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1 « croyez-vous que Jésus-Christ soit notre sauveur et que par son ...

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<strong>«</strong> De Dieu, en tant <strong>que</strong> bon Père qui est l’amour per<strong>son</strong>nifié, on serait en droit d’attendre<br />

un <strong>par</strong>don compréhensif. Mais <strong>que</strong> l’Être suprêmement bon se fasse ach<strong>et</strong>er c<strong>et</strong> acte de<br />

grâce <strong>par</strong> le sacrifice d’une vie humaine, c’est à dire <strong>par</strong> le meurtre de <strong>son</strong> propre fils,<br />

cela est ressenti comme un choc inattendu. […] Or, il faut bien se m<strong>et</strong>tre en présence<br />

des faits : le Dieu de bonté est à ce point inconciliant <strong>et</strong> implacable qu’il ne se laisse<br />

apaiser qu’au prix du sacrifice d’un homme ! il y a là <strong>que</strong>l<strong>que</strong> chose d’intolérable <strong>que</strong> la<br />

sensibilité moderne ne <strong>par</strong>vient plus à accepter sans autre forme de procès, car <strong>que</strong>lle<br />

puissance d’aveuglement ne faut-il pas avoir pour ne point discerner la lumière crue <strong>que</strong><br />

ces circonstances proj<strong>et</strong>tent sur le caractère divin, ramenant à un men<strong>son</strong>ge tout ce<br />

verbiage d’amour <strong>et</strong> de summum bonum ? »<br />

Nous sommes d’accord pour dire <strong>que</strong> c<strong>et</strong>te thèse sacrificielle <strong>par</strong>adoxale est <strong>«</strong> intolérable<br />

pour la sensibilité moderne » mais pas pour acquiescer à la thèse de <strong>son</strong> évangile éternel,<br />

celui du <strong>«</strong> on peut aimer Dieu <strong>et</strong> on doit le craindre » (p. 199), sa thèse de la <strong>«</strong> coïncidencia<br />

oppositorum » de bien <strong>et</strong> de mal en Dieu. Pour CG Jung, le Dieu christi<strong>que</strong> de bonté est une<br />

unilatéralité de bien qui aurait refoulé le mal, ce mal refoulé qui aurait soi-disant<br />

<strong>«</strong> explosé » dans le nazisme rendant ainsi responsable le vrai christianisme (!) de ce terrible<br />

épisode de l’Histoire. Dans d’autres textes, nous avons essayé de montrer <strong>que</strong> la conception<br />

religieuse de l’Histoire de CG Jung était erronée car il la pose duelle alors qu’elle est<br />

quaternaire. Pour lui, l’unilatéralité du Dieu de bonté du <strong>Christ</strong> serait le lieu d’une<br />

différenciation histori<strong>que</strong> unilatérale du conscient masculin refoulant la féminité (<strong>et</strong> le mal)<br />

dans l’inconscient. Or, il est manifeste <strong>que</strong> la sortie du sacrificiel <strong>et</strong> le r<strong>et</strong>our de la projection<br />

sur le <strong>«</strong> bouc émissaire » amènent avec eux la différenciation des valeurs féminines<br />

maternelles, celle de l’Amour du faible <strong>et</strong> de l’exclu, le <strong>«</strong> souci des victimes ». En fait, le<br />

maître de Küsnacht essaie d’appli<strong>que</strong>r <strong>son</strong> intéressante topi<strong>que</strong> psychi<strong>que</strong> à la philosophie<br />

de l’Histoire mais c’est une erreur car celle-ci n’est pas duelle mais quaternaire. Le point<br />

médian, ce n’est pas le <strong>Christ</strong> mais Moïse sur le Sinaï, temps numéro 2 de la différenciation<br />

de la Loi morale venant s’ajouter au temps numéro 1, celui de la différenciation de la volonté<br />

de puissance de l’ordre social <strong>par</strong> les grands empires civilisateurs de l’Antiquité. Et c’est un<br />

fait <strong>que</strong> ce deuxième temps, mar<strong>que</strong> une différenciation unilatérale des potentialités<br />

masculines refoulant des potentialités féminines. Mais déjà, avec le <strong>Christ</strong>, comme temps<br />

numéro 3, ap<strong>par</strong>aît c<strong>et</strong>te différenciation de la dimension maternelle de l’Amour du faible <strong>et</strong><br />

de l’exclu.<br />

La <strong>«</strong> crainte de Dieu » <strong>et</strong> sa conception pédagogi<strong>que</strong>.<br />

Dans <strong>son</strong> livre Réponse à Job, CG Jung écrit à juste titre qu’il n’y a de crainte <strong>que</strong> là où il y a<br />

un danger. Pour lui, l’œuvre de rédemption du <strong>Christ</strong> s’est proposée de libérer l’homme de la<br />

crainte de Dieu (p. 127). C<strong>et</strong>te conception sera aussi celle de Luther qui refusera la crainte<br />

de Dieu aux prédestinés <strong>que</strong> seule la foi en <strong>Christ</strong> sauve mais, chez lui, Dieu reste<br />

néanmoins terrible pour les damnées, c’est à dire pour la grande majorité de l’humanité,<br />

massa perditionis vouée aux enfers. Le sentiment religieux de la crainte de Dieu ne fait,<br />

chez le moine allemand, qu’aggraver la culpabilité de l’Homme <strong>et</strong> sa damnation. Pour CG<br />

Jung, c<strong>et</strong>te croyance en un Dieu devenu bon grâce au sacrifice de <strong>son</strong> propre fils<br />

<strong>«</strong> présuppose un man<strong>que</strong> de réflexion ou un sacrifice de l’intelligence (p. 127). Il écrit (p.133)<br />

: <strong>«</strong> la croyance à Dieu en tant <strong>que</strong> summum bonum est impossible à une conscience qui<br />

réfléchit. Une tête pensante ne se sent nullement libérée de la crainte de Dieu ». D’où <strong>son</strong><br />

refus du mal conçu comme une <strong>«</strong> privatio boni » <strong>et</strong> sa conception de la divinité conçue<br />

comme une <strong>«</strong> conjunctio oppositorum » de bien <strong>et</strong> de mal. Pour la catholicité traditionnelle,<br />

issue du Concile de Trente, même si la messe réactualise le sacrifice du <strong>Christ</strong>, apaise le<br />

courroux de Dieu <strong>et</strong> nous le rend propice (sacrifice propitiatoire), c<strong>et</strong>te colère divine reste<br />

effective <strong>et</strong> les hommes doivent toujours <strong>«</strong> craindre » Dieu <strong>et</strong> faire de <strong>«</strong> bonnes œuvres »<br />

pour être <strong>«</strong> justifié » <strong>et</strong> être récompensé <strong>par</strong> le <strong>par</strong>adis.<br />

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