1 « croyez-vous que Jésus-Christ soit notre sauveur et que par son ...

Coluche a remplacé l’Abbé Pierre. La configuration psychique moderne, celle des « foules
sentimentales », opposée radicalement à la configuration « machiste » de l’ordre moral met,
à cause de son unidimensionalité, en souffrance, à la fois, l’ordre social et la Loi morale.
L’instabilité du mariage n’est qu’un des effets de cette mise en souffrance de l’ordre social et
de sa pérennité. Pour la conception ancienne, c’est la sorcière qui, « nouant les
aiguillettes », mettait à mal la fonction génitale et la relation matrimoniale. Pour la
psychanalyse également, le complexe maternel négatif s’oppose à l’être adulte masculin et à
son insertion sociale. L’inquiétant est que le mariage comme structuration de l’échange des
femmes est au fondement de tout échange de biens, spécificité des sociétés humaines (cf.
C. Lévi-Strauss, à la suite de M. Mauss), c’est à dire concerne l’activité économique et la
bonne santé du groupe social.
Hermaphrodite et séparation de l’hermaphrodite.
Dans la chrétienté, il existe toute une tradition, sans lien avec le sacrificiel, qui faisait du
Christ, un nouvel Adam ayant retrouvé sa nature hermaphrodite perdue à cause du péché
originel. L’Homme primordial Adam, avant le péché, était dans un état de perfection d’être. Il
ne possédait pas de corps grossièrement matériel mais un corps fait de quintessence pure et
céleste tel que le Christ l’a retrouvé et tel que l’homme l’aura après la résurrection. Après le
péché originel et l’expulsion du paradis, Adam a été divisé en deux moitiés et tout comme
dans le Banquet de Platon, c’est cette séparation qui explique la sexualité humaine. En fait,
l’homme recherche toujours sa propre réintégration, le complément de lui-même qu’il a
perdu. Il cherche désespérément et aveuglément dans l’extérieur la réalisation de son propre
être total, cet être hermaphrodite qu’il était avant la chute. Le péché originel dont est
responsable le diable a rendu l’humain identique au monde en l’enlisant dans le sensible,
l’animalité et la matérialité. En le séparant de Dieu (perte de l’âme), il l’a rendu mortel. Mais
cela n’est pas irrémédiable et l’humain garde la possibilité de retrouver, avec l’aide de la
divinité bonne et secourable, son état d’avant la chute. Pour se faire, c’est le propre Fils de
Dieu qui s’est incarner dans l’homme Jésus pour vaincre le péché et la mort, retrouver en
premier l’état paradisiaque de l’Adam d’avant la chute et montrer le chemin aux autres
humains. Pour cette tradition chrétienne, et en accord avec la théologie de saint Paul, le
Christ a revêtu dans la souffrance et la mort la condition de l’Adam déchu (le « vieil Adam »)
pour pouvoir réintégrer, et nous avec, la condition paradisiaque d’avant la chute. Même si on
peut conjecturer que la situation terrestre est une punition divine, ce n’est en rien la mort du
Christ qui est essentiellement salvatrice mais c’est surtout sa résurrection. En cela, une
église chrétienne comme l’Eglise orthodoxe a toujours plus mis en relief la résurrection du
Christ que l’Eglise romaine tridentine, manifestement plus sacrificielle.
Un des intérêts de cette tradition que nous venons de citer est l’opposition entre la
séparation de l’hermaphrodite et sa réunification. C’est, à notre avis, la symbolique
représentative du sujet psychique la plus importante. Nous avons vu que la séparation de
hermaphrodite était le fait de la figure du maître et de sa loi sociale comme dans la
circoncision ou le « pacte tranché » des alliances et des serments. Le retour à
l’hermaphrodite s’oppose alors à la loi sociale négative et s’effectue par le retrait de la
dimension « diabolique » projetée. Le mécanisme psychologique de la projection s’instaure
chez l’humain lors de son accession à la parole et au langage-signifiant, plus
particulièrement avec l’articulation syntaxique du langage ; c’est à dire lors de son insertion
dans l’ordre symbolique. Le retrait de la projection impliquant une introjection se réalise dans
le cas du retour de l’ombre projetée jusque là dans la « tête de turc », les non-valeurs des
idéaux moïques (Moi idéal et Idéal du moi) mais aussi dans le cas du retour du « bouc
émissaire », aspect négatif de l’ordre social. C’est également le cas pour la projection du
« diable lubrique », aspect négatif de la loi morale négative et aliénante. En fait, la séparation
de l’hermaphrodite relève de la loi en toute généralité, tout autant de la loi sociale que de la
loi morale. En conséquence, la bisexualité de l’hermaphrodite concernera également tout
autant le dépassement de la loi sociale négative que celui de la loi morale.
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