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1 « croyez-vous que Jésus-Christ soit notre sauveur et que par son ...

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La vie même, <strong>son</strong> éternelle fécondité, <strong>son</strong> éternel r<strong>et</strong>our, détermine le tourment, la<br />

destruction, la volonté d'anéantir. Dans l'autre cas, la souffrance, le "crucifié" en tant qu'il<br />

est innocent sert d'argument contre c<strong>et</strong>te vie, de formule de sa condamnation"....<br />

L'individu a été si bien pris au sérieux <strong>par</strong> le christianisme, qu'on ne pouvait plus le<br />

crucifier : mais l'espèce ne survit <strong>que</strong> grâce aux sacrifices humains... la véritable<br />

philanthropie exige le sacrifice pour le bien de l'espèce... Et c<strong>et</strong>te pseudo-humanité qui<br />

s'intitule le christianisme, veut précisément imposer <strong>que</strong> per<strong>son</strong>ne ne <strong>soit</strong> sacrifié.<br />

F. Ni<strong>et</strong>zsche Fragments posthumes<br />

Le romantisme, <strong>et</strong> après lui CG Jung, ont rai<strong>son</strong>, il y a un lieu dans le monde intérieur, lieu<br />

du symbolisme qui est une source de vitalité psychi<strong>que</strong>. L’âme est, de toujours, <strong>par</strong>eille à<br />

une <strong>«</strong> coupe » vide qui demande à être remplie de c<strong>et</strong>te énergéti<strong>que</strong> psychi<strong>que</strong> qui donne<br />

sens à la vie. Mais concevoir <strong>«</strong> l’inconscient collectif » comme lieu des <strong>«</strong> archétypes »<br />

archaï<strong>que</strong>s, forcément sacrificiels, on court le ris<strong>que</strong> de m<strong>et</strong>tre en acte ce qui est au<br />

fondement de la psyché collective qui, comme <strong>par</strong> ailleurs le reconnaît le psychanalyste<br />

suisse, <strong>«</strong> hait avec la même ardeur tout développement individuel sans utilité immédiate pour<br />

des fins collectives ” (Types psychologi<strong>que</strong>s p. 83). C<strong>et</strong>te haine est celle du <strong>«</strong> bouc<br />

émissaire », celle du <strong>«</strong> sacrificiel » car l’inconscient collectif est le fait de l’inconscience<br />

propre à l’horizon primitif dans le<strong>que</strong>l le suj<strong>et</strong> est un être collectif. Or la plu<strong>par</strong>t des<br />

<strong>«</strong> mythologues » regroupés autour de CG Jung n’étaient pas franchement des<br />

<strong>«</strong> progressistes de gauche » <strong>et</strong> beaucoup d’entre eux se <strong>son</strong>t compromis avec le fascisme <strong>et</strong><br />

le nazisme, lui-même fasciné <strong>par</strong> les religions orientales <strong>et</strong> la mythologie germani<strong>que</strong>.<br />

Certes, <strong>son</strong> disciple <strong>et</strong> traducteur français, Roland Cohen a défendu CG Jung d’avoir la<br />

moindre position anti-sémite mais en 1932, au moment de la montée du nazisme <strong>et</strong> de <strong>son</strong><br />

imminente prise de pouvoir, il co-organise à Zurich un séminaire sur le Yoga tantri<strong>que</strong> avec<br />

l’indianiste J. W. Hauer fondateur du Mouvement de la Foi allemande. Dans <strong>son</strong> livre de<br />

1933 intitulé La vision allemande de Dieu, ce notoire nazi proclamait <strong>«</strong> l’avènement d’une<br />

religion spécifi<strong>que</strong>ment allemande libérée de l’esprit sémite du christianisme … en étroite<br />

relation avec le mouvement national qui a conduit à la fondation du Troisième Reich». Le<br />

discours de CG Jung daté du 21 juin 1933 lors de <strong>son</strong> interview à la Radio de Berlin est plus<br />

<strong>que</strong> douteux. Dans <strong>son</strong> écrit sur Wotan (Odin) daté de 1936, reprenant <strong>son</strong> idée d’un<br />

inconscient collectif propre à cha<strong>que</strong> race, il fait la proposition <strong>que</strong> c’est le Dieu Wotan<br />

(Odin), divinité germani<strong>que</strong> qui s’est em<strong>par</strong>ée de l’Allemagne. C<strong>et</strong>te possession collective<br />

aurait été annoncée <strong>par</strong> certains philosophes <strong>et</strong> poètes allemands, Ni<strong>et</strong>zsche, Schuler,<br />

Klages <strong>et</strong> le poète Stefan George. En fait, il n’y a pas d’inconscient collectif propre à cha<strong>que</strong><br />

race <strong>et</strong> F. Ni<strong>et</strong>zsche ne s’en référait pas à Wotan mais à Dionysos qui lui est d’ailleurs<br />

similaire comme le reconnaît CG Jung lui-même. Si nous sommes tout à fait d’accord pour<br />

penser <strong>que</strong> le nazisme fut une psychose collective m<strong>et</strong>tant en acte une divinité archaï<strong>que</strong><br />

représentative d’un état psychi<strong>que</strong> où le suj<strong>et</strong> est un être collectif englouti dans le groupe<br />

social, nous refu<strong>son</strong>s d’en attribuer la cause au christianisme comme le fait le maître de<br />

Küsnacht. Tout comme les romanti<strong>que</strong>s <strong>et</strong> F. Ni<strong>et</strong>zsche avaient accusé la philosophie des<br />

Lumières d’avoir écrasé <strong>et</strong> refoulé Dionysos, CG Jung accuse le christianisme, surtout<br />

depuis la réforme, d’avoir <strong>par</strong> <strong>son</strong> Dieu unilatéral de bonté coupé en deux la divinité<br />

<strong>«</strong> coincidentia oppositorum » de bien <strong>et</strong> de mal <strong>et</strong> d’avoir refoulé le mal qui aurait fait r<strong>et</strong>our<br />

dans la psychose collective nazie. En fait, le nazisme est, outre les rai<strong>son</strong>s sociales <strong>et</strong><br />

politi<strong>que</strong>s spécifi<strong>que</strong>s, le résultat d’une certaine dérive du romantisme allemand en<br />

opposition à la sclérose de l’esprit bourgeois du XIX e siècle. Avec c<strong>et</strong>te dérive, la culture<br />

germani<strong>que</strong> est <strong>«</strong> sortie de ses gonds » <strong>et</strong> détruisant les acquis histori<strong>que</strong>s concernant la<br />

morale <strong>et</strong> le souci des victimes a rechuté dans une configuration ancienne valorisant la<br />

volonté de puissance héroï<strong>que</strong> de l’ordre social <strong>et</strong> le dionysia<strong>que</strong> sexuel pré-mosaï<strong>que</strong>. Le<br />

problème de CG Jung est qu’il veut trouver dans toutes les manifestations religieuses, les<br />

symboles de sa topi<strong>que</strong> psychi<strong>que</strong>, <strong>par</strong> ailleurs valable, de la <strong>«</strong> Per<strong>son</strong>a , de l’âme féminine<br />

<strong>et</strong> de l’ombre » <strong>et</strong> de la quaternité des fonctions psychologi<strong>que</strong>s.<br />

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