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1 « croyez-vous que Jésus-Christ soit notre sauveur et que par son ...

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Le christianisme <strong>et</strong> sa divinité unilatérale de bonté serait ainsi le symbole d’un temps<br />

intermédiaire de différenciation unilatérale de la dimension masculine, cause du refoulement<br />

du mal <strong>et</strong> de la féminité. Le problème est <strong>que</strong> c<strong>et</strong>te <strong>«</strong> dérive » du romantisme dont nous<br />

<strong>par</strong>lons, n’était pas <strong>par</strong>ticulièrement féministe comme on peut le voir :<br />

" Nous en avons assez de souffrir pour des idées, des idéaux, des p<strong>et</strong>ites hypocrisies<br />

idéalisées <strong>et</strong> perverses aux<strong>que</strong>lles per<strong>son</strong>ne ne sait plus croire. Vous avez fait de la<br />

femme une espèce de divinité co<strong>que</strong>tte, cruelle <strong>et</strong> vampiri<strong>que</strong>.<br />

Vos femmes fatales, <strong>et</strong> vos femmes adultères, <strong>et</strong> vos femmes desséchées de vertu, nous<br />

ont gâté la joie de vivre. Nous nous vengerons de vos "divines". La femme est d'abord<br />

une femelle. Nous la ferons se traîner sur le ventre vers le mâle dominateur. Au lieu de<br />

chanter la courtoisie, nous chanterons les ruses du désir animal, l'emprise totale du sexe<br />

sur l'esprit. Et la grande innocence bestiale nous guérira de votre goût du péché, c<strong>et</strong>te<br />

maladie de l'instinct génési<strong>que</strong>. Ce <strong>que</strong> <strong>vous</strong> appelez morale, c'est ce qui nous rend<br />

méchants, tristes <strong>et</strong> honteux. Ce <strong>que</strong> <strong>vous</strong> appelez ordure, voilà ce qui peut nous<br />

purifiez. Vos tabous <strong>son</strong>t des sacrilèges contre la vraie divinité, qui est la Vie. Et la Vie,<br />

c'est l'instinct libéré de l'esprit, la grande puissance solaire qui broie <strong>et</strong> magnifie l'individu<br />

fécond, la belle brute déchaînée ..."<br />

cité <strong>par</strong> Denis de Rougemont L'Amour <strong>et</strong> l'Occident p. 201<br />

La loi sociale n’est pas la loi morale <strong>et</strong> les diables <strong>et</strong> les démons pour la loi sociale <strong>son</strong>t des<br />

forces de désordre qui s’opposent à l’ordre social <strong>et</strong> à la <strong>«</strong> fécondité des femmes <strong>et</strong> des<br />

champs ». La sorcière <strong>«</strong> noue les aiguill<strong>et</strong>tes » <strong>et</strong> s’oppose à la fonction matrimoniale. La loi<br />

sociale sous l’égide de la figure du maître ne s’oppose pas à la sexualité (le <strong>«</strong> croissez <strong>et</strong><br />

multipliez-<strong>vous</strong> » bibli<strong>que</strong>), à une sexualité néanmoins disciplinée <strong>et</strong> machiste. Par contre,<br />

c’est avec la différenciation de la loi morale anti-sexuelle <strong>que</strong> le diable devient une figure<br />

tentatrice au regard de la sexualité, le <strong>«</strong> diable lubri<strong>que</strong> » <strong>par</strong>ticulièrement attaché aux<br />

monothéismes. De ce fait, il faut bien différencier la figure du <strong>«</strong> bouc émissaire », négativité<br />

proj<strong>et</strong>ée <strong>par</strong> l’aspect négatif de l’ordre social <strong>et</strong> la figure du <strong>«</strong> diable lubri<strong>que</strong> », négativité<br />

proj<strong>et</strong>ée <strong>par</strong> l’aspect négatif de la figure du Père moral. Tout comme le r<strong>et</strong>our du <strong>«</strong> bouc<br />

émissaire » au fondement du sacrificiel impliquait la différenciation de la dimension<br />

maternelle de <strong>«</strong> l’Amour du faible <strong>et</strong> de l’exclu », le r<strong>et</strong>our du <strong>«</strong> diable lubri<strong>que</strong> », associé à la<br />

femme dans la chrétienté médiévale, entraîne la différenciation d’une nouvelle dimension<br />

féminine, éroti<strong>que</strong> c<strong>et</strong>te fois, liée au désir libertaire qui, comme l’a formulé Jac<strong>que</strong>s Lacan,<br />

se soutient de la <strong>«</strong> béance » (le +phi). C’est le quatrième temps histori<strong>que</strong>, celui propre à<br />

l’Occident. Ce qu’on peut voir dans le texte cité précédemment de Denis de Rougement,<br />

c’est <strong>que</strong> c<strong>et</strong>te dérive du romantisme qui, en lui-même, était légitimement travaillé <strong>par</strong> des<br />

tendances éroti<strong>que</strong>s féminoïdes opposées à une certaine morale virile aliénante, bascule<br />

dans la barbarie de la sexualité <strong>«</strong> machiste » liée à la volonté de puissance niant le <strong>«</strong> souci<br />

du faible <strong>et</strong> de l’exclu » christi<strong>que</strong>. Le quatrième temps histori<strong>que</strong>, propre à la modernité, doit<br />

se situer à la suite des différenciations positives précédentes au ris<strong>que</strong> sinon, d’être<br />

déraciner <strong>et</strong> de r<strong>et</strong>omber dans la barbarie comme cela s’est passé avec le nazisme.<br />

Il faut dire aux junguiens <strong>que</strong> la structuration histori<strong>que</strong> est quaternaire <strong>et</strong> non duelle <strong>et</strong> <strong>que</strong><br />

s’il est bien de r<strong>et</strong>rouver une dimension spirituelle <strong>et</strong> religieuse <strong>que</strong> l’esprit des lumières <strong>et</strong> la<br />

science moderne nous a fait perdre, ce n’est pas une rai<strong>son</strong> pour r<strong>et</strong>ourner dans une<br />

configuration religieuse archaï<strong>que</strong> avec ses <strong>«</strong> représentations archétypi<strong>que</strong>s <strong>«</strong>, pour la<br />

plu<strong>par</strong>t sacrificielles, au ris<strong>que</strong> de m<strong>et</strong>tre en acte à nouveau le sordide mécanisme du <strong>«</strong> bouc<br />

émissaire ». Aucun r<strong>et</strong>our possible au <strong>«</strong> sacré » car le <strong>«</strong> sacré » <strong>et</strong> le <strong>«</strong> numineux », cher à<br />

Rudolph Otto, renvoient sur le <strong>«</strong> sacrificiel », celui de <strong>«</strong> l’orgè théou »(colère de Dieu) <strong>et</strong> de la<br />

<strong>«</strong> tremenda majestas ». Il est quand même troublant <strong>que</strong> nombre de per<strong>son</strong>nes s’intéressant<br />

à l’ésotérisme <strong>et</strong> aux symbolismes de la mythologie <strong>et</strong> des religions aient été compromises<br />

avec le fascisme. En fait, le religieux archaï<strong>que</strong> est toujours lié comme nous pouvons le voir<br />

avec la conception du religieux chez le sociologue Durkheim <strong>et</strong> chez ses successeurs à la<br />

figure du maître <strong>et</strong> à l’ordre social.<br />

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