1 « croyez-vous que Jésus-Christ soit notre sauveur et que par son ...

Cette autonomie de l’âme permet ainsi un décentrage de la personnalité réunissant d’un
coté, le moi tourné vers le monde extérieur et l’âme tournée vers le monde intérieur :
La symbolique hermaphrodite que l’on trouve dans les grimoires alchimiques symbolise cette
réunion du masculin et du féminin dans le « Rebis » , but final du processus alchimique. On
sait aussi que le stade initial de ce processus est la « nigredo » associée aux corbeaux, au
noir Saturne et à la dépression mélancolique ainsi qu’à la mise en acte de l’ouroboros, le
serpent qui s’auto-dévore (la tendance suicidaire).
Tout comme chez Dante Alighieri, l’âme féminine qui était projetée dans l’objet du désir
amoureux devient la « guide intérieure » et de ce fait, la réalisation de l’hermaphrodite n’est
que le début d’une recherche intérieure dont le but est l’accession à ce « Royaume du
Père ». Tout comme à une phase infantile, il y a la séparation de l’hermaphrodite et le
refoulement du féminin par le petit bonhomme qui s’identifie à son sexe biologique, avec
l’accession à l’être adulte socialement responsable, c’est l’être infantile qui est refoulé. Mais
tout comme il y a un processus de réunion des contraires par une structuration
extravertie/introvertie, de même, il y a une réunion des contraires entre l’être adulte et l’être
infantile et cette réunion est le but du cheminement spirituel intérieur : une structuration entre
une appartenance adulte responsable au groupe social et une appartenance infantile à une
communauté, l’église invisible, corps mystique du Christ qu’il ne faut en rien identifier aux
églises institutionnelles qui n’en possèdent que la clé de la porte d’entrée. La réunion des
contraires, but des processus psychologiques intérieurs libère du mal dans la mesure où le
mal est la négation de l’antagoniste. Au début du processus psychique se trouve un mixte de
bien et de mal, d’être et de non-être comme s’exprimait Raymond Lulle, le mixtum des
alchimistes mais la « cause finale », le but à atteindre du processus est l’Être, le « summum
bonum », tout comme la clarté du jour émerge du clair-obscur de l’aurore. Le mal est une
réalité efficiente mais du fait qu’il s’auto-détruit (« Satan chasse Satan » - Matthieu 12:26,
Marc 3:26) et disparaît à la fin du processus, il est en cela un « non-être », une « privatio
boni ». Le psychanalyste CG Jung n’a eu de cesse de réfuter cette conception augustinienne
de la « privatio boni » pour marteler, dans toute son œuvre, que la divinité est une
« coincidencia oppositorum » de bien et de mal. Pourtant la lecture de son texte majeur
intitulé « Dialectique du moi et de l’inconscient » montre, dans le développement des
fonctions psychologiques, un passage de la négativité à la positivité et l’âme inconsciente,
elle-même dénommée « démoniaque » à l’origine du processus de transformation, y devient
un guide secourable pareil à un « ange gardien ». Le processus de transformation y apparaît
pareil à un processus d’immunisation contre les tendances négatives comme si le sujet avait
construit cette « maison indestructible construite sur le roc ». Il écrit (p. 213) que le
processus d’individuation permet au sujet d’acquérir une« protection contre les puissances
invisibles qui vivent en lui ".
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