EN BREF... - Maroc Hebdo International
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en Algérie. Le caporal est<br />
inspiré par la figure de<br />
Ben Bella.<br />
Grâce à un travail de<br />
recherches en profondeur<br />
auprès d’anciens combattants<br />
et de leurs<br />
familles, Rachid<br />
Bouchareb met en<br />
lumière les sentiments<br />
contradictoires de ces soldats<br />
venus d’ailleurs,<br />
chairs à canon engagées corps et âme<br />
dans la défense d’un pays qui ne le<br />
leur rend pas. A chaque seconde, on<br />
ressent leur incompréhension, leur sentiment<br />
de rejet, leur résignation devant<br />
cet engagement à sens unique. Leur<br />
peur, aussi, de laisser leur peau dans<br />
les forêts vosgiennes et de mourir loin<br />
de chez eux. Présenté à la 59ème édition<br />
du festival de Cannes, organisé<br />
du 17 au 27 mai 2006, les Indigènes<br />
a reçu le prix collectif de l’interprétation<br />
masculine. Ce long-métrage a<br />
également remis sur le tapis le débat<br />
autour des tirailleurs. Sur son site, l’équipe<br />
du film lance d’ailleurs un appel<br />
au président Jacques Chirac<br />
pour l’égalité des droits<br />
entre les anciens combattants<br />
français et coloniaux.<br />
En guise de réponse, le chef<br />
d’Etat français a assisté en<br />
début de septembre à une<br />
avant-première du film en<br />
compagnie de Jamel<br />
Debbouze. La première<br />
marocaine a lieu le 4 octobre<br />
2006 au Megarama de<br />
Casablanca, en présence de Jamel<br />
Debbouze et Rachid Bouchareb.<br />
Plus qu’une oeuvre cinématographique,<br />
Rachid Bouchareb a fait appel<br />
au cinéma pour réparer certains<br />
oublis.❏<br />
Loubna Bernichi<br />
Une injustice a été levée<br />
Jamais un film n’aura autant influé<br />
sur le cours de l’histoire comme l’a<br />
fait l’excellent Indigènes du réalisateur<br />
algérien Rachid Bouchareb. En effet,<br />
c’est en quelque sorte grâce à cette<br />
superproduction tournée entre le <strong>Maroc</strong><br />
et la France qu’a été levée l’injustice qui<br />
frappe, depuis presque un demi-siècle,<br />
les anciens combattants de l’ex-empire<br />
colonial ayant combattu dans l’armée<br />
française. Désormais, ces derniers recevront<br />
les mêmes pensions que les nationaux<br />
français, a annoncé mercredi 27<br />
septembre 2006 le gouvernement français.<br />
La mesure de «décristallisation»<br />
des soldes concerne quelque 80.000<br />
anciens combattants, résidant notamment<br />
dans les anciennes colonies<br />
d’Afrique noire et du Maghreb.<br />
S’exprimant sur cette mesure prise lors<br />
d’un conseil des ministres, le président<br />
français, Jacques Chirac, a déclaré,<br />
ému, que: “La France accomplit<br />
aujourd’hui un acte de justice et de<br />
reconnaissance envers tous ceux qui<br />
sont venus de l’ex-empire français combattre<br />
sous notre drapeau”.<br />
Jusqu’en 1958, les anciens combattants<br />
issus des colonies françaises ont eu les<br />
mêmes droits à pension que les nationaux<br />
français. Mais, le 26 novembre<br />
1959, puis en 1960, en pleine vague de<br />
décolonisation, le Parlement français<br />
a adopté un dispositif dit de «cristallisation»,<br />
qui a transformé leurs pensions<br />
et leurs retraites en «indemnités» non<br />
indexables sur le coût de la vie. Résultat:<br />
un système à multiples vitesses et des<br />
montants versés aux anciens combattants<br />
étrangers jusqu’à dix fois inférieurs<br />
aux pensions perçues par les<br />
Français. Avec leurs 56 euros de pensions,<br />
les Maghrébins (marocains, tunisiens<br />
et algériens) demeurent les plus<br />
mal lotis. Les invalides de guerre français<br />
reçoivent 687 euros par mois,<br />
contre 229 euros pour les Sénégalais<br />
et moins de 76 euros pour les<br />
<strong>Maroc</strong>ains, Tunisiens ou<br />
Algériens.<br />
En 2002, au nom d’une<br />
curieuse conception de<br />
l’«équité» et de la «parité»,<br />
leurs pensions avaient été<br />
revalorisées, mais seulement<br />
en fonction du coût de la vie<br />
dans les pays où ils résident.<br />
En revanche, cette loi ne prévoyait<br />
aucune révision à la<br />
baisse des pensions des<br />
anciens combattants français<br />
qui élisent domicile dans des<br />
© Ph.DR<br />
pays où le coût de la vie est des plus bas.<br />
Il s’agissait donc bel et bien de perpétuer<br />
la discrimination sous une autre<br />
forme. Aujourd’hui, le gouvernement<br />
français semble résolu à instaurer l’égalité.<br />
La revalorisation sera appliquée<br />
dès 2007, pour un coût global de 110<br />
millions d’euros par an. Mais d’ores et<br />
déjà, plusieurs associations d’anciens<br />
combattants militent pour que cette<br />
mesure ait un effet rétroactif. Interrogé<br />
sur un éventuel rattrapage dans le versement<br />
des pensions, gelées depuis<br />
1959, M. Mekachera a répondu: “ce<br />
n’est pas d’actualité pour l’instant”.<br />
Le combat continue. ❏<br />
M. El Atouabi<br />
© Ph.DR