1 « croyez-vous que Jésus-Christ soit notre sauveur et que par son ...
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On a vu <strong>que</strong>, histori<strong>que</strong>ment, la différenciation positive de la Loi morale se focalisa sur ce<br />
<strong>que</strong> René Girard appelle les désirs miméti<strong>que</strong>s : l’envie, la jalousie, la rivalité, <strong>et</strong>c… <strong>et</strong><br />
nombre de commandements divins bibli<strong>que</strong>s condamnent la jalousie <strong>et</strong> la convoitise des<br />
biens d’autrui, cause du meurtre entre les propres frères (Caïn <strong>et</strong> Abel) :<br />
" tu ne convoiteras point la mai<strong>son</strong> de ton prochain; tu ne convoiteras pas la femme de<br />
ton prochain, ni <strong>son</strong> serviteur, ni sa servante, ni <strong>son</strong> bœuf, ni <strong>son</strong> âne, ni aucune chose<br />
qui ap<strong>par</strong>tienne à ton prochain" (Exode 20.17).<br />
Pour Jac<strong>que</strong>s Lacan aussi <strong>et</strong> bien avant René Girard, le désir est le désir de l’autre :<br />
<strong>«</strong> Dans la dialecti<strong>que</strong> de jalousie-sympathie, l’obj<strong>et</strong> appréhendé, désiré, c’est lui ou moi<br />
qui l’aura... il y a une communauté du moi <strong>et</strong> de l’autre dans le désir de l’obj<strong>et</strong> - qui est en<br />
somme le même désir…» (Le séminaire Livre II p. 68)<br />
Et bien avant eux, cela était aussi le cas pour GWF Hegel comme le signale A. Kojève :<br />
<strong>«</strong> … le désir qui porte sur un obj<strong>et</strong> naturel n’est humain <strong>que</strong> dans la mesure où il est<br />
médiatisé <strong>par</strong> le désir d’un autre portant sur le même obj<strong>et</strong> : il est humain de désirer ce<br />
<strong>que</strong> désirent les autres, <strong>par</strong>ce qu’ils le désirent. Ainsi, un obj<strong>et</strong> <strong>par</strong>faitement inutile au<br />
point de vue biologi<strong>que</strong> (tel qu’une décoration, <strong>et</strong>c …) peut-être désiré <strong>par</strong>ce qu’il fait<br />
l’obj<strong>et</strong> d’autres désirs » (Introduction à la lecture de Hegel p. 13).<br />
Pour René Girard, si nos désirs n'étaient pas miméti<strong>que</strong>s <strong>et</strong> triangulaires, "ils seraient à<br />
jamais fixés sur des obj<strong>et</strong>s prédéterminés, ils seraient une forme <strong>par</strong>ticulière d'instinct". Il<br />
écrit également <strong>que</strong> " le propre du désir est de ne pas être propre" <strong>et</strong> <strong>que</strong> le "mimétisme<br />
violent n'est rien de substantiel <strong>et</strong> qu'il n'a pas d'être du tout" ( R. Girard - Je vois satan<br />
tomber comme l'éclair p.74). Il rejoint en cela le "man<strong>que</strong> d'être", la <strong>«</strong> béance » <strong>que</strong> Jac<strong>que</strong>s<br />
Lacan assigne au désir car il est vrai <strong>que</strong> le désir miméti<strong>que</strong> <strong>et</strong> le mécanisme du <strong>«</strong> bouc<br />
émissaire » propre à l'ordre symboli<strong>que</strong> se situent sur la scène extérieure de l'ex-sistentiel,<br />
(hors de l'être). Or, René Girard s’est passionné pour la littérature occidentale <strong>et</strong> <strong>son</strong> rapport<br />
au désir amoureux (cf. <strong>son</strong> livre Men<strong>son</strong>ge romanti<strong>que</strong> <strong>et</strong> vérité romanes<strong>que</strong>) <strong>et</strong> il montre<br />
bien <strong>que</strong> le désir amoureux est un désir triangulaire miméti<strong>que</strong>. Pour nous, la loi morale<br />
légitime s’oppose au désir miméti<strong>que</strong> d’obj<strong>et</strong>s alors <strong>que</strong> le désir amoureux s’oppose à la loi<br />
morale aliénante ; du moins, dans la première <strong>par</strong>tie de la vie, car après le mariage, le désir<br />
amoureux devient le désir adultère, c’est à dire le démon de midi. Dans la comédie musicale<br />
<strong>«</strong> Notre Dame de Paris », le prêtre <strong>«</strong> se détourne du ciel » pour les beaux yeux d'Esméralda.<br />
C’est tout à l’opposé des grands poètes amoureux médiévaux (Pétrar<strong>que</strong>, Lulle, March, <strong>et</strong>c..)<br />
pour qui ce fait psychologi<strong>que</strong> était une erreur d’orientation :<br />
<strong>«</strong> Aimer une chose mortelle avec une foi<br />
qui à Dieu seul est due <strong>et</strong> à lui seul convient <strong>«</strong> (Pétrar<strong>que</strong>).<br />
La <strong>par</strong>abole de l’enfant prodigue qui s’éloigne du Père pour ensuite y revenir (sans pour<br />
autant renier les acquis de c<strong>et</strong> éloignement) symbolise c<strong>et</strong>te nécessaire sé<strong>par</strong>ation entre<br />
l’extérieur <strong>et</strong> l’intérieur, entre la scène externe du social-histori<strong>que</strong> où le progressisme anticonservateur<br />
opposé à l’ordre moral est légitime <strong>et</strong> la scène de l’interne où l’exigence morale<br />
du Père a toute sa place associée à la figure de la Mère-communauté englobante.<br />
L’interdiction de l’adultère ne peut être un article de la loi sociale même si elle l’est au regard<br />
de la Loi morale <strong>et</strong>, de même, le désir libertaire n’a pas à vouloir <strong>que</strong> l’ordre social <strong>soit</strong> une<br />
communauté englobante. Les utopies communistes telles celles du XIX e siècle débouchent<br />
toujours sur une société totalitaire aliénante pour le suj<strong>et</strong>. A <strong>notre</strong> épo<strong>que</strong>, c’est<br />
symptomati<strong>que</strong> <strong>que</strong> ce <strong>soit</strong> les stars de la chan<strong>son</strong> avec leurs romances amoureuses qui<br />
portent désormais les valeurs du <strong>«</strong> souci des victimes » dans leur grand show télévisuel au<br />
service de l’Ethiopie, du sida ou de tout autre malheur présent sur la surface de la planète.<br />
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