
insère le tuyau dans la cheminée<br />
et dépose la taâssila , (tabac arômatisé<br />
aux fruits rouges, pour faire plaisir aux<br />
filles) dans la petite cuvette en terre<br />
cuite faisant office de foyer. Le paquet<br />
de taâssila lui a coûté 18 dirhams. Le<br />
vendeur du bureau de tabac lui a pro-<br />
<strong>Maroc</strong> <strong>Hebdo</strong> <strong>International</strong> N°713 du 29 Septembre au 5 Octobre 2006<br />
© Ph.DR