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1 « croyez-vous que Jésus-Christ soit notre sauveur et que par son ...

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Où règnent l’iniquité ap<strong>par</strong>aissent alors l’arbitraire, le désordre, le dérèglement <strong>et</strong> la<br />

contradiction ; mais ce monde où seules la loi <strong>et</strong> Diké, fille de Zeus, règnent, comment<br />

pourrait-il être autre chose <strong>que</strong> la sphère de la culpabilité, de l’expiation, de la<br />

condamnation, <strong>et</strong> en <strong>que</strong>l<strong>que</strong> sorte un lieu de supplice pour tous les damnés ? ».<br />

Qui a <strong>par</strong>lé de l’innocence joyeuse du paganisme <strong>que</strong> le judéo-christianisme aurait balayé ?<br />

Le monde comme lieu d’expiation des pécheurs n’est pas le propre de la chrétienté<br />

médiévale comme le montre ce texte ci-dessus d’Héraclite datant du V e siècle av.JC. Or<br />

l’hybris, la démesure est la chose la plus importante pour la Grèce anti<strong>que</strong> <strong>et</strong> c’est elle,<br />

comme transgression de la loi divine, qui était responsable de la légitime intervention des<br />

Erinnyes, les divinités vengeresses envoyées <strong>par</strong> Zeus, maître de l’ordre cosmi<strong>que</strong> <strong>et</strong> social.<br />

Pour le <strong>Christ</strong>, outre <strong>que</strong> le Père divin est bon avec les méchants <strong>et</strong> ne les punit pas, c<strong>et</strong>te<br />

figure du Père est dissociée de la figure du maître, garant de l’ordre <strong>et</strong> de la loi sociale ( le<br />

<strong>«</strong> Rendez à César …. »). On n’est plus dans l’opposition entre ordre <strong>et</strong> désordre <strong>et</strong> le Satan<br />

christi<strong>que</strong> n’est en rien le responsable du désordre mais l’accusateur public qui accuse<br />

injustement les innocents. Il est le <strong>«</strong> menteur meurtrier » qui, du coté des <strong>«</strong> puissances <strong>et</strong><br />

des dominations », donne toujours rai<strong>son</strong>, dans les mythes <strong>et</strong> les dogmes religieux, du<br />

sacrifice de l’individu soi-disant nécessaire pour sauver le groupe. Le <strong>Christ</strong> refuse le<br />

sacrificiel <strong>par</strong>ce qu’il condamne des innocents : <strong>«</strong> <strong>«</strong> Si <strong>vous</strong> saviez ce <strong>que</strong> signifie : Je prends<br />

plaisir à <strong>«</strong> matricier » <strong>et</strong> non aux sacrifices, <strong>vous</strong> n'auriez pas condamné des innocents »<br />

(Matthieu 12 : 7). Dans l’Evangile de st Luc (9 : 51), l’épisode du passage en Samarie<br />

montre <strong>que</strong> les disciples n’avaient rien compris au message de leur maître lorsqu’ils en<br />

appelaient à Dieu pour qu’il punisse les samaritains de leur mauvais accueil. De même, les<br />

Actes des apôtres attribuent la mort soudaine de Hérode au bras vengeur de l’Ange de Dieu.<br />

L’incompréhension du message christi<strong>que</strong> semble avoir été total chez ses propres disciples<br />

<strong>et</strong> per<strong>son</strong>ne ne s’est jamais demandé pourquoi le recours à saint Paul fut nécessaire pour<br />

palier à c<strong>et</strong>te incompréhension car même si les Epîtres du nouvel apôtre <strong>son</strong>t souvent<br />

<strong>«</strong> brouillon », ils <strong>son</strong>t foncièrement anti-sacrificiels <strong>et</strong> ne valorise jamais la mort (<strong>«</strong> Mort où est<br />

ta victoire ? ») car ils intuitionnent, tant bien <strong>que</strong> mal, <strong>que</strong> la crucifixion m<strong>et</strong> en spectacle les<br />

men<strong>son</strong>gères accusations diaboli<strong>que</strong>s de la figure du maître, garant de la loi sociale (saint<br />

Paul Colossiens 2:14) :<br />

<strong>«</strong> Il a effacé la loi mosaï<strong>que</strong> dont les ordonnances nous condamnaient <strong>et</strong> qui subsistait<br />

contre nous, <strong>et</strong> il l’a détruite en la clouant à la croix ; il a dépouillé les dominations <strong>et</strong> les<br />

autorités, <strong>et</strong> les a livrées publi<strong>que</strong>ment en spectacle, en triomphant d'elles <strong>par</strong> la croix ».<br />

La dénomination de <strong>«</strong> Justice de Dieu » chez le <strong>Christ</strong> a une signification inverse à la justice<br />

divine traditionnelle qui s’appli<strong>que</strong>, elle, à la punition du fauteur du désordre <strong>et</strong> du<br />

transgresseur de la loi sociale. La <strong>par</strong>abole des vignerons assassins dénoncent c<strong>et</strong>te vérité<br />

fondamentale <strong>que</strong> les humains depuis l’origine de l’humanité se structurent sur le sacrifice de<br />

l’individu nécessaire à la bonne santé du groupe car, comme le dit le grand prêtre<br />

Caïphe : <strong>«</strong> il est de <strong>notre</strong> intérêt qu'un seul homme meure pour le peuple <strong>et</strong> <strong>que</strong> la nation<br />

entière ne périsse pas » (Jean 11- 50). A l’opposé, le <strong>Christ</strong> donne la <strong>par</strong>abole du bon berger<br />

qui quitte le troupeau pour s’occuper de l’uni<strong>que</strong> brebis égarée. Il est à noter <strong>que</strong> de manière<br />

aberrante, le rédacteur de l’Evangile reprend à <strong>son</strong> compte les dires abominables de Caïphe<br />

en les considérant comme prophéti<strong>que</strong>s au regard du <strong>par</strong>adigme du <strong>«</strong> juste souffrant » du<br />

second Isaïe dont le sacrifice sauve le peuple des croyants en les justifiant <strong>et</strong> en apaisant<br />

ainsi la colère de Dieu. C<strong>et</strong>te problémati<strong>que</strong> sacrificielle archaï<strong>que</strong> se r<strong>et</strong>rouve dans<br />

certaines formes de la superstition comme la corde du pendu, le toucher du bois (de la croix)<br />

ou le toucher la bosse du bossu. René Girard a très bien montré <strong>que</strong> la différence physi<strong>que</strong><br />

était capitale pour l’horizon primitif dans le choix du <strong>«</strong> bouc émissaire ». Elle l’est toujours<br />

dans les cours de nos écoles enfantines. Lucien Lévy Brühl a, lui, de <strong>son</strong> coté, montré <strong>que</strong><br />

dans le phénomène des <strong>«</strong> monstra » dans l’horizon primitif, l’élimination pure <strong>et</strong> simple était<br />

la solution r<strong>et</strong>enue à ce qui était différent <strong>et</strong> non-conforme à l’ordre des choses. Or c’est la<br />

figure du maître qui est le garant de l’ordre cosmi<strong>que</strong> <strong>et</strong> social.<br />

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