EN BREF... - Maroc Hebdo International
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© Ph.DR<br />
SOCIÉTÉ ET CULTURE<br />
Ahmed Tommouhi et Abderrazak Mounib ont été condamnés<br />
en Espagne à de lourdes peines de prison pour des crimes qu’ils<br />
n’ont jamais commmis. Une erreur judiciaire flagrante.<br />
Victimes d’une justice<br />
espagnole injuste<br />
Le 18 septembre 2006, l’immigré<br />
marocain en Espagne<br />
Ahmed Tommouhi, 55 ans, est<br />
sorti de la prison Brians de Barcelone,<br />
en liberté conditionnelle. Il y a été<br />
incarcéré, depuis novembre 1991 pour<br />
quatre viols et divers autres crimes et<br />
délits dans ce qui pourrait bien être<br />
l’une des erreurs judiciaires les plus<br />
flagrantes de l’Espagne démocratique.<br />
Cependant, il s’estime heureux d’avoir<br />
survécu à son calvaire, contrairement<br />
à son compatriote Abderrazak<br />
Mounib, condamné pour les mêmes<br />
affaires, mort dans la même prison, en<br />
avril 2000, d’une défaillance cardiaque.<br />
Né à Nador, au nord du <strong>Maroc</strong>, Ahmed<br />
Tommouhi n’a fréquenté l’école<br />
qu’épisodiquement. Dès sa prime jeunesse,<br />
il a dû apprendre à travailler le<br />
46<br />
sol ingrat des montagnes rifaines. À<br />
force de labeur, il intègre ce primat<br />
qui veut qu’on ne récolte que ce qu’on<br />
sème. Mais une justice espagnole daltonienne<br />
se chargera de le démentir.<br />
Parlant à peine l’espagnol, Tammouhi<br />
débarque en 1988 chez son frère Omar<br />
à Martorell, en Catalogne, rempli de<br />
tous les espoirs du monde d’avoir la<br />
possibilité d’offrir une vie meilleure<br />
6 procès qui<br />
dureront de<br />
septembre 1992<br />
à octobre 1995,<br />
au terme desquels<br />
Tommouhi<br />
et Mounib écoperont<br />
de plus<br />
d’un siècle et<br />
demi de taule<br />
chacun.<br />
La page d’accueil d’un site web<br />
espagnol dédié à l’affaire Tommouhi<br />
à sa femme et ses trois enfants laissés<br />
au bled.<br />
Le 9 novembre 1991, après un crochet<br />
par Girone où il travaille dans le<br />
ramassage de fruits, il débarque à<br />
Terrassa, dans les environs de<br />
Barcelone où, lui a-t-on assuré, le travail<br />
ne manque pas dans le bâtiment.<br />
Une fois là-bas, il s’installe à la pension<br />
Agut, où il partage une chambre<br />
avec un compatriote fassi, Mustafa<br />
Zaïdane, question de réduire les frais.<br />
Il était loin de se douter qu’il venait audevant<br />
de son malheur.<br />
Comme c’est la règle dans tous les<br />
établissements hôteliers, le gérant de<br />
la pension communique la liste de ses<br />
locataires au commissariat de police<br />
dont il relève. L’officier de service qui<br />
l’accueille finissait juste de lire une<br />
circulaire relative à une série d’agressions<br />
sexuelles sauvages dont la région<br />
était le théâtre, commises par deux<br />
hommes de «type nord-africain» qui<br />
parlent une langue qui «pourrait être<br />
l’arabe».<br />
L’agent relève deux noms arabes sur<br />
la liste des hôtes de la pension. Ahmed<br />
Tommouhi et Mustafa Zaïdane sont<br />
arrêtés pour les besoins de l’enquête.<br />
Ce dernier est relâché car ne cadrant<br />
pas avec le profil recherché.<br />
Tommouhi, résident réglementaire et<br />
sans antécédents judiciaires, est incarcéré<br />
le 11 novembre.<br />
Pour faire la paire, la Guardia civil va<br />
jusqu’à Barcelone cueillir, le 13<br />
novembre, le malheureux Abderrazak<br />
Mounib, résident régulier en Espagne<br />
depuis 1975, natif de Fès et père de 4<br />
enfants. Sans antécédent judiciaire, il<br />
était tout de même fiché pour un délit<br />
mineur remontant à 1977.<br />
La machine d’une justice manichéenne,<br />
à la limite du raciste, se met<br />
en branle. On reproche d’abord aux<br />
deux quidams plus de 10 chefs d’accusation.<br />
Finalement, ils ne seront<br />
jugés que pour quatre délits chacun,<br />
dont seuls deux en commun. 6 procès<br />
qui dureront de septembre 1992 à octobre<br />
1995, au terme desquels ils ☛<br />
<strong>Maroc</strong> <strong>Hebdo</strong> <strong>International</strong> N°713 du 29 Septembre au 5 Octobre 2006