EN BREF... - Maroc Hebdo International
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© Ph.AFP<br />
POLITIQUE<br />
ce d’un général des FAR. Cette décision<br />
surprend tout le Landerneau militaire<br />
et politique.<br />
Elle déroge à une tradition établie depuis<br />
la création de la DGED qui veut<br />
que ce soit un militaire qui la dirige<br />
(Ahmed Dlimi, Abdelhak El Kadiri,<br />
Ahmed Harchi). Elle témoigne surtout<br />
de la ferme volonté du Souverain<br />
d’être à l’écoute la plus fine possible<br />
de la vie de l’institution<br />
militaire, mais aussi des<br />
évolutions de la politique<br />
internationale, la DGED<br />
étant aussi en charge d’une<br />
grande part de la diplomatie<br />
secrète du Roi.<br />
Voilà bien de quoi contenir<br />
désormais les débordements du général<br />
Hamidou Laânigri, qui outrepassait<br />
allègrement ses strictes attributions<br />
de patron de la DST, puis de<br />
la DGSN, pour connaître de tous les<br />
dossiers impliquant ou sentant le sécuritaire…<br />
Le remplacement de Ahmed Harari<br />
par Abdellatif Hammouchi constitue<br />
une autre étape du cantonnement de<br />
Laânigri. Bien à l’étroit à la DGSN, il<br />
n’en continuait pas moins à plaider<br />
pour une stratégie anti-islamiste, articulée<br />
sur des formes d’action particulières.<br />
Ses avis n’étaient plus pris en<br />
compte, perçus qu’ils étaient, dit-on,<br />
comme relevant du dogme de l’infaillibilité<br />
papale.<br />
Cet appareil ne pourra “tenir” que<br />
s’il continue à s’appuyer sur les FAR,<br />
qui relèvent d’un autre délégataire<br />
du Roi, le général Hosni Benslimane.<br />
Sa perte de territoire se doublait immanquablement<br />
d’un recul d’influence.<br />
Il ne disposait pas davantage de<br />
l’appui des grands généraux de l’armée,<br />
plutôt réservés quant à son ambition<br />
jugée démesurée et à son parcours<br />
peu conventionnel. La lecture<br />
critique que fait S.M Mohammed VI<br />
du bilan de la lutte antiterroriste,<br />
dans l’interview<br />
donnée au quotidien<br />
espagnol El Pais,<br />
en janvier 2005, ne lui<br />
échappe guère: elle traduit<br />
un décrochage<br />
royal par rapport à son<br />
action.<br />
Pour autant, Hamidou<br />
Laânigri est resté en<br />
fonction jusqu’au 13<br />
septembre 2006. Et il aura<br />
fallu cette affaire de<br />
Hassan Khattab et de sa<br />
cellule antiterroriste,<br />
Ansar Al Mahdi, pour limoger<br />
à la fin juillet<br />
2006 le général<br />
Mohamed Belbachir du<br />
5ème bureau des FAR,<br />
remplacé par le colonelmajor<br />
Mohamed<br />
Maïche. Six semaines<br />
plus tard, c’est une autre<br />
affaire liée, celle-là, à<br />
un trafiquant de drogue<br />
de Tanger, Mohamed<br />
Général Hosni Bensimane.<br />
Kharraz, alias Cherif Bin Al Ouidane,<br />
qui sera à l’origine du départ du général<br />
Laânigri de la DGSN pour se voir<br />
confier l’inspection générale des<br />
Forces auxiliaires.<br />
Avec la nomination, 13 septembre<br />
2006, du nouveau patron de la DGSN,<br />
Charki Draïss, homme proche de<br />
Fouad Ali El Himma et de Yacine<br />
Mansouri, on peut dire que la boucle<br />
sécuritaire est pratique-<br />
ment bouclée. Au sommet<br />
de l’appareil, le Roi, détenteur<br />
des pouvoirs: il est<br />
le mandant parce qu’il a<br />
en charge l’essentiel national<br />
du fait de son statut<br />
constitutionnel et politique<br />
et de Commandeur des croyants.<br />
Reste à préciser les délégataires: le ministre<br />
délégué à l’Intérieur, Fouad Ali<br />
El Himma, à qui est confié un rôle de<br />
supervision et de coordination, puis<br />
Yacine Mansouri à la tête de la DGED,<br />
puis encore Mohamed Maïche à la direction<br />
de la sécurité militaire, Charki<br />
Draïss patron de la DGSN et Abdellatif<br />
Hammouchi, qui dirige la DST.<br />
Que ce nouveau système sécuritaire<br />
ait gagné en cohérence et en coordination,<br />
voilà qui ne paraît guère contestable.<br />
Y prévaut en effet le principe de<br />
l’unité de commandement et<br />
d’orientation par suite de la place centrale<br />
du Roi dans ce dispositif. Il permet,<br />
également, une réactivité plus directe<br />
et plus rapide aux situations de<br />
tension en même temps qu’il dispose<br />
des coudées les plus franches pour une<br />
politique de prévention conséquente.<br />
Mais, on n’omettra pas de relever que<br />
cet appareil ne pourra “tenir” que s’il<br />
continue à s’appuyer sur une institution<br />
centrale comme les FAR. Pour l’heure,<br />
ce corps relève d’un autre délégataire<br />
du Roi, le général Hosni<br />
Benslimane, un grand professionnel<br />
dont la loyauté et la compétence sont<br />
unanimement reconnues.<br />
Avec lui, le Roi dispose d’un large<br />
spectre sécuritaire –une transition qui,<br />
elle, a mis sept ans pour s’opérer finalement,<br />
même avec des à-coups et<br />
des pas de tango…❏<br />
Mustapha Sehimi