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1 « croyez-vous que Jésus-Christ soit notre sauveur et que par son ...

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Néanmoins, pour prouver sa conception de la <strong>«</strong> coincidencia oppositorum », le maître de<br />

Küsnacht cite l’Apocalypse de saint Jean qui serait une compensation violente à<br />

l’unilatéralité de la conception du Dieu Père uni<strong>que</strong>ment d’amour des <strong>par</strong>oles du <strong>Christ</strong> :<br />

<strong>«</strong> …Je vais venir à toi pour combattre ces gens avec l’épée de ma bouche .<br />

[…] Je vais j<strong>et</strong>er Jézabel sur un lit de souffrance .. <strong>et</strong> ses enfants, je vais les frapper de<br />

mort.<br />

[…] Car il est arrivé le grand jour de la colère de l’Agneau.<br />

[…] Le Fils de l’Homme tient dans ses mains une faucille aiguisée … <strong>et</strong> il en coula du<br />

sang qui monta jusqu’au mors des chevaux sur une distance de mille six cents stades.<br />

[…] Les sept Anges porteurs des sept coupes, pleines de la colère de Dieu, vont<br />

répandre les sept fléaux sur le monde… »<br />

[…] Les yeux du cavalier <strong>son</strong>t une flamme ardente,<br />

Il est revêtue d’un manteau trempé de sang,<br />

De sa bouche sort un glaise acéré pour en frapper les nations.<br />

Il foulera la cuve où bouillonne le vin de la colère du Dieu Tout-Puissant, <strong>et</strong>c… »<br />

Néanmoins, la conception junguienne du rêve <strong>et</strong> de la vision est erronée car ceux-ci se<br />

situent, à l’opposé, sur le lieu de l’interdit (inter-dit), le lieu de la représentation<br />

psychologi<strong>que</strong> à la<strong>que</strong>lle il faut renoncer. Pourtant, dans <strong>son</strong> livre consacré à l’Ancien <strong>et</strong> au<br />

Nouveau Testament intitulé Réponse à Job, il voit bien <strong>que</strong> le cheminement histori<strong>que</strong> de la<br />

conscience humaine impliquait une transformation de l’image de Dieu.<br />

La métamorphose de la divinité<br />

Dans <strong>son</strong> livre Les racines de la conscience ( p. 295), le psychanalyste suisse écrit qu’ <strong>«</strong> au<br />

XVII e siècle encore, le savant jésuite Nicolas Caussin interprète le monoceros [l'animal à une<br />

corne - la licorne] comme le symbole le plus adéquat pour désigner le Dieu de l'Ancien<br />

testament ... tel un rhinocéros furieux. Mais, finalement, soumis <strong>par</strong> l'amour à une Vierge<br />

pure, il s'est transformé dans <strong>son</strong> sein en un Dieu d'Amour." On peut voir <strong>que</strong> la Vulgate, la<br />

Bible du renouveau carolingien réalisée selon les traductions latines de saint Jérôme (V e<br />

siècle), fait dans Job (39) <strong>et</strong> dans Psaumes (28) de l'unicorne <strong>et</strong> du rhinocéros, les symboles<br />

de la puissance <strong>et</strong> de la colère vengeresse de Dieu.<br />

Manifestement, le Dieu-Père d’amour des <strong>par</strong>oles du <strong>Christ</strong> qui <strong>«</strong> est bon avec les<br />

méchants » est différent du Dieu justicier <strong>et</strong> vengeur de l’Ancien Testament. L’image de Dieu<br />

s’est réellement modifiée. Pour certains penseurs chrétiens, c<strong>et</strong>te transformation qui, on l’a<br />

vu, rej<strong>et</strong>te le <strong>«</strong> sacrificiel », serait, au contraire, le fait du <strong>«</strong> sacrifice » de <strong>Jésus</strong>-<strong>Christ</strong>.<br />

Ce sacrifice, dans <strong>son</strong> unicité, aurait rompu la malédiction du péché originel <strong>et</strong> définitivement<br />

réconcilié Dieu avec les hommes. Sous-entendu, Dieu n’est plus un Dieu de colère mais<br />

désormais, un Dieu d’amour qui est bon aussi pour les méchants. C’est la thèse qu’a rejoint<br />

René Girard dans ses écrits tardifs : le sacrifice du <strong>Christ</strong> libère du sacrificiel. A noter <strong>que</strong><br />

c<strong>et</strong>te thèse sacrificielle <strong>par</strong>adoxale n’est pas celle des nouveaux curés traditionalistes anti-<br />

Vatican II pour qui Dieu est toujours coléreux <strong>et</strong> qui nous font rechanter à la messe ce type<br />

de refrain :<br />

Priez pour nous, ô Vierge tutélaire,<br />

Car <strong>notre</strong> esquif menace de sombrer :<br />

Dieu nous punit, les flots de sa colère<br />

Montent toujours : Oh ! venez nous sauver !<br />

Or c<strong>et</strong>te thèse sacrificielle <strong>par</strong>adoxale qu’a rejoint René Girard est celle <strong>que</strong> r<strong>et</strong>ient CG Jung<br />

dans <strong>son</strong> texte <strong>«</strong> Réponse à Job » <strong>et</strong> qui était, certainement, celle de l’église protestante de<br />

Zurich, à <strong>son</strong> épo<strong>que</strong>. De ce fait, il n’oppose, pas comme nous le fai<strong>son</strong>s, les <strong>par</strong>oles antisacrificielles<br />

du <strong>Christ</strong> à la dogmati<strong>que</strong> sacrificielle puisqu’il associe le Dieu unilatéralement<br />

bon à la mort sacrificielle du <strong>Christ</strong> (p. 156) :<br />

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