EN BREF... - Maroc Hebdo International
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Mustapha Sehimi<br />
Deux dossiers de levée de l’immunité en instance<br />
devant le Parlement<br />
Immunité ou impunité<br />
parlementaire ?<br />
Mauvaise rentrée pour certains parlementaires!<br />
Après la sortie remarquée de Chakib<br />
Benmoussa sur le contrôle des dépenses<br />
électorales d’une dizaine de membres de la Chambre<br />
des Conseillers, voilà que sortent plusieurs dossiers<br />
touchant la levée de l’immunité parlementaire de<br />
membres des deux Chambres.<br />
Levons tout de suite une confusion, pas forcément<br />
innocente, bien sûr, entretenue par le personnel intéressé<br />
quant à la nature et à la portée de l’immunité parlementaire.<br />
Contrairement à ce<br />
qui est souvent avancé à ce sujet,<br />
elle ne signifie aucunement l’impunité.<br />
De manière générale, et<br />
suivant les principes du droit<br />
comparé, l’immunité est une<br />
disposition du statut des parlementaires<br />
qui a pour objet de les<br />
protéger dans le cadre de leurs<br />
fonctions. Au <strong>Maroc</strong>, elle est<br />
définie expressément par l’article<br />
39 de la Constitution.<br />
Quelle est sa nature? Elle<br />
regroupe deux notions distinctes:<br />
l’une est l’irresponsabilité<br />
protégeant le parlementaire de<br />
toute mise en cause pour des<br />
actes accomplis dans le cadre<br />
des ses fonctions (discours, rapports, votes); l’autre<br />
est l’inviolabilité concernant les activités extra-parlementaires.<br />
Ce qui veut dire que le constituant n’a pas<br />
voulu l’impunité ni l’irresponsabilité, mais qu’il s’est<br />
préoccupé d’aménager les conditions d’exercice du<br />
mandat parlementaire en offrant une protection particulière<br />
liée à cette même fonction.<br />
Deux dossiers sont aujourd’hui en instance devant le<br />
Parlement. Le premier intéresse la députée du MP<br />
Halima El Assali, qui a fait l’objet à la mi-juillet d’une<br />
demande de levée d’immunité parlementaire formulée<br />
par le ministre de la Justice sur la base des conclusions<br />
du parquet général de la Cour d’appel de Rabat.<br />
Le constituant n’a<br />
pas voulu l’impunité<br />
ni l’irresponsabilité;<br />
il s’est préoccupé<br />
d’aménager<br />
les conditions<br />
d’exercice<br />
du mandat<br />
parlementaire.<br />
<strong>Maroc</strong> <strong>Hebdo</strong> <strong>International</strong> N°713 du 29 Septembre au 5 Octobre 2006<br />
ÉCLAIRAGE<br />
Motifs de cette requête: “insultes, diffamation et menaces<br />
de mort” contre l‘avocate Aïcha Belqaïd. Le bureau<br />
de la Chambre des Représentants, seul organe compétent<br />
dans l’intersession, doit se prononcer ces joursci<br />
sur ce dossier. L’autre affaire est celle du Conseiller<br />
Ahmed Hajji (RNI). Sur la base d’une demande transmise<br />
par le procureur général de la Cour d’appel de<br />
Fès, la levée de l’immunité de ce parlementaire a été<br />
transmise au ministre de la Justice le 17 octobre 2005<br />
puis réitérée par une nouvelle correspondance en date<br />
du 21 novembre 2005. Me<br />
Mohamed Bouzoubaâ a saisi à son<br />
tour le président de la Chambre<br />
des Conseillers, Mustapha<br />
Oukacha. Les délits reprochés à<br />
Ahmed Hajji sont: escroquerie,<br />
falsification et émission de<br />
chèques sans provision. Ils portent<br />
sur une somme de 5,5 millions<br />
de dirhams.<br />
Alors que le président de la<br />
Chambre des Représentants,<br />
Abdelouaheb Radi (USFP), entend<br />
mener la procédure à son terme,<br />
tel ne semble pas être le cas de<br />
Mustapha Oukacha, président de<br />
la Chambre des Conseillers, qui<br />
n’a toujours pas donné suite, après<br />
neuf mois, à la demande de levée de l’immunité parlementaire<br />
de Ahmed Hajji, appartenant, comme lui,<br />
au RNI.<br />
Dans ces deux affaires, les dispositions de la nouvelle<br />
loi 17-04 relative à l’immunité parlementaire, du<br />
4 novembre 2004 ont été respectées par la justice<br />
–procureur général et ministre. Il importe que le temple<br />
de la Loi qu’est le Parlement donne l’exemple du<br />
respect de l’État de droit et du principe de légalité!<br />
Dans le <strong>Maroc</strong> de la “Nouvelle Ère”, il n’est pas question<br />
de faire du Parlement le sanctuaire de l’impunité<br />
de ceux qui ont commis des délits ou de crimes<br />
sanctionnés par la loi.❏<br />
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