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1 « croyez-vous que Jésus-Christ soit notre sauveur et que par son ...

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On sait <strong>que</strong> Fenelon, en lien transférentiel avec Mme de Guyon <strong>que</strong> l’on accusait de<br />

quiétisme, disait avoir trouvé dans les Stromates de Clément une autorité à l’appui de <strong>son</strong><br />

sentiment. Pour l’archevê<strong>que</strong> de Cambrai au<strong>que</strong>l s’opposa résolument Bossu<strong>et</strong>, <strong>«</strong> l’amour de<br />

Dieu doit rester, pour être vraiment pur, complètement désintéressé ». En fait, ce <strong>son</strong>t là les<br />

<strong>par</strong>oles de tous les mysti<strong>que</strong>s de la planète : la mort de l’ego, d’un coté, <strong>et</strong>, de l’autre, l’âme<br />

comme pure <strong>«</strong> béance » <strong>et</strong> <strong>«</strong> obj<strong>et</strong> <strong>par</strong>tiel <strong>et</strong> pur semblant » de la divinité. On voit <strong>que</strong> la<br />

spiritualité chrétienne possède de nombreuses fac<strong>et</strong>tes <strong>et</strong>, pour certaines, la dimension<br />

sacrificielle s’estompe grandement. Néanmoins, elle reste fondamentale dans la liturgie où la<br />

messe est le <strong>«</strong> saint sacrifice <strong>«</strong> <strong>par</strong> excellence. A lire les Evangiles, le <strong>Christ</strong> savait qu’il<br />

devait mourir mais était-ce vraiment comme <strong>«</strong> bouc émissaire » au sens archaï<strong>que</strong> du terme,<br />

c’est à dire pour apaiser la colère de Dieu <strong>et</strong>, justifiant <strong>par</strong> c<strong>et</strong>te mort les humains, les<br />

réconcilier avec lui. Nous pen<strong>son</strong>s, nous, qu’il savait qu’il était appelé à jouer ce rôle<br />

histori<strong>que</strong> de la <strong>«</strong> Pierre qu’on rej<strong>et</strong>ée ceux qui bâtissent » mais pas dans le sens du <strong>«</strong> bouc<br />

émissaire » traditionnel mais dans celui, moderne du terme. Il savait qu’il était c<strong>et</strong>te<br />

<strong>«</strong> Pierre » sur la<strong>que</strong>lle se briserait le système sacrificiel juif <strong>et</strong> avec lui, tous les systèmes<br />

sociaux religieux sacrificiels qui, depuis le commencement de l’Humanité, <strong>«</strong> condamnent des<br />

innocents ». La Croix m<strong>et</strong> en spectacle, comme le dit l’apôtre Paul, la loi sociale négative,<br />

celle des <strong>«</strong> puissances <strong>et</strong> des dominations », celle de Satan, l’accusateur public, le menteur<br />

<strong>et</strong> le meurtrier qui condamne les innocents. Dans un de ses premiers écrits, René Girard<br />

écrivait <strong>que</strong> la croix était un panneau de <strong>«</strong> publicité gigantes<strong>que</strong> donné en spectacle à la face<br />

du monde » montrant l’innocence de la victime injustement condamnée :<br />

<strong>«</strong> En clouant le <strong>Christ</strong> sur la croix, les puissances <strong>et</strong> les dominations (le <strong>«</strong> Prince de ce<br />

monde ») croyaient faire ce qu’elles font d’habitude en déclenchant le mécanisme<br />

victimaire, elles croyaient écarter une menace de révélation, elles se clouaient ellesmêmes<br />

sur la croix dont elles ne soupçonnaient pas le pouvoir révélateur …<br />

En déclenchant le mécanisme victimaire contre <strong>Jésus</strong>, Satan croyait protéger <strong>son</strong><br />

royaume, défendre <strong>son</strong> bien, sans se rendre compte qu’il faisait tout le contraire. Il faisait<br />

exactement ce <strong>que</strong> Dieu souhaitait qu’il fit. Seul Satan pouvait m<strong>et</strong>tre en route, sans s’en<br />

douter, le processus de sa propre destruction ».<br />

R. Girard - Je vois Satan tomber comme l’éclair p.222 <strong>et</strong> 235.<br />

C<strong>et</strong>te façon de voir s’oppose à concevoir la croix comme un nouveau <strong>«</strong> grigri » qui,<br />

lorsqu’on le touche, nous apporte des bienfaits <strong>et</strong> des grâces. Si la mort du <strong>Christ</strong> nous<br />

délivre du péché, ce n’est certainement pas des péchés contraires à la loi sociale de l’ordre<br />

divin mais du péché <strong>que</strong> représente l’aspect négatif de tout ordre social s’acharnant<br />

injustement contre la per<strong>son</strong>ne. Le temps histori<strong>que</strong> était arrivé où le système diaboli<strong>que</strong><br />

sacrificiel devait être détruit. Le <strong>Christ</strong> savait qu’il était c<strong>et</strong>te <strong>«</strong> Pierre » sur la<strong>que</strong>lle il se<br />

fracasserait r<strong>et</strong>ournant contre lui sa propre méchanc<strong>et</strong>é ( <strong>«</strong> Satan chasse Satan »)<br />

perm<strong>et</strong>tant ainsi qu’advienne enfin le <strong>«</strong> règne du Père », celui de la vérité, de la justice <strong>et</strong> de<br />

l’Amour. Qu’on relise le passage sur la répétition des meurtres <strong>«</strong> depuis Abel le juste<br />

jusqu’au sang de Zacharie <strong>que</strong> <strong>vous</strong> avez assassiné entre le sanctuaire <strong>et</strong> l’autel » (Matthieu<br />

23 – 34) <strong>et</strong> également la <strong>par</strong>abole des vignerons assassins (Matthieu 20 – 2) où le <strong>Christ</strong><br />

annonce qu’il est le fils de Dieu mais aussi la <strong>«</strong> Pierre » sur la<strong>que</strong>lle la négativité des<br />

bâtisseurs de l’ordre social se brisera <strong>et</strong> on verra <strong>que</strong> c’est c<strong>et</strong>te conception antisacrificielle<br />

de la mort du <strong>Christ</strong> qu’il aurait fallu r<strong>et</strong>enir <strong>et</strong> non sa compréhension au regard du <strong>«</strong> juste<br />

souffrant » du second Isaïe qui n’était qu’un <strong>«</strong> bouc émissaire » <strong>par</strong>mi tant d’autres soi-disant<br />

nécessaires à la <strong>«</strong> rémission des péchés <strong>par</strong> sa souffrance » qui seule apaise la colère de<br />

Dieu <strong>et</strong> le rend à nouveau propice. On pourrait dire, d’une certaine manière, <strong>que</strong>, sachant<br />

qu’il devait mourir <strong>et</strong> qu’il a accepté volontairement c<strong>et</strong>te épreuve, le <strong>Christ</strong> s’est offert en<br />

<strong>«</strong> sacrifice » mais on court le ris<strong>que</strong> de r<strong>et</strong>omber dans le <strong>«</strong> sacrificiel » <strong>et</strong> c’est pour cela qu’il<br />

faut renoncer au terme de <strong>«</strong> sacrifice » , trop connoté <strong>par</strong> <strong>son</strong> sens archaï<strong>que</strong>.<br />

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